vendredi 27 octobre 2017

Cabernet Sauvignon : le choc des titans


Dans une vie antérieure, j'ai eu la chance de boire certainement les meilleurs Cabernet Sauvignon de la planète. J'ai en effet eu l'occasion de déguster à Margaux, Lafite et Latour des lots parcellaires avant qu'ils ne soient assemblés. Il en est résulté un amour immodéré pour ce cépage, même s'il gagne à vieillir 15-20 ans pour donner le meilleur de lui-même. 

Cela fait déjà plusieurs années que Jean-Louis Denois l'a traité en monocépage (son 2012 était magnifique). Sur le millésime 2014, il abandonne l'élevage en barrique pour des amphores en terre cuite afin de laisser s'exprimer le Cabernet Sauvignon dans toute sa pureté. C'est à mon avis des plus réussis. Et il offre dès aujourd'hui beaucoup de plaisir, même s'il sera probablement meilleur dans cinq ans. 

J'ai appris hier que le Clos de Gravillas avait tenté l'aventure suite à une discussion que nous avions eu il y a deux ans sur un salon. Je me souviens en effet leur avoir suggéré cela de mettre ce cépage en exergue... mais je ne pensais pas que Nicole et John allaient suivre mon conseil ;-)  Contrairement à Jean-Louis Denois, ils ont choisi un élevage en barrique. Cela se ressent un peu. Mais c'est du très joli bois, avec un grain des plus fins et un chauffage modéré. Néanmoins, je ne peux qu'inciter à patienter quelques années pour apprécier ce vin à son optimum. Nous avons affaire pour l'instant à un bébé dans ses langes. 

Il faut noter que les vins sont issus de deux millésimes différents. Il est probable que les profils des vins auraient été plus proches s'ils avaient été tous les deux de 2014 (ou de 2015). 





La robe est pourpre sombre, très atramentaire (on dirait de l'encre), avec de nombreuses larmes sur les parois du verre. 

Le nez est fin, aérien, mêlant subtilement la crème de cassis, l'eucalyptus et un boisé noble (pain grillé, léger moka, quasi imperceptible vanille).

La bouche est d'une belle ampleur, déployant avec une majesté nonchalante une matière veloutée – d'une impressionnante concentration  mais qui semble en lévitation dans le palais. L'ensemble est tendu par un fil invisible qui fait remarquablement le job, et exprime une grande fraîcheur malgré les 14 degrés affichés. 

La finale dévoile une mâche intense – mais non agressive –  sur la crème de fruits noirs (plus mûre/myrtille que cassis), le graphite et de fines notes grillées/épicées qui prolongent agréablement le tout. 





La robe est grenat très sombre, presque opaque.

Le nez est très fin, frais, sur les fruits noirs bien mûrs (cassis, myrtilles), une touche de framboise, de menthol (et de café) et surtout une captivante acidité volatile qui titille les narines. 

Une acidité que l'on retrouve dès l'attaque en bouche et qui ne vous lâche plus. Elle est enrobée d'une matière veloutée au toucher quasi magique : dense et impalpable à la fois, avec une grande profondeur. Si l'équilibre est parfait, il ne nuit  pas l'émotion.

La finale est intense sans être dure, avec toujours ces fruits noirs bien mûrs relevés d'épices. Elle est traversée de part en part par cette magnifique acidité qui poursuit sa route après même que les dernières gouttes soient avalées et finit par vous achever, vous transperçant le palais et l'âme. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à l'Extase de Sainte-Thérèse du Bernin (l'acidité, c'est la flèche).







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