vendredi 9 août 2013

Les terrasses de Gabrielle : des nouveaux vins dans votre playlist !


Tout commence par un mail qui nous est parvenu il y a quelques mois : un vigneron nous proposait un vin du Languedoc 100 % Nielluccio. Typiquement le genre de cuvée qui nous interpelle. Nous lui faisons connaître notre intérêt pour ce vin. Tant qu'il y est, il peut nous envoyer des échantillons du reste de sa production, histoire de voir si d'autres cuvées peuvent nous intéresser. On les reçoit, on goûte, on aime. Particulièrement ce Nielluccio nommé Pour une poignée de raisins.


C'est fruité et floral, très fin, avec une bouche ronde et soyeuse, étirée par une acidité évoquant les vins toscans à base du même cépage (Nielluccio = Sangiovese). Et c'est un superbe rapport qualité/prix puisque nous pouvons vous le vendre pour une poignée d'euros : cinq et demi, précisément.


Du coup, ce domaine est inscrit dans la mini-tournée languedocienne avec le Champ des Soeurs, le Mas des Caprices, le Vignoble de Gaïa et le Clos de Gravillas. Son nom ? Les terrasses de Gabrielle. Contrairement aux apparences, Olivier Pascal n'est pas fan de Johnnny. Il lui préfère Gainsbourg, Bashung et J.J. Cale qui nous a accompagné durant notre périple viticole (en hommage à sa mort toute récente). En fait, Gabrielle est le nom de sa grand-mère ... et de sa fille. 


J'arrive à Capestang sur le coup de 15h30 en provenance du Clos de Gravillas. Je fais connaissance avec Olivier et sa compagne, Fabienne Los Huertos. Deux verres d'eau bien fraîche plus tard, je pars avec Olivier pour une balade dont je n'imagine pas qu'elle durera aussi longtemps. Nous allons d'abord voir les vignes les plus proches de la maison, dédiées aux IGP Pays d'OC. Une partie de cette production part encore en coopérative. Olivier ne garde que les raisins qui lui plaisent pour les vinifier. Comme le Nielluccio  en photo ci-dessus. Parfois le Petit Verdot (mais pas en 2012). Devraient suivre prochainement années de la Counoise, et beaucoup plus rare, du Braquet (le cépage rouge de Bellet). Il a eu du mal à l'obtenir, mais finalement, un producteur à bien voulu lui donner des bois qu'il a fait greffer par un pépiniériste local.


Et le voilà planté. Comme vous voyez, il faudra attendre quelques années pour boire une cuvée 100 % Braquet (mais Olivier a déjà trouvé son nom...). Dans ces vignes "Pays d'Oc", on trouve aussi du Cinsault, de la Syrah, du Merlot, du Cabernet-Franc, du Vermentino, du Chenin, du Viognier, de la Roussanne, du Grenache blanc... Et j'ai dû en oublier un ou deux ;-)


Direction l'appellation Saint-Chinan-Berlou, maintenant. Alors que les vignes précédentes sont avant tout un héritage familial, Olivier a acheté ces parcelles petit à petit, au fil des opportunités. Il a commencé à acheté 2.5 ha à un vigneron à la retraite qui a vendu son domaine en plusieurs lots. Eloignées de tout, difficile d'accès, ces parcelles n'avaient pas intéressé grand monde. Du coup, il a pu les acheter à un prix plus que correct. 

Olivier se gare en pleine forêt. Je ne vois aucune vigne aux alentours. Le mystère plane. Pas très longtemps. Après avoir parcouru une centaine de mètres ... des vignes pointent leur nez ! Des jeunes vignes de Mourvèdre, si je me souviens bien.


Selon les parcelles, les schistes sont plus ou moins présents. Parfois, c'est vraiment très caillouteux. On se demande comment la vigne pousse dans ce désert de pierres.


On retrouve ici pas mal de cépages : Carignan, Syrah, Mourvèdre, Grenache noir et blanc, Lledoner Pelut ("cousin" du Grenache noir) Roussanne ... mais aussi des invités inattendus : Chenin et Viognier. Ce dernier est planté à 8770 pieds par hectare. Ce qui donne des petites grappes adorables.


La récompense pour la dureté du travail, c'est tout de même une vue absolument superbe, avec au milieu cette montagne plate, le Caroux, que les locaux appellent "la femme couchée". Allez un gros plan sur celle-ci, car j'ai pitié de vous, bande de petits coquins ;-)


Oui, ils ont beaucoup d'imagination, dans le secteur...


L'air de rien, cette balade de parcelles en parcelles a duré plus de deux heures... Nous redescendons vers Capestang pour visiter le chai, situé à quelques centaines de mètres de la maison. 



On peut dire sans conteste que le domaine produit des vins de garage, car le local fait à peine 50 m², avec des cuves occupant 80 % de l'espace. Et il y en a même à l'extérieur, car il n'y a pas assez de place pour toutes les contenir. Olivier ne s'est lancé dans les vinifications que depuis 2008 (il livrait avant tout à la coop) et il a des moyens limités. La qualité de ses vins me parait d'autant plus impressionnante.


A 100 m de là, un grand trou est creusé pour abriter le nouveau chai. Mais il faudra attendre que les sous rentrent un peu pour le construire...


Retour à la maison où je suis invité à dîner. Nous attaquons avec des Rieslings de l'Oregon. Non, ils n'en vendent pas au Carrefour Market de Capestang. Non Olivier n'a pas fait un voyage d'études dans l'Oregon offert par Monsanto. Ces bouteilles ont été ouvertes par Jancis Robinson qui possède une maison dans le secteur. Après les avoir dégustées, elle les a offertes à un voisin, ami d'Olivier. Étonnant, non ? Eh bien, elles étaient très bonnes, sur un équlilbre mosellan (7 ° d'alcool + sucres résiduels), avec des arômes de chèvrefeuille et d'agrumes exotiques (yuzu, combava...)


Pour le manger, c'est plus local : tielles sétoises et feuilletés aux anchois. Avec cela, je découvre le rosé du domaine, le bien nommé "Summer of love", 100 % Nielluccio lui zossi.


Ben, il est super sympa, avec du fruit, plein d'épices et de la fraîcheur à revendre... mais il n'y en a plus un seul en stock ! Va falloir qu'on en réserve sur le prochain millésime...


Nous poursuivons avec un très bon taboulé et des rafraîchissants melons. Le rosé fait toujours bien son office.

Par contre, sur les tagliatelles au saumon, nous passons au Saint-Chinian blanc : 12 de la noche en la habana (titre d'une chanson de Manu Chao), un assemblage de Roussanne et de Grenache blanc, partiellement élevé en barriques. Le 2011 est épuisé, et le 2012 pas encore embouteillé, mais nous en achèterons, car c'est vraiment très bien, à la fois opulent et tendu, incisif (merci le schiste !). Il se marie très bien avec les pâtes. 


Je découvre ensuite le "petit" Saint-Chinian du domaine, Un jour au cirque 2010 (extrait d'une chanson de Bashung "Un jour au cirque, un autre a cherché à te plaire, dresseur de loulous...). Un assemblage de Grenache, Mourvèdre et Carignan. Le nez est méga-schiste, sur des notes fumées/laurier/pierre chauffée au soleil. En bouche, c'est fin, fondu, avec des tanins soyeux, glissants. Un vin qui sera parfait avec de l'agneau rosé avec des herbes de provence/garrigue (6.50 €).


Je n'ai pas regoûté Et moi, et moi et moi 2009,  (chanson de Dutronc) car nous l'avions eu en échantillon. C'est lui qui contient le fameux Lledoner Pelut, complété par du Mourvèdre et de la Syrah. Plus dense et épicé que le précédent, il garde néanmoins une belle tension.


Je suis parti à 21h passé... et arrivé très très tard tôt à Limoges. Mais non, je ne regrette rien.
(ben v'là que je me mets à utiliser aussi des titres de chanson...)

Merci à Fabienne et Olivier pour leur très sympathique accueil !

1 commentaire:

  1. Bonjour Eric
    Habitués et accro à ta lecture, je suis allé voir là-bas si tu y étais, je ne t'y ai pas vu, mais même moi petit amateur j'ai été reçu avec gentillesse et verre à la main. Nous avons beaucoup parlé de toi... Ton nom devient un laissez-passer voire un passe partout qui ouvre bien des portes. Donc le lieu est magnifique l'accueil chaleureux, et les vigneron(ne) adorables. Les breuvages somptueux. en clair, c'est une excellente adresse.
    Merci pour la référence, mais pitié arrête de rafler toutes les bouteilles il a fallu marchander pour obtenir une bouteille de PONPON.
    Amicalement
    Franck

    RépondreSupprimer