mercredi 20 novembre 2013

BAMA : initiales pour initiés


BAMA, c'est le doux et tonique acronyme de Bel Air Marquis d'Aligre, le seul  grand cru exceptionnel de Margaux. Cette mention qui n'a normalement plus court date du classement des Crus Bourgeois de 1932, mais par une sorte de dérogation dont Jean-Pierre Boyer a le secret, elle continue à être arborée sur chaque bouteille  (y en a bien qui marque encore Crus Classés en 1855, alors bon...).


Exceptionnel, il ne l'a pourtant jamais été autant qu'aujourd'hui, à une époque où beaucoup de Bordeaux se ressemblent, au point où il est quasiment impossible de distinguer un Médoc d'un Saint-Emilion. BAMA, lui, ne ressemble qu'à lui-même. Déjà, par un encépagement unique dans le Médoc : 30 % de Merlot, 30 % de Cabernet Sauvignon, 30 % de Cabernet Franc (rarissime !) et 10 % de Petit Verdot (peu courant). Et puis ensuite, par des vinifications et surtout des élevages très longs en cuves cimentées (3-4 ans). Oui, ce vin ne voit pas du tout le bois. Cela suffit pour faire perdre ses repères à un dégustateurs, habitués à ces saveurs grillées, toastées, vanillées ... indissociables des grands Bordeaux.


Ainsi, avons-nous pu déguster le 2012. Il était tellement froid que Jean-Pierre Boyer hésitait à me le servir. Mais je lui ai dit que je n'avais peur de rien. Malgré la basse température, il avait un fruit intense, et des tannins d'une grande finesse, sans aucune dureté. Pour le voir arriver dans nos rayons, il va falloir être patient. En 2020, peut-être ?



Jean-Pierre Boyer est fier de ses "murs" de bouteilles. Cela ne se fait presque plus dans les chais alentours où le "palox" est roi (plus facile à déplacer, à empiler). Tout comme il assume de faire des embouteillages avec une lenteur qui exaspérerait ses voisins (10 fois plus rapide pour certains). Pour lui, elle est bénéfique. Elle permet de laisser aux bouchons le temps de se remettre doucement de leur compression et d'obturer parfaitement la bouteille.


Même si le chai peut sembler "abandonné" aux yeux d'un visiteur habitué aux chais rutilants, il n'en est rien. Son propriétaire bichonne ses appareils avec un soin maniaque pour qu'ils puissent durent encore longtemps. Ainsi, tous les mécanismes de son pressoir sont parfaitement graissés pour qu'ils ne rouillent pas. Les plateaux sont positionnés aux tiers droit et gauche afin d'éviter toute déformation de l'appareil. 


On peut être déconcerté  à l'ouverture d'un BAMA. Son long élevage en cuve, suivi d'un encore plus long en bouteille, font que le vin est en forte réduction. Une très longue aération est donc nécessaire. Une journée entière en carafe ne lui fait pas peur.

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