vendredi 11 mai 2018

Château de Fontvert : la volatile sublimée !


J'avais dégusté ce Château Fontvert 2016 début février à Angers. Dans mes notes, il était écrit : "Long. Intense. Ça envoie". Il y a une dizaine de jours, nous le recevons (nous n'avions plus une bouteille de 2015). Je le photographie recto-verso pour le site. Et là, je vois sur la contre-étiquette que l'assemblage a changé. On est passé de Syrah (70%), Grenache Noir (25%) et Mourvèdre (5%) à Syrah (70%), Grenache Noir (15%) et Mourvèdre (15%). La proportion de Mourvèdre a été multipliée par trois, et je pense que cela a un impact sur le profil de la cuvée. 

Ceci dit, l'acidité volatile a tendance à voler ici la vedette au Mourvèdre. L'acidité volatile, c'est ce qui fait ressembler certains vins à des bouteilles de vinaigre ou de vernis à ongles. Quand on en est à ce stade-là, je déteste. Là, c'est beaucoup plus subtil : au nez, elle se contente juste de vous titiller les narines sans les agresser. Et en bouche, point de vinaigre, mais juste une acidité de ouf,  normalement inexistante dans les vins du sud, qui vous fait quasiment penser à un Riesling mosellan. C'est ce que réussit à faire Didier Barral lorsqu'il est du bon côté de la force. Parfois, ça rate... 

La robe est pourpre très sombre, à la limite de l'opacité. 

Le nez est mûr, très concentré, sur les fruits noirs confits et l'eucalyptus, avec  une pointe d'acidité volatile qui apporte de la fraîcheur et de la profondeur. 

La bouche est longiligne, étirée par cette volatile au-delà même de la finale, enrobée par une matière séveuse, intense, d'une grande douceur tactile, entre soie et velours [ on ne peut que s'incliner devant une telle maîtrise de l'extraction des tannins ]. Les fruits noirs (cerise, myrtille) règnent en maître, secondés par le ciste et le genévrier. 

La finale se fait d'abord mâchue, puis s'allonge longuement sous l'effet d'une volatile totalement transcendée qui prend une ampleur incroyable, accompagnée par des notes résino-balsamiques toscanisantes. Peut-être que ça peut déranger (sûremement, même). Moi, j'adore !







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