mardi 20 mars 2018

Guillemot-Michel : changement de génération


Pierrette Guillemot-Michel est arrivée en 1982 au domaine familial. La transition avec ses parents a duré 3 ans. En 1985, Marc et Pierrette ont les rênes en main et convertissent le vignoble en biodynamie : pour eux, c'était la voie incontournable pour que le terroir de Quintaine puisse s'exprimer entièrement. Même si chaque parcelle a sa propre personnalité, elles forment un tout indissociable. C'est pour cela que durant 30 ans, le couple n'a produit qu'une seule cuvée. Chose rare dans la région : tout est vinifié et élevé en cuve, afin d'éviter tout "parasitage" du bois. 

En 2013, leur fille Sophie les rejoint. Œnologue de formation, elle a soif d'expérimentations. Ne faire qu'une seule cuvée était pour le moins frustrant. Son premier projet fut de distiller les marcs du domaine : deux alambics ont été achetés à cet effet. Le domaine produit désormais un Marc et une Fine de Bourgogne, mais aussi un gin !


Deuxième projet : une bulle. Comme la volonté était de travailler avec un raisin mûr et de ne pas avoir à rajouter du sucre et des levures, la méthode ancestrale s'est imposée. Une première série a été dégorgée il y a peu après 17 mois sur lattes, mais tout a déjà été vendu. D'autres devraient arriver. 

Troisième projet, mené avec son époux  Gautier, arrivé l'année dernière après un passage chez de Montille : produire une cuvée parcellaire issue des plus vieilles vignes du domaine (rien moins que centenaires). Comme le volume total était réduit, il n'était pas possible de le vinifier en cuve. Le moût a donc été entonné dans un demi-muid de 600 litre âgé de 10 ans (le maximum que pouvait concéder Marc). Il n'y a en tout que 700 bouteilles à la vente.



La robe est d'un bel or brillant.

Le nez est élégant et intense, sur des notes d'ananas, de poire mûre, avec de la noisette grillée et une pointe de beurre en arrière-plan.

La bouche est aussi large que longue, aurait dit Hubert de Montille (famille que Gautier connaît bien). On ne saurait dire qui l'emporte entre l'acidité traçante – qui apporte la tension –  et l'ampleur avec laquelle la matière fine et mûre, classieuse, vous envahit le palais. Un très léger perlant intensifie la sensation de fraîcheur.

La finale gourmande dévoile une mâche crayeuse dominée par les fruits exotiques, se poursuivant sur les épices et une sensation saline.



La robe est un peu plus intense.

Le nez est plus affirmé, plus mûr, avec de la pêche jaune qui s'ajoute à l'ananas et à la poire. Mais aussi de fines notes d'élevage (pain grillé, épices douces).

La bouche est beaucoup plus ronde, avec une matière plus dense, plus charnue, toujours aussi mûre, mais avec une bonne fraîcheur sous-jacente. Et puis le fameux minéral si difficile à définir. En tout cas, il y a du monde dans le verre !

La finale dépote bien, avec une mâche plus affirmée, mais si bien enrobée par le fruit et la gourmandise que ça passe tout seul. Et puis surtout, c'est long, très long, avec une belle persistance sur les agrumes confits (l'orangette !).

(rebu 10  jours après ouverture, il avait gagné en densité/minéralité sans présenter la moindre oxydation). 

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