jeudi 31 août 2017

Un GPS 100 % naturel !


Si un gendarme vous arrête et qu'il voit une bouteille de Jura calée juste à droite de votre siège, expliquez-lui que c'est votre tout nouveau GPS.  Il ne vous croit pas ? Montrez-lui l'étiquette. C'est écrit dessus comme le Port-Salut (oui, c'est un truc de vieux, ça). GPS, c'est donc une cuvée signée Pignier et qui comprend du Chardonnay (G), du Poulsard (P) et du Savagnin (S). Euh, G pour Chardonnnay, tu n'es pas planté, là ? Ce ne serait pas du Gamay, plutôt ? Non, je ne me suis pas planté. Et oui, G veut bien dire Gamay. En fait, dans le Jura, on appelait autrefois le Chardonnay le Gamay Blanc. Ce qui est loin d'être bête, puisque l'on sait aujourd'hui que le Chardonnay a exactement les mêmes parents que le Gamay : le Gouais blanc et le Pinot  noir. Les Jurassiens avaient donc eu une sacrée intuition !

Le principe de GPS est la complantation : les différents cépages sont plantés sur la même parcelle, vendangés en même temps, vinifiés et élevés ensemble. Et tout ça, sans le moindre milligramme de sulfite ajouté. Du raisin. Rien que du raisin. Et c'est bon !

La robe est or clair, tirant (très légèrement) vers l'or rose. 

Le nez est fin et expressif, sur la noisette fraîche, le miel d'acacia et le bouton d'or (buttercup en anglais qui exprime beaucoup mieux l'odeur que cette fleur peut avoir). Une légère touche d'agrume confit, aussi. 

La bouche est plutôt élancée, avec une belle énergie, mais il y a une sacrée rondeur, aussi : il y a de chair dense et douce, au goût intense, à la limite du vineux/séveux. Ça pourrait presque faire penser à un Champagne sans bulle. L'ensemble est harmonieux, limite zen, avec l'impression qu'il vous nourrit autant l'âme que le corps. 

La finale a une mâche gourmande, savoureuse, associant un toucher crayeux à un bon goût de beurre citronné, avec une bonne persistance sur l'écorce de pomelo (avec ce mélange d'astringence et d'amertume). 

Bref, un très bel exemple de vin sans sulfites parfaitement réussi qui s'accommodera de nombreuses façon : apéro, fruits de mer, poissons de tout sorte, volaille crémée, quiche, fromages... Bref, un GPS avec l'option tout-terrain.









mercredi 30 août 2017

L'Aubinaie : sans sulfites... mais pas sans caractère


Nous sommes passés du 2015 au 2016 sur l'Aubinaie des Grandes vignes. Comme c'est la cuvée du domaine qui a le plus de succès, il nous fallait la déguster rapidement afin de voir si le nouveau millésime différait du précédent. Nous avons bien fait : je n'irais pas jusqu'à dire que ça change du tout au tout – il y a un certain nombre de constantes liées au Cabernet Franc – mais je n'ai pas l'impression d'avoir affaire au même vin. 

Il y a tout de même un point commun à l'ouverture : il y a du gaz carbonique (grrr...). Donc agitation de la bouteille. Repos. Agitation de la bouteille. Repos. Agitation de la bouteille. Repos. Et c'est bon !

La robe est pourpre très sombre, quasi opaque.

Le nez est assez discret, sur les fruits noirs sauvages, une pointe de cassis et une toute petite feuille de menthe (alors que l'année dernière, elle était très présente). 

La bouche est ronde, charnue, juteuse, vous tapissant le palais d'une matière dense et fruitée, rafraîchissante. C'est très bien équilibré, avec juste ce qu'il faut de tension. (l'année dernière, la matière était plus légère et plus tendue)

La finale est assez puissante, avec une mâche affirmée, mais sans dureté ni astringence du fait d'une belle maturité du raisin. On poursuit sur les fruits noirs (cassis), le poivre et le menthol.

Si on m'avait demandé de reconnaître à l'aveugle le 2015 et le 2016, je crois que j'aurais inversé. Naïvement, je pensais que 2015 avait engendré des vins plus puissants que 2016. Là, c'est l'inverse. Et c'était déjà le cas avec K-Pot' récemment évoqué. Comme quoi, il faut se remettre en cause tous les jours ;-)





mardi 29 août 2017

Les aires : le viognier transcendé


Eric R et moi, nous ne sommes pas trop Viognier. Trop souvent déçus. Souvent, avant même que le premier verre soit vide, tu es lassé du vin. Cela explique certainement pourquoi nous avons tardé à référencer le Viognier d'un domaine avec qui nous travaillons depuis plus de 10 ans.  Cela n'a pas découragé la vigneronne de nous servir les Aires  à chaque fois que nous dégustions la gamme de Clovallon (et Alezon). Il faut dire ce qui est : nous étions à chaque fois surpris par la tension et la pureté de ce vin. Nous avons donc fini par mettre un mouchoir sur notre antiviogniérisme primaire, et décidé de vous le faire découvrir. On va dire que c'est la BA de la semaine ;-)

La robe est or pâle, brillante.

Le nez est intense, pénétrant, sur des notes d'abricot rôti, de pêche jaune, d'épices grillés et une pointe de fumée. Peut-être aussi un peu de violette, aussi (c'est du Viognier, quand même...).

La bouche est ultra-tendue, tout en réussissant à ne pas faire ressortir l'acidité : celle-ci est généreusement enrobée d'une matière ronde, moelleuse , pulpeuse à souhait, mais jamais pesante du fait de l'ultra-tension ... et d'un léger perlant qui apparaît au bout de quelques minutes. L'ensemble est élancé, élégant, bien équilibré.

La finale dévoile une fine mâche légèrement amère, soulignée par une pagaille d'épices,  des notes de pêche séchée, et une légère touche beurrée/fumée.

Un vin qui accompagnera idéalement les plats exotiques à base de lait de coco, gingembre, coriandre... L'accord sera vraiment superbe et vous promet un grand moment gastronomique. Aussi, les 11.90 € de cette cuvée ne me semblent vraiment pas déconnants, car il en remontrerait à pas mal de viogniers rhodaniens 3-4 fois plus chers... 


lundi 28 août 2017

Fontvert blanc 2016 et Fontvert rouge 2015 : superbes !


Le même jour, nous avons changé de millésime sur le Château Fontvert blanc et le Château Fontvert rouge. Et comme le domaine a eu la bonne idée – pas si répandue que cela contrairement à ce que l'on pourrait croire – d'envoyer avec la commande  des échantillons de ces deux cuvées, eh bien, je n'ai pas longtemps hésité à les ouvrir. Comme cela s'est fait au débotté, le blanc n'a pas été rafraîchi avant d'être dégusté. Il est donc à 17° (température de la partie non climatisée de notre entrepôt). Et ça lui va très bien !




À noter que sur ce nouveau millésime, la proportion de Vermentino augmente pour arriver à un parfait 50 % Vermentino et 50 % Grenache blanc.

La robe est jaune pâle brillante.

Le nez est fin, profond, sur des notes d'anis, d'amande fraîche, de beurre citronné et de pain grillé.

La bouche est longue, traçante, avec une matière ronde, ample, douce, aérienne, superbement équilibrée, juste ce qu'il faut de moelleux et de confortable pour être bien sans s'assoupir.

La finale est tonique, mêlant amertume et astringence – écorce de pomelo – avec un fin grillé, de l'anis, puis un nouveau retour sur l'astringence – mais la plus belle qui soit !



Là aussi, changement d'assemblage : la Syrah passe de 50 à 70 %, ne laissant que 25 % au Grenache et 5 % au Mourvèdre.

La robe est pourpre sombre translucide

Le nez est lui aussi fin et profond, sur la crème de fruits noirs, le cacao et une pointe de menthol/eucalyptus.

La bouche est très ample, soyeuse, d'une grande élégance, sans la moindre accroche, avec du fruit noble, de la fraîcheur, et une matière dense et douce, faussement légère.  Résumé en deux mots : LA classe !

La finale prolonge l'état de grâce avec une fine mâche délicate,savoureuse, avec toujours cette mûre crémeuse, le cacao poudreux et une touche de terre fraîche "à la bourguignonne". Superbe !

J'avais apprécié les millésimes précédents de ces deux cuvées, mais j'ai l'impression que l'on monte un cran en qualité et plaisir ressenti. Étais-je particulièrement réceptif vendredi dernier ? Peut-être, mais j'ai poursuivi mon travail d'observation de ces deux bouteilles le WE dernier (je suis un garçon très conscieucieux). Le plaisir n'a pas décru. Même s'il est servi plus frais, le blanc est délicieux. Il faut par contre faire attention à la température du rouge : à température ambiante d'une maison en été (25 °C), ça le fait pas... 

Le rapport qualité/prix de ces deux vins me paraît excellent (comme il l'est sur les petites cuvées Restanques du même domaine). Il existe peu de vin en dessous des 15 € qui puissent rivaliser. 

vendredi 25 août 2017

Le 2016 : unique !


Unique, car au lieu des trois cuvées habituelles – les Trois argiles, Silex noir et Déronnières – François Pinon n'a produit l'année dernière que Le 2016. En effet, une  terrible gelée s'était abattue sur le vignoble vouvrillon le 29 avril, réduisant des  2/3  la production potentielle. Il faut donc espérer que cette épisode restera unique, lui aussi, même si le meurtrier printemps 2017 n'incite guère à l'optimisme. 

Vous ne serez pas étonné que ce 2016 a été vinifié en demi-sec. C'est la formule qui réussit le mieux avec ce terroir froid de Vouvray. En sec, les vins sont un peu trop austères... 

La robe est jaune paille claire, bien brillante.

Le nez est mûr et expressif, sur l'ananas, la mangue, la pomme tapée, avec une rapée de gingembre pour le peps et une cuillère de miel pour la douceur. 

La bouche est élancée, avec une acidité tellement enrobée par la matière qu'elle en devient quasi imperceptible (alors qu'elle est bien là, la coquine !). La matière, parlons-en : dense, charnue, avec un grain presque tannique (rappelant certaines poires rustiques), et en même temps douce, veloutée, exaltant le fruit exotique – et un tout petit peu le coing – avec toujours le gingembre (et une pointe de gentiane ?) en contrepoint.

La finale est  dans un premier temps puissamment crayeuse – on croque dans le tuffeau –  puis reviennent l'ananas, le gingembre, et puis la poire, le coing, le miel et les épices dans un ensemble séveux, intense, pour le moins exaltant ... Avec un sucre quasi absent – alors qu'à l'instar de l'acidité, il est bien là. Bref, le Chenin comme on aime (comme j'aime, en tout cas). 


jeudi 24 août 2017

Gourgonnier : jamais trop Baux


Lorsque j'avais découvert le 2012 de cette cuvée tradition du Mas de Gourgonnier, j'avais eu vrai de coup de coeur. On sentait que le domaine avait fait une révolution stylistique, avec un fruit beaucoup plus frais, des nuances florales, et une texture toute en finesse. Le 2013, même s'il ne déméritait pas, m'avait moins convaincu. En ouvrant ce 2014, j'avais une légère appréhension : allait-il être plus proche du 2012 ou du 2013 ? Dès que j'ai mis le nez au-dessus du verre, j'ai eu un bon pressentiment : quelle finesse pour un vin du sud ! Pour le reste... il n'y a qu'à lire la suite de ce texte ;-)

La robe est rubis sombre translucide.

Le nez est aérien, complexe, mêlant fruits rouges (framboise, griotte, fraise), fleurs, noyau et encens.

La bouche est ronde, fraîche, fruitée, avec une matière souple et soyeuse gagnant progressivement en densité et structure.

Cela se confirme dans une finale énergique, aux tanins étonnamment affirmés – sans être durs – mais avec un fruit tellement gourmand qu'on a une seule envie : replonger derechef (avec modération, hein...).

PS : rebu le lendemain, le vin  a gagné en harmonie, avec une finale totalement raccord avec le reste de la bouche. C'est vraiment très bon, avec une fraîcheur et une digestibilité qui font plaisir à boire. 


mercredi 23 août 2017

Hymne à la griotte !


Est-ce un Bourgogne rouge léger ou un Bourgogne rosé coloré ? On pourrait se poser la question si on ne lit pas l'étiquette qui annonce sans ambiguïté : Bourgogne rosé. Dont acte. Et c'est vrai qu'il est issu de saignée comme cela se pratique en Champagne ou dans le Bordelais. C'est un 100 % Pinot noir, d'où cette aromatique de griotte que l'on trouve rarement dans les autres cépages. Mais aussi une finesse et une légèreté qui font un p... de bien dans un monde où le 14 % d'alcool devient quasiment la norme. Dernier point qui plaira à beaucoup : le vin n'est sulfité qu'à la mise et avec parcimonie, d'où un SO2 total de 29 mg/l. 

La robe claire est entre la groseille et le vermillon. 

Le nez fin et frais évoque les petits fruits rouges, avec un doigt de grenadine et une pincée d'épices. 

La bouche est élancée, avec une acidité traçante qui l'étire, et une matière ronde, soyeuse, très fruitée. L'ensemble est friand, digeste, horriblement gourmand (oui, horrible, car il est impossible d'y résister une fois qu'on y a trempé les lèvres). 

La finale sèveuse est finement mâchue, avec ces notes de terre typiques du Pinot noir, mais surtout une griotte des plus expressives ... et un  délicieux goût de noyau dont on se ne lasse pas. 

Ce vin peut être bu pour lui-même (il s'auto-suffit sans problème), mais aussi accompagner des salades d'été, des charcuteries ou de la viande blanche grillée. Bonne nouvelle : il ne coûte que 9.90 €.


mardi 22 août 2017

Son Altesse est de retour !


L'Altesse de Montagnieu nous revient dans le millésime 2016. Et elle réussit à nous surprendre tant elle s'écarte du style auquel elle nous avait habitué depuis plusieurs années. Est-ce son titre qui lui monte à la tête ? En tout cas, son Altesse a décidé que ses sujets devraient prendre leur mal en patience avant de la voir apparaître dans ses plus beaux atours... 

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est fin, frais et profond, sur le beurre citronné, le miel d'acacia et la craie humide. Avec l'agitation et le réchauffement, des notes de fruits jaunes apparaissent (abricot, pêche blanche). 

La bouche est plus élancée et tendue que dans les millésimes précédents, avec une matière ronde, friande, moins dense et riche que d'ordinaire. Le vin est malgré tout loin d'être frêle : la chair enveloppe confortablement l'ossature. L'acidité n'est jamais saillante. 

La finale vigoureuse, à la mâche crayeuse bien marquée, soulignée par le zeste d'agrume, confirme que l'on a affaire à un millésime qui gagnera à être attendu pour dévoiler tout son potentiel. Pour l'heure, c'est bon, mais un peu frustrant tant les années précédentes nous avaient habitués une plus grande générosité en jeunesse. Là, il faut apprendre la patience. Mais je suis certain que le bonheur est au bout du chemin :-)

PS : le chef a goûté (oui, les vacances sont finies pour lui zossi) : il aime bien. Il trouve que ce surcroît de fraîcheur et sa richesse moindre le rendent plus polyvalent. Il le verrait bien avec des fruits de mer, par exemple ou simplement à l'apéro. Oui, il a raison. Mais en même temps, pour cet usage, nous avons des vins plus simples et moins onéreux qui ne gagneront pas forcément à vieillir. Alors que l'Altesse, elle, est pleine de promesses. À nous d'y croire... 



lundi 21 août 2017

Hérétique, je reste !


Hérétique, pour rappel, fait référence à l'utilisation de cépages bordelais dans une région qui n'en a pas vraiment besoin. Même si le Merlot et le Cabernet Sauvignon (et la Syrah) ont été considérés comme "améliorateurs" dans les années 70-80. Maintenant que des grands vignerons ont démontré par l'exemple la haute qualité des vins issus de Carignan, de Cinsault, et même d'Aramon, cela fait doucement sourire (euphémisme). Parce que, tout de même, il faut le dire : une majeure partie des vins languedociens issus des cépages bordelais n'a strictement aucun intérêt, et surtout aucune personnalité. 

Et puis, il y a des exceptions comme l'Hérétique du Mas des Chimères. Le Cabernet-Sauvignon y est très minoritaire, mais c'est pourtant bien lui qui insuffle une âme – et une structure – à ce vin. Le Merlot, lui, apporte surtout une chair mûre et veloutée. J'avais bien aimé les millésimes précédents, mais le 2015 me paraît supérieur. Durant les 15 derniers jours, j'ai eu la chance de boire une grande partie des 1ers GCC de Bordeaux sur des grands millésimes (1989 et 1982), mais aussi Petrus 1999. Eh bien, ça ne m'empêche pas d'adorer ce vin. Je le trouve complet, harmonieux, avec plein de belles choses à raconter. Et surtout, il ne chercher pas à singer Bordeaux – pas plus que les grands vins du Languedoc. Il est juste lui-même et c'est pour cela que je l'apprécie. 

La robe est pourpre sombre translucide.

Le nez est fin, mûr, profond, sur des fruits noirs sauvages légèrement compotés, la prune et les épices douces. Et puis une p'tite pointe de cassis frais qui apporte du peps. 

La bouche est élancée, comme étirée par un fil invisible, avec une chair dense, profonde, veloutée, mêlant les fruits bien mûrs à une grande fraîcheur aromatique (menthol). 

La finale est puissante, énergique, avec une mâche gourmande, expressive, et cette aromatique fraîche qui persiste, soulignée d'épices. On prend plaisir à mâcher dans le vide, histoire d'extraire les dernières gouttes qui s'étaient planquées dans les recoins du palais. Ce serait dommage de ne pas le faire : ce sont les meilleures :-)

Et quand tu penses qu'il n'est vendu que 9.50 €, tu te dis que c'est vraiment cadeau :-)

PS : bu et rebu ce qu'il restait de la bouteille ce week-end. Le vin  n'a fait que s'améliorer alors qu'il était déjà très bon au départ. 

vendredi 18 août 2017

K-Libre :le Sauvignon comme vous ne l'avez jamais bu


Le Sauvignon, ça peut parfois être grand, mais c'est encore trop souvent détestable, avec ces arômes de buis et/ou de bourgeons de cassis qui franchissent vite la barrière de l'insupportable. Ca me rappelle un vigneron bio rencontré sur un salon à Angers en février dernier : tous ses vins sentaient le bourgeon de cassis. Un, ça va. Cinq ou six, non. "Les gens aiment ça" dit-il pour se justifier. Faut croire que je ne suis pas "les gens", car rien qu'à le sentir, je suis saoulé avant même de tremper mes lèvres. 

Aussi, lorsque j'ai vu que le Clos Troteligotte avait remplacé le Chenin par le Sauvignon dans la cuvée K-Libre, je n'étais guère rassuré. Et puis, dès que j'ai posé le nez sur verre, j'ai poussé un grand Ouf de soulagement : pas le moindre signe variétal du Sauvignon ! En bouche, idem. J'en suis même à me demander si c'est vraiment du Sauvignon. Qu'importe, en fait. Le principal, c'est que ce soit bon. Et là, pas de doute, la mission est remplie !

La robe est jaune pâle, aux reflets argentés. 

Le nez est fin, presque évanescent, sur des notes de poire mûre, d'abricot, d'amande grillée. 

La bouche est ronde, éclatante de fraîcheur, avec une matière croquante/désaltérante et un léger perlant qui titille les papilles et apporte du peps. Le fruit blanc est très présent, mais aussi cette touche de craie humide qui rappelle certains blancs de Touraine.

La finale est intense, séveuse, avec une amertume plutôt appuyée et des notes réglissées/épicées, évoquant beaucoup plus le Chenin que le Sauvignon. 

Ce vin parfaitement équilbré pourra accompagner à peu près tout, de l'apéro jusqu'au fromage : fruits de mer, poissons, volaille, risotto,  pâtes Carbonara, que sais-je encore ?...  Servez-le à l'aveugle et regardez vos amis patauger lorsque vous leur demanderez de deviner le cépage et l'origine de ce vin. C'est à mon avis introuvable... sauf si vous avez lu ces quelques lignes (et encore...)/ 


jeudi 17 août 2017

Clos du Pavillon : élégante abordabilité


Les vacances sont finies. La reprise s'est faite hier, pas si tranquillement que cela car il y avait cinq jours de commandes à traiter. Et puis, recommencer à alimenter ce blog. Mais quel vin choisir ? Je fais le tour de l'entrepôt, attendant que l'inspiration me guide... Je finis par m'arrêter devant les vins de Gonzague Maurice. Ayant bu essentiellement des Bordeaux durant mes vacances en Belgique, je me suis dit qu'il valait mieux rester dans cette région pour éviter un claquage du palais. Il y a des paliers de décompression à respecter ;-)

Ce sera donc le nouveau millésime du Clos du Pavillon. Après êtres restés longtemps sur le  2011, nous sommes depuis peu en 2012. Jamais trop compris pourquoi cette cuvée tournait moins rapidement que les autres, car c'est pour moi la plus intéressante du domaine. 

La robe est grenat sombre translucide, avec une petite touche pourprée.

Le nez est fin, aérien, sur des notes des fruits noirs (mûre, myrtille, prune), d'épices douces, avec une pointe d'encens et un soupçon de fumé/grillé. Avec l'aération arrivent l'ardoise chaude et la violette. 

La bouche est élancée, avec une matière douce,  –  entre soie et velours –  une fraîcheur communicative, et une tension élégante, sans raideur. L'ensemble respire l'harmonie, mais aussi le terroir de  Puisseguin (un plateau calcaire affleurant qui apporte cette fraîcheur et cette finesse). 

C'est la finale crayeuse qui apporte la profondeur  et la puissance de ce vin. C'est long, mâchu, savoureux, avec de l'énergie et de la gourmandise. A l'antithèse du vin ch.. et sérieux auquel est encore trop assimilé tout ce qui vient de Bordeaux. 

Ce vin pourra déjà être apprécié maintenant avec une belle pièce de boeuf, mais devrait se complexifier dans les années qui viennent (au moins jusqu'en 2022, voire plus).  


lundi 7 août 2017

Marquis d'Aligre : 2011 ou 2012 ?


Allez, je vous offre un petit supplément avant mon départ en Belgique. Nous venons de recevoir les 2011 et les 2012 du Château Bel Air Marquis d'Aligre. Un vrai événement car cela faisait plusieurs années que Jean-Pierre Boyer n'avait rien embouteillé. Ces deux millésimes sont restés respectivement 5 et 4 ans en cuve avant d'être mis en vente. Il était intéressant de voir s'ils se ressemblaient, et question plus important encore : sont-ils prêts à être bus ?

Les bouteilles ont été ouvertes la veille de leur dégustation, légèrement épaulées et non rebouchées durant 24 h.



La robe grenat sombre translucide, avec déjà quelques nuances d'évolution.

Le nez est fin, aérien, sur des notes de fruits noirs compotés, avec une touche de cuir et d'épices.

La bouche est fine, élégante, avec une matière ronde, veloutée, étirée par une fine acidité sous-jacente. Même si c'est terriblement cliché, il correspond bien à l'image de finesse d'un Margaux. 

La finale légèrement mâchue est plutôt janseniste, dominée par l'âtre froid de cheminée qui persiste assez longuement (so Pessac-Léognan). 

Ce vin demande clairement à être attendu pour offrir toute sa complexité. Dans une dizaine d'années, on devrait être dans le registre du 1998. 



La robe est un peu plus sombre, avec une évolution un peu plus marquée.

Le nez est plus foisonnant, plus mûr, avec un fruit plus solaire, des épices plus douces, avec l'impression d'avoir déjà un "bouquet" comme disait les anciens. 

La bouche est plus ample, plus généreuse, avec une matière soyeuse, caressante, et une tension plus marquée (mais sans la moindre raideur). Presque schisteuse dans l'esprit. Là, c'est le Margaux dans ce qu'il a de plus sensuel, presque frivole. 

La finale est plus intense, avec une mâche un peu plus appuyée. À l'âtre de cheminée s'ajoute un goût de terre fraîchement retournée (so Bourgogne), de mûre, et puis un peu de cuir et d'épices. 

Ce vin est nettement plus abordable que le 2011 même s'il est plus jeune d'un an. Il est d'ailleurs déjà très bon dès l'ouverture. L'aération est superflue, et même peut-être légèrement préjudiciable (j'ai l'impression qu'il était encore meilleur la veille).

PS : nous avons fini les bouteilles le lendemain soir en Belgique. Pour le coup, le 2011 se goûtait avait plus de charme que le 2012. Comme quoi, il demande vraiment une longue aération (et 700 km en voiture ?)

jeudi 3 août 2017

J'vous ai apporté un ponpon


... parce que les fleurs, c'est périssable. Et le Ponpon, c'est tellement bon".... chantait un fameux belge*. Et c'était pas une brêle ;-) Un, peut-être ? 

Je vais nuancer ses propos. Le Ponpon est plus pon certaines années d'autres. En 2015, il était pon sans plus. Mais en 2016, il est vraiment très pon. Il mérite donc vraiment de s'appeler pon-pon

Pour rappel, ce vin est un 100 % Counoise, l'un des 13 cépages autorisés à Châteauneuf du Pape, mais loin d'être le plus courant. À tort. 

La robe est grenat translucide, sans nuance violacée.

Le nez est fin et gourmand, sur la cerise, la framboise, le noyau et les épices douces.

La bouche est ronde, aérienne, à la matière douce, soyeuse, et au fruit frais et expressif. C'est d'une terrible buvabilité, un peu comme le vin de jardin de la Grange aux belles (mais ça ressemble plus à un vin rouge).

La finale est légèrement mâchue, avec un goût de noyau de cerise bien marqué, amertume comprise. Et puis les épices qui prolongent un peu le vin. Bon, difficile de parler de longueur. C'est un vin du plaisir (vraiment) immédiat. Mais bon, pour 5.50 € , vous en avez (très) largement pour vos sous. 

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* comme par hasard,  je serai en Belgique à partir de demain. Étonnant, non ? Ce billet est donc le dernier d'une longue série. Retour dans une  bonne dizaine de jours... 




mercredi 2 août 2017

Grenache dans la peau


Depuis plus de dix ans maintenant, Jeff Carrel a fait du Roussillon son annexe principale. Comme il est installé à Narbonne, c'est presque la porte à côté. Au départ, il y avait relativement peu de cuvées (une seule, en fait : la Bette). Depuis 2-3 ans, celles-ci se multiplient. Il faut dire que les Américains raffolent de plus en plus de ces vins, très bien notés par les critiques. Et comme ce sont les principaux clients  de Jeff, il aurait tort de ne pas s'adapter à la demande. 

Après donc la Bette (Grenache, Carignan, Syrah), L'éclipse (Grenache noir et Cabernet Sauvignon), Lilac Wine (Mourvèdre, Syrah, Grenache et Carignan) et Sous la montagne (Syrah et Carignan), voici le grenache dans la peau, une cuvée qui rend hommage au plus emblématique des cépages du Roussillon : le carignan Grenache, complété tout de même d'un peu de Syrah. Ce vin n'a vu que la cuve, histoire de ne pas le parasiter avec des arômes boisés/grillés/vanillés. Juste le goût des raisins. Ceux-ci proviennent de la vallée de l'Agly, royaume du schiste noir, ce qui n'est pas pour me déplaire... 

La robe fait penser à de l'encre violette.

Le nez est fin, séducteur, sur la crème de fruits noirs, avec une petite touche lactée /épicée.

La bouche est fine, élancée – magie du schiste – pour s'arrondir ensuite et prendre de l'ampleur et de l'épaisseur. Il y a un très bel équilibre pour peu que l'on fasse attention à la température de service (15 °C).

La finale est mâchue et intense, très marquée par les fruits noirs et plus encore par les épices.

Comme souvent chez Carrel, le rapport qualité/prix est bouleversifiant : à 9.90 €, difficile de mieux faire...


mardi 1 août 2017

Regain de passion


En janvier dernier, je vous avais parlé avec passion de Regain, le blanc du domaine Semper. Il n'avait alors pas fait long feu sur le site.... Ce que je ne savais pas, c'est que l'on arrivait déjà à la fin du stock de 2015, et qu'il faudrait attendre la sortie du 2016. Eh bien le voilà : il n'est guère différent de son aîné d'un an. Je pense que j'aurais quasiment pu faire un copié/collé pour sa description (d'ailleurs, après coup, je vois des points communs). Toujours une richesse très sudiste alliée à la tension incomparable des vins sur schistes. La quadrature du cercle résolue dans une bouteille. 

La robe est jaune paille intense.

Le nez est riche, sur les fruits jaunes rôtis au beurre noisette, le miel de sarrasin, avec une pointe fumée/grillée.

La bouche allie ampleur et tension, avec une matière mûre, grasse, charnue, étonnamment équilibrée par une grande fraîcheur aromatique. L'acidité n'est pas aisément perceptible, mais elle est bien là, faisant son job en arrière-plan.

La finale mêle subtilement amertume et astringence, très marquée par la mirabelle, noyau inclus, et se prolonge sur des notes épicées. C'est généreux, mais pas lourd pour un sou.

Le prix n'a pas changé (11.90 €). Personne ne s'en plaindra à un moment où l'inflation gagne nombre de régions viticoles. Et ça ne va pas s'arranger au vu des catastrophes climatiques qui s'enchaînent (encore de la grêle "meurtrière" il y a deux jours en Beaujolais et Forez).