mercredi 31 mai 2017

Lorsque le cab' met le cap au sud


Si la famille Ardèvol vivait de la vigne depuis le XIIIème siècle,  elle l'avait abandonné après la seconde guerre mondiale pour se lancer dans la production de noisettes, plus rentable financièrement à l'époque. Au moment de la renaissance du Priorat, à l'initiative de René Barbier du Clos Mogador et quelques autres, Josep Ardèvol s'est lancé en 1995 dans l'aventure viticole . Son credo : pas de pesticides chimiques (seul le soufre est utilisé), désherbage uniquement mécanique,  et le moins possible d'intervention au chai, en limitant les intrants.

Alors qu'il restait dans le Roussillon pas mal de vieilles vignes de Grenache et de Carignan, c'était plutôt chose rare dans le Priorat. D'où la plus grande proportion de "cépages améliorateurs" comme ont dit chez  nous : Cabernet Sauvignon, Syrah, Merlot...

Le  Cabernet Sauvignon dans le Sud, c'est loin d'être toujours top. Mais l'altitude et le schiste aidant, il apporte sa tension et sa race sans tomber dans l'exubérance. Tout ce qu'on aime  :-)


( 50 % Cabernet Sauvignon et 50 % Grenache)

La robe est grenat bien sombre, mais translucide.

Le nez est bien mûr, sur des notes de fruits noirs confits, de tabac, d'épices, avec une pointe résineuse/balsamique. 

La bouche est à la fois ronde, ample et élancée, avec une matière douce et veloutée enveloppante, et une belle tension dont on ne sait si elle vient du Cabernet ou du schiste (sûrement les deux). L'ensemble est en tout cas harmonieux, avec une grande fraîcheur aromatique. 

On retrouve cette dernière dans la finale tonique, délicieusement mâchue, entre notes grillées/épicées/réglissées, fruits compotés et toujours cette signature résineuse/balsamique aux consonances piémontaises.

(50 % Cabernet Sauvignon, 20% Merlot, 20 % Syrah et 10% Grenache)

La robe est encore plus sombre, avec du translucide en cherchant bien ;-)

Le nez est plus discret, mais plus profond, plus ténébreux, sur des fruits encore plus confits, et un côté balsamique plus marqué (ça fait presque liqueur...) rafraîchi par une (bienvenue !) pointe mentholée. Graphite/cèdre, aussi. 

La bouche est plus sur la longueur que la largeur, avec une tension plus fine, plus ténue, aussi, avec une matière d'abord soyeuse, gagnant de plus en plus en puissance et densité, tout en exprimant là aussi une p... de fraîcheur. 

Comme dirait Dédé Manoukian, la finale est la résolution de la septième dominante. En tout cas, c'est là que se joue tout le vin ; l'intensité est à son comble, le plaisir aussi, avec une énergie à la limite du monstrueux. Ça envoie sévère, sans jamais agresser. C'est à cela que l'on reconnaît le grand vin. Et je pense qu'on n'en est pas loin. C'est long, intense, avec le couple acide - balsamique à son acmé. Waouh, quoi. 

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