vendredi 13 janvier 2017

Après Noël, c'est encore Noël


Nous avions décidé avec le Club de Saint-Yrieix de faire la plus belle dégustation de l'année au mois de janvier, car au mois de décembre, il y avait une soirée musicale qui empêchait de se concentrer sur ce que l'on avait dans le verre. 


Nous avons commencé la soirée avec un Champagne Longues Voyes de Laherte, le premier 100 % Pinot noir de cette belle maison. C'est très intense, vineux, traçant, avec une acidité structurante. C'est peut-être certainement encore un trop jeune. Il gagnera à être gardé 3-5 ans pour gagner en complexité et harmonie. L'espuma de panais, parmesan et jambon cru le rend encore plus austère qu'il n'est vraiment. Mais bu seul, je le trouve déjà très (très) bon.


Nous avons continué avec un Riesling Marienburg Grosses Gewächs 2013 de Clemens Busch. J'ai choisi cette bouteille car une amie – membre du club – avec qui j'ai passé le réveillon du 31 décembre a bu avec délice un Riesling mosellan de ma cave. Elle voulait savoir si je vendais des vins équivalents. Eh bien, je lui propose celui-là, même si le producteur, le millésime et le terroir ne sont pas les mêmes. Un nez sur les agrumes japonais et quelques notes terpéniques. Une bouche à la fois ample et tendue, avec une matière douce et aérienne, irréelle de "moelleusité". Une finale nette, minérale, sans sucres qui traînent. La salade de crevettes, jeunes pousses, mandarine, yuzu et coriandre se marie parfaitement avec le vin (c'était fait pour, faut dire...).


Il fallait tout de même un rouge pour cette soirée. Je voulais éviter le Bordeaux et le Bourgogne, trop convenus. Va pour un très beau rapport qualité/prix en Rhône Nord : ce Crozes-Hermitage les Croix 2014 est une superbe Syrah avec un fruit explosif, du lard fumé, du poivre, juste ce qu'il faut de violette et d'encens. Et une bouche fraîche et veloutée, avec un fruit épicé omniprésent. Le coup de coeur a été général : toutes les bouteilles présentes dans le Berlingo ont changé de main en fin de soirée (mais il vous en reste encore un peu, veinards !). Là aussi, l'accord avec le magret de canard aux olives noires, purée de topinambour et "frites" de rutabaga était top (c'était fait pour aussi)


Fromage et vin, c'est souvent un moment compliqué. Vu le niveau de la soirée, je souhaitais obtenir un accord inoubliable. Comme j'avais des grands souvenirs de Gewurztraminer avec des pâtes molles à croûtes lavées, je me suis dit "allons-y". M'inspirant d'un livre de recettes d'Akrame, j'ai demandé au chef de mettre un peu de cassonade sur la tranche du Maroilles et de le passer au chalumeau comme une crème brûlée. Cela adoucit un peu le fromage et apporte du croquant/fondant. L'accord avec le très beau Gewuztraminer Grand Cru Markrain 2012 de Laurent Barth – dans un style vendanges tardives frais/tendu –  était à tomber. C'était plus que bon. Cétait carrément émouvant. T'en chialais presque tellement c'était beau. Résultat : plus une seule bouteille de Gewurz sur le site. Mais le nouveau millésime 2015 arrive incessamment...


Pour finir, j'avais sorti deux flacons de Coteaux de l'Aubance 1983 du domaine Bablut. Un peu d'angoisse à l'ouverture car les bouchons sont imbibés et fragiles. Ouf... les deux étaient nickel, loin d'être en bout de course. La robe est d'un or intense (et pas du tout cuivrée) et l'aromatique évoque l'agrume confit, la pâte de coing, avec une petite touche de mousseron. La bouche est pure, tranchante, avec un sucre présent mais discret. L'accord avec les fruits exotiques du dessert se fait bien. Par contre, la glace en dessous est peu trop crémeuse/sucrée pour le vin et le rend un peu strict. En fait, après l'avoir bu, je pense qu'il serait parfait avec un foie gras mi-cuit (et un coulis aux fruits de la passion).

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