lundi 31 octobre 2016

Truculence, le bien nommé


Je savais déjà que le Bergeracois donnait naissance à de grands blancs secs. En témoignent ceux de l'Ancienne Cure, de la Tour des Gendres ou Andréa de Tirecul la Gravière. S'ajoute aujourd'hui dans un style très différent cette cuvée Truculence de Vincent Alexis du Château Barouillet. Issue de vieux pieds de Sauvignon (60 ans), elle a connu une vinification semi-orange. Les peaux ont en effet macéré durant six jours avec le moût à 14 °C. Puis la vraie fermentation – en barrique –  s'est faite sans elles. Elles n'ont donc apporté que de l'aromatique, mais pas de couleur, et surtout pas de tannins. Le résultat est donc moins "trash" qu'un vin orange classique, sans vraiment ressembler à un vin classique. 

La robe est jaune plutôt pâle, légèrement trouble.

Le nez est percutant, sur des notes de pomme rôtie au beurre, d'abricot et de fumée, avec une toute petite touche résineuse (aiguille de pin).

La bouche est élancée, tendue sans être raide, enrobée d'une matière riche, pulpeuse, fruitée, d'une densité assez impressionnante. Aucune lourdeur, toutefois : on est plutôt sur la gourmandise sensuelle.

La finale monte encore d'un cran dans la densité : c'est puissant, mâchu, sans que ce soit tannique/astringent. Là encore, la gourmandise prime, avec les notes fruitées/beurrées/fumées perçues au nez, avec une intensité qui non seulement ne faiblit pas mais vous balance une belle baffe. On n'est pas loin du grand vin, pour peu que l'on ne soit pas dérouté par l'aromatique peu commune.

Ce n'est pas donné (18 €), mais il les vaut largement. Je connais pas mal de vins vendus plus chers qui ne vous apportent pas autant d'émotion. 


vendredi 28 octobre 2016

Deux vins qui manquent pas d'R


Nous venons de recevoir le millésime 2015 du Canal des Grands Pièces. Vu que j'avais beaucoup aimé le 2014 (lire ICI), j'étais curieux de le goûter dans un millésime supposé meilleur. Et comme nous avons reçu aussi les 5 éléments 2014, je trouvais intéressant de les comparer.


(après une aération d'une heure dans un grand verre - pour vous, carafage d'une heure afin d'enlever la touche de réduction et le gaz carbonique).

La robe est grenat translucide, brillante.

Le nez est fin et profond, sur des notes de bonbon au cassis, de ronce, de feuille de menthe froissée, et une touche de cendre (âtre de cheminée)

La bouche est ample, soyeuse, avec une matière souple, digeste, fraîche et fruitée, et une acidité arachnéenne qui l'étire élégamment. L'ensemble est d'un équilibre et d'un classieux indéniables.

La finale savoureuse, finement mâchue, avec ses arômes de cassis, de poivre et de menthol, achève de vous séduire. Et de vous convaincre définitivement que la Touraine offre des rapports qualité/prix exceptionnels.


Les 5 éléments 2014

La robe est pourpre sombre, quasi opaque.

Le nez est plus discret, sur la baie de cassis écrasée, la ronce, et une pointe de volatile qui apporte du peps.

La bouche est ronde, charnue, avec une matière nettement plus dense, pleine de fruit et de fraîcheur.

La finale est puissante et tonique, avec des tannins encore fermes, mais bien mûrs, avec un cassis bien présent.

Pour l'heure le vin est encore monolithique, manquant de nuance et de complexité, mais le potentiel est bien là. À ne pas toucher jusqu'en 2020 pour l'apprécier à sa juste valeur.

Conclusion : même moi, j'en suis un peu surpris. Le 2015  se goûte mieux que le 2014. Il est déjà prêt à être bu, alors que l'autre demandera du temps pour cela. C'est là que l'on voit l'importance du terroir. Le gravelo-sableux du "Canal" lui apporte une buvabilité immédiate, ce qui ne veut pas dire qu'il ne tiendra pas dans le temps (des Bordeaux de grande garde proviennent de ce type de sols).

jeudi 27 octobre 2016

Terra Remota : l'autre côté de la montagne


Terra Remota étant distribué sur une plateforme regroupant des producteurs du Roussillon, nous avons sélectionné pour démarrer deux cuvées de ce domaine,  histoire de compléter notre offre de vins espagnols bio. Après les avoir goûtés, nous sommes rassurés : c'était une bonne idée :-)

Histoire de vous situer la peu connue appellation Empordà, elle est en fait juste de l'autre côté de la frontière franco-espagnole, jouxtant celle de Banyuls. Elle est coupée en deux parties – Alt Empordà et Baix Empordà –  séparées par la vallée de El Fluvià, moins qualitative (sols limoneux). En toute logique, on y retrouve des schistes (comme à Banyuls et dans la vallée de l'Agly), des granite plus ou moins décomposés (comme chez Laguerre et Modat) et des calcaires durs (comme à Calce).


Le domaine de Terra Remota a été créé il y a une quinzaine d'années par Emma et Marc Bournazeau. La famille de madame, d'origine catalane, a fait fortune dans les casinos, alors que monsieur était notaire. Au départ, ils pensaient juste planter des oliviers. Mais lorsqu'ils ont vu les sols granitiques, ils se sont dits qu'il y avait un beau potentiel pour la vigne. Ils en ont planté 23 ha sur les  40 de l'exploitation. Dès le départ, ils ont fait le choix du bio, mais aussi d'un chai écologique et gravitaire intégré dans l'environnement. 


Caminante 2015 est un assemblage de Grenache blanc (50 %), Chardonnay (35 %) et Chenin (15 %). C'est certainement la présence de ce dernier qui explique pourquoi ce blanc n'a pas l'appellation Empordà, mais Catalunya. Il est vinifié et élevé en barriques (en partie neuve, le reste d'un vin). 

La robe est jaune paille claire, brillante.

Le nez est fin, aérien, sur des notes d'abricot mûr, de zeste d'orange, avec une légère touche beurrée/grillée.

La bouche allie ampleur et tension, rondeur et vivacité, maturité et fraîcheur, générosité et buvabilité. Bref, un équilibre d'école, certainement dû  à présence du Chenin et à la proximité de la mer et de la montagne (et à un ramassage à la maturité optimale).

La finale mêle fine astringence  et noble amertume, entre écorce de pomelo et beurre fumé.



Camino 2013 a un assemblage qui est proche de celui d'un Baux de Provence : Grenache noir (50 %), Syrah (25 %) et Cabernet Sauvignon (25 %). Eh oui, ils ont eu aussi droit en Espagne aux cépages améliorateurs. Cette cuvée a l'appellation Empordà. Il est vinifié en cuve – extraction uniquement par pigeage – puis est élevé dans trois contenants différents : cuves inox, cuves bois et barriques de 500 litres.

La robe est grenat bien sombre, mais translucide.

Le nez est vif et profond, avec un côté médocain (cassis, cèdre, tabac) complété par des épices et des notes résineuses qui vous enverraient plutôt en Toscane.

La bouche est ronde, ample, d'abord soyeuse puis veloutée, avec une fine acidité qui apporte tension et fraîcheur. C'est vraiment cette dernière qui règne en maître du début à la fin, renforcée par les notes de cèdre et de résine – mais aussi de menthol – perçues au nez.

La finale a une mâche expressive, mais la maturité des tannins fait qu'elle n'est en rien asséchante. C'est le cassis et le menthol qui dominent, prolongé par des épices.

mercredi 26 octobre 2016

La Tendresse est de retour !


Nous finissions par ne plus croire à un retour de cette cuvée JM Tendresse du domaine des Huards. Cette "vendange tardive" de Romorantin n'est faite que lorsque l'arrière-saison le permet. Ce fut le cas en 2014, un millésime où l'acidité était aussi de la partie.

À peine arrivée à l'entrepôt, la bouteille a été photographiée car la précédente étiquette était très différente. Et débouchée quasiment dans la foulée, car il fallait bien que je sache à quoi ressemblait ce nouveau millésime. Ces cachottiers de Jocelyne et Michel ne nous l'avaient pas fait déguster lorsque nous nous étions vus en début d'année.

La robe est jaune pâle, aux reflets argentés.

Le nez est vif et profond, sur des notes d'écorce d'agrume (mandarine, bigarade) et de craie humide, avec une petite pointe résineuse (aiguille de pin). 

La bouche est élancée, avec une acidité traçante, légèrement citrique, enrobée par une matière qui réussit à conjuguer tendre douceur et digestibilité friande. Elle a quelque chose d'assez régressif, entre bonbec acidulé et Gini®* (ça existe encore, au fait ? Je ne vais jamais au rayon Sodas).

La finale poursuit dans le même esprit : par son amertume "agrume/quinquina" et son astringence "écorce de citron", vous avez un peu l'impression de boire du Schweppes® *.  Comme dans cette boisson, le sucre est là, mais discret.

Tout cela peut paraître déroutant pour une boisson censée ne contenir que du jus de raisin. C'est bien ça qui est magique. De fait, ce vin pas comme les autres réussit à plaire à ceux qui n'aiment pas trop le vin.  Comme Dylan, notre jeune préparateur. Il a fallu le retenir pour qu'il ne boive pas toute la bouteille ;-)

Trois jours plus tard, l'aération et le temps ont fait leur effet : le nez fait plus chenin, avec des notes de coing et de poire confite. La bouche a gagné en densité et en gras, tout en gardant sa tension. La finale dévoile de beaux amers, très Chenin là aussi, avec un sucre toujours discret. Avec du Parmesan, c'est juste topissime. 

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* Pour être juste avec cette cuvée que j'apprécie beaucoup, c'est nettement meilleur et plus harmonieux que du Gini et du Schweppes (et surtout moins gazeux et sucré).


lundi 24 octobre 2016

Vins étonnants s'internationalise !


Avec Internet, les frontières n'existent plus vraiment. Il est difficile de répondre à un européen qui atterrit sur votre site et veut vous acheter du vin : "non, ce n'est pas possible. Nous ne vendons qu'en France". Ainsi, quasiment tous les jours depuis plus de dix ans, des colis partent aux quatre coins de l'Europe et même au-delà...

Les Belges sont des clients historiques de Vins Etonnants, avec lesquels des liens se sont tissés au fil des années. D'où les voyages bisannuels d'Eric R qu'il n'abandonnerait pour rien au monde. 


Régis Risso, qui a créé avec son épouse Astrid l'épicerie/cave de la Fée Verte, est un client de longue date. Nos vins côtoient dans sa boutique les bières anglaises, les biscuits écossais et les légumes locaux. Le succès aidant, la gamme s'élargit et les commandes deviennent plus fréquentes.  

Régis avait de plus en plus de demande d'expéditions pour les vins et les bières.Etant donné que 99 % des vins proposés venaient de chez nous, il nous a demandé s'il était possible créer http://www.vins-etonnants-belgique.com.  Connaissant le sérieux de la maison, nous avons accepté la proposition. Avec notre aide, il  s'est équipé en emballages et a commencé à mettre en place un site internet. Il est désormais visible dès maintenant ICI.

Comme vous pourrez le constater, la gamme est évidemment plus restreinte que sur notre site, mais il y a déjà de quoi se faire plaisir, avec les vins de la Pépière, Carrel, Bouillerot, Malavieille, Fontvert, Cascina Corte, Sepp Moser, etc. La gamme est, bien entendu, amenée à s'étoffer avec le temps.  

L'avantage pour nos amis belges – il faut bien qu'il y en ait un – c'est que le port est à seulement 5 € jusqu'à 30 kg (soit 18-19 bouteilles), ce qui est beaucoup moins cher que ce que nous pouvons proposer (1-6 bouteilles : 16 € / 7-12 b : 20 € / 13-18 b : 29 €). Si vous voulez plus de 30 kg, vous payez de nouveau 5 € ... ce qui fait toujours pas cher ;-)

Si le succès est au rendez-vous, la gamme sera bien sûr élargie. L'avenir de Vins Etonnants Belgique est donc entre vos mains :-)

PS : nous précisons que la Fée Verte dont dépend le site est un caviste indépendant n'est pas une filiale de Vins Etonnants.

En 2015, le Pinot envoie du lourd !


Je n'irais pas jusqu'à comparer 2015 à 2003, mais il est certain que les raisins ont vu l'année dernière plus de soleil que d'ordinaire. Enfin, l'ordinaire d'avant. Car même si certains continuent à s'enfouir la tête dans le sable, on ne peut que constater que ces dernières années (2014, 2015, 2016) sont les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète depuis 200 ans. 

En 2003, donc, certains puristes du Pinot avaient été effrayés par le style solaire de nombreux crus de Bourgogne : c'est vrai que, bus à l'aveugle, ils pouvaient être pris facilement pour des vins du Rhône septentrional (je sais de quoi je cause : je me suis fait avoir à plusieurs reprises...). Cela a duré quelques années. Et puis, d'après les témoignages d'amateurs éclairés, le terroir a repris le dessus : aujourd'hui, les 2003 "pinotent" allègrement, même s'ils n'auront jamais le style asthénique des millésimes froids. 


En 2015, toutes les régions n'ont pas été traitées à la même enseigne. Mais la Bourgogne fait partie des régions nettement plus ensoleillées que la moyenne des trente dernières années – entre 2 et 2.5 °C – ce qui est énorme (seul 2003 est au-dessus). Je suis loin d'avoir dégusté des centaines de Pinot 2015, mais ceux que j'ai bu sont souvent plus colorés et corsés que d'habitude, tout en ayant conservé une bonne fraîcheur (car les nuits d'été ont été plus fraîches qu'en 2003). Ce Hautes Côtes de Beaune du domaine des Rouges Queues en est un bon exemple.

La robe est grenat sombre aux reflets violacés. .

Le nez, sur des notes de rafle, de pépin (bien mûr), de raisin en fermentation, avec une p'tite pointe de volatile, fait encore très "brut de cuve".

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière étonnamment dense pour le cépage, et une belle tension amenée par une volatile très "barralienne". L'ensemble est bien équilibré, avec une vinosité affirmée, rarement perçue dans un vin rouge (plutôt dans le champagne ... à base de Pinot noir !).

La finale est puissante, vineuse (encore !), avec des tannins denses (mais bien mûrs). Ça accroche un peu, mais c'est de l'accroche comme on aime, façon canaille. Là aussi, on est dans le Barralien à donf. Je me demande d'ailleurs si à l'aveugle je ne serais pas parti sur un vin de ce producteur ;-)


vendredi 21 octobre 2016

Tire'vin vite : quand Bordeaux rime avec nature


Je ne sais pas si c'est la fameuse Loi des séries qui s'exerce, mais depuis quelques jours, tous les vins sans soufre que je déguste me plaisent beaucoup. Il y a eu d'abord Extra Libre en Cahors. Puis tous les vins du domaine Coste-Cirgues. Et puis voilà que le dernier-né du Château Tire-Pé, Tire'Vin Vite, s'ajoute avec bonheur à cette liste.

C'est un 100 % Merlot si j'en crois la fiche technique. Mais s'il eût été marqué Malbec, ça ne m'aurait pas choqué, tant la couleur sombre, les épices et les tannins denses vous mènent à la piste cadurcienne. On est très loin du cépage rondouillet/lisse/insignifiant auquel on a été trop souvent habitué. Là, il y a de la niaque et de l'expressivité. D'autant que la fougue de sa jeunesse n'est pas bridée par les sulfites. Il donne dont tout dès aujourd'hui. 

La robe est pourpre violacée très très sombre, opaque.

Le nez est expressif, gourmand, sur la crème de mûre/cerise noire, avec une pointe d'épices.

La bouche est ronde, veloutée, tonique, pleine de fruit et de fraîcheur, portée par une belle tension.

La finale savoureuse, épicée, est plus dense et ferme, avec des tannins bien présents – mais mûrs et harmonieux – dans un style plus cadurcien que bordelais.

Ce vin réclame donc un plat plutôt riche pour totalement les gommer : confit de canard, travers de porc, pièce de boeuf persillée... À moins de 10 €, c'est un bon rapport qualité/prix.

Allez, histoire de vous montrer que je ne vous raconte pas de blague, voilà ce qu'en disent les guides :

Guide RVF  2017 : "La toute nouvelle cuvée sans soufre est une invitation à l'expression du fruit mature, avec des tannins moelleux: un vin franc et direct, une pure gourmandise".

Bettane et Desseauve 2017: "un joli vin très naturel et juteux, avec un fruit magnifique..."


mercredi 19 octobre 2016

Coste-Cirgues : une révélation !


La rencontre avec Costes-Cirgues s'est faite l'hiver dernier à Vinisud. Il était mis en avant sur le stand que tous les vins du domaine étaient sans sulfites ajoutés. Même si je le regrette parfois après coup, je suis toujours tenté de les déguster. C'est Robin Althoff, l'un des deux fils de la propriétaire et vinificateur du domaine qui s'en charge. Je suis trèèès positivement surpris, et je lui fais comprendre qu'il n'est pas exclu que nous référencions ses vins. Le temps passe. Nous sommes un peu débordés par notre succès toujours grandissant. Et nous oublions Costes-Cirgues. Mais Robin ne nous oublie pas. Il nous recontacte. Il envoie même un échantillon pour qu'Eric R – qui n'était pas à Montpellier – puisse se faire son opinion. L'échantillon séduit beaucoup. La décision est donc prise de vous présenter les vins du domaine. Ils sont arrivés mardi dernier et ont été dégustés dans la foulée, histoire de vous en causer. Allez, c'est parti !



Assemblage de Grenache blanc, Viognier et Vermentino

La robe est d'un or intense.

Le nez est tout aussi intense, sur des notes d'abricot sec, de mirabelle rôtie, de safran, avec une très fine touche grillée.

La bouche est ronde, dense, charnue, d'une belle douceur tactile, avec une fine acidité (et un léger perlant) qui apporte ce qu'il faut de tension.

La finale est puissante et tonique, marquée par de nobles amers qui se prolongent longuement sur l'agrume confit, l'abricot et les épices.


Montplaisir 2014 (9.90 €)

Assemblage de Carignan, Grenache, Merlot et Mourvèdre

La robe est grenat translucide.

Le nez est digne d'un parfumeur, sur la gelée de fruits rouges (fraise, framboise), des notes fraîches de garrigue (ciste) et une pointe de benjoin.

La bouche est fine et élancée, avec une matière soyeuse et aérienne, délivrant un fruit très pur. L'ensemble est précis et digeste, avec la fraîcheur comme ligne directrice.

La finale savoureuse est finement mâchue, avec un retour sur la framboise et une touche de poivre blanc.


Saint-Cyr 2014 (14,00 €)

100 % Grenache noir

La robe est proche du précédent, peut-être un chouïa plus sombre.

Le nez est délicat et profond, sur des notes de tubéreuse, de pivoine, d'encens, avec une légère touche toastée.

La bouche est ample, soyeuse, avec une p... de tension sans que l'acidité ne ressorte, et une chair, une profondeur, mama mia.... j'adooore.

La finale a une mâche plus prononcée que Montplaisir, mais c'est de la belle mâche gourmande dont on se repaît avec démesure. Il y a un fruit, une énergie, qui relèvent du fascinant.

Nota : au bout de 48 heures, la tension est encore plus présente, avec un côté balsamique/résineux très italien, une fraîcheur renforcée et des tannins plus fondus en finale.


Bois du roi 2013 (14.00 €)

Assemblage de Grenache, Mourvèdre et Syrah

La robe passe à l'atramentaire.

Le nez est superbe, sur la liqueur de fruit noir, la violette, l'encens.

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière dense, profonde et une fraîcheur qui apporte tension et équilibre.

La finale est puissante, encore plus mâchue que Saint-Cyr, mais c'est p... bon ! Il y a toujours cette fraîcheur du Mourvèdre, les épices de la Syrah, la générosité du Grenache. Jouissif.



Trois livres à lire et à offrir


J'ai lu trois livres intéressants ces derniers semaines. Comme les fêtes approchent tranquillement, cela peut donner des idées de cadeaux. Mais vous avez aussi le droit de les lire. Ce sera toujours quelques heures passées de moins devant un écran. Et c'est des plus bénéfiques : je suis bien placé pour le savoir ;-)



À la rencontre des cépages modestes (29.00 €)

Le plus "beau livre" des trois, avec une couverture rigide et de jolies photos. Il a été écrit à l'initiative de André Deyrieux et de l'association "Rencontre des cépages modestes" qu'il préside. Avec l'aide de quelques membres – dont Philippe Meyer que les auditeurs de France Inter connaissent bien – il dressent le portrait d'une cinquantaine de cépages dit "modestes" et des vignerons qui participent à leur préservation. Modeste ne veut pas dire forcément rare. Le Cinsault, par exemple, est largement cultivé. Mais il est essentiellement destiné aux assemblages de rosés, ce qui est bien dommage : il peut donner naissance à des rouges d'une grande finesse, hélas trop rares. Ceci dit, la plupart des cépages cités dans le livre ne sont souvent cultivés que par quelques passionnés : qui connaît le Camaraou, le Chatus, le Mollard ou le Maillol ? Non seulement vous deviendrez incollable à leur propos après avoir lu ce livre, mais vous saurez en plus où vous rendre pour déguster des cuvées qui en sont issues. Ce sont rarement de grands vins, mais ils ont tout pour faire naître de belles émotions car ils s'écartent des sentiers battus, autant dans l'aromatique que la structure. Quoi de plus beau pour un amateur de vins que de perdre totalement ses repères et d'explorer des saveurs inconnues ?


Jamais en carafe de Sandrine Goeyvaerts (12.90 €)
Sauf si vous vivez totalement en dehors du Mondovino, vous avez dû entendre parler du premier livre de Sandrine Goeyvaerts. Sandrine, c'est la tenancière du blog la Pinardothèque qui a dépoussiéré l'image du vin – souvent compassée – avec un style qui n'appartient qu'à elle. Ce ton rafraîchissant et décomplexé a rapidement séduit les médias traditionnels comme Elle ou Le Monde. Après moultes articles et chroniques, l'étape suivante allait de soi : le livre !

Si vous vous attendiez à plein de détails sur sa vie trépidante, c'est râpé. Sa biographie se résume à une page, histoire d'expliquer pourquoi elle a pris la plume. Après, on passe directement au concret : ce qu'est la vigne, le travail qu'elle exige chaque année, les vinifications et l'élevage avec un évident souci pédagogique, avec toujours un esprit de déconne, histoire de rester dans le ton qui a fait son succès. 



Le lecteur apprendra à différencier les termes oxydés et oxydatifs (chose que beaucoup d'amateurs confondent allègrement), ce qu'est un vin orange (ignoré par encore pas mal de monde) ou un vin muté (malproprement appelé "vin cuit"...), mais aussi les différentes façon de produire un liquoreux ou un Champagne. 

Il saura ensuite la différence entre bio, nature et biodynamie, de l'utilité des sulfites ou des colles. 

Sandrine essaie ensuite de rassurer : déguster n'a rien de (très) compliqué. Il y a juste quelques trucs à connaître. Après, c'est comme tout, il faut s'entraîner. 

Suit une partie bien fournie sur les critères pour choisir un vin. Première chose : ne rien acheter en dessous de 4 €.  C'est vrai qu'une fois qu'on enlève la marge du revendeur, le transport, le prix de la bouteille et du l'étiquette et du bouchon, il ne reste  plus grand chose pour produire un vin correct. Elle met ensuite à mal les clichés comme quoi un vin serait forcément mauvais s'il est produit par une coop et forcément bon par un petit producteur. Idem pour les AOP/vins de table. Dans les deux catégories, il y a du bon et du nettement moins bon... Elle explique comment reconnaître un bon d'un mauvais caviste, aide à décrypter une étiquette, décrit les différents type de bouchons avec les avantages et les inconvénients. 

Une fois que l'on a constitué sa cave, reste à savoir comme le conserver, le servir, seul ou avec des plats. Là encore, tout est très détaillé, avec toujours de l'humour et de la décontraction. 

Je ne peux que partager sa conclusion. Soyez Curieux :

- en allant à la rencontre des vignerons et des amateurs 

- en acceptant de déguster des vins inattendus, même s'ils semblent éloignés de vos goûts habituels. Il y a une chance que vous finissiez par les adorer !

Bref, une fois que vous aurez lu ce livre, vous en saurez plus qu'une bonne partie des amateurs, sans avoir les gros clichés qui leur encombrent la caboche. Ils ne reste alors plus qu'à partir vers l'aventure, mais là, c'est à vous de jouer !


Nihonshu : le saké japonais de Gautier Roussille (20.00 €)

Il n'existe que peu d'occidentaux qui aient travaillé dans une kura afin de vivre au quotidien la fabrication du nihonshu. Il fallait certainement en passer par là pour en comprendre toutes les subtilités. Car la transformation du riz en alcool est nettement plus complexe que celle du raisin. Elle nécessite plus d'étapes – le riz ne contient que de l'amidon – et repose sur de nombreux facteurs. Il y a des centaines d'années d'expérimentations et de traditions – très bien retracées dans le livre – qui ont été adaptées/modifiées au fil des contingences et des connaissances scientifiques. Il n'existe que peu de kura qui soient 100 % traditionnelles, car cela ne donne pas toujours les meilleurs  nihonshu (un peu comme dans le vin, en fait, où "faire à l'ancienne" aboutit souvent à des résultats improbables). 

Chaque étape est très détaillée. Cela démarra au choix du riz, de son polissage, de la durée du trempage, de sa cuisson, de la proportion de riz cuit qui sera ensemencé par le koji (pour transformer l'amidon en sucre... mais pas que), de la façon de faire le pied de cuve – très complexe, mais vital pour la suite – de l'ajout progressif  du trio riz ensemencé/riz cuit/eau – la proportion de chacun donnera des résultats différents. Puis vient la fermentation proprement dite où interviennent de nombreux micro-organismes même si les Saccharomyces Cerevisiae mènent le bal. Après, il faut savoir quand décuver, puis pressurer le plus délicatement possible, diluer – ou non – le nihonshu (plusieurs méthodes possibles), le clarifier, le pasteuriser (pas obligatoire mais préférable). L'embouteiller ( ou non : il peut être vendu dans des petits fûts en cèdre). Selon les choix validés à chaque étape, le produit final sera très différent et n'aura pas la même "appellation". 

Tout cela parait très compliqué ... mais le livre l'explique très bien. Absolument indispensable pour ceux qui veulent découvrir le nihonshu !

Pour l'acheter, il faut aller ICI.

mardi 18 octobre 2016

Trois argiles : le tendre idéal


Lorsque je m'étais rendu au mois de mai chez François Pinon, celui-ci m'avait fait déguster une majeure partie de sa gamme. Avec toutefois quelques impasses. Les Trois argiles 2015 en faisait partie. Ne sachant pas trop ce qu'il valait, nous n'en avions pas pris. Et puis, vu que les vins de ce domaine se vendent bien, nous nous sommes enhardis : nous avons pris quelques cartons de cette cuvée. Dans un but purement informatif, j'en ai ouvert une bouteille. Eh bien, je regrette que le vigneron ne nous l'ait pas fait goûtée il y a cinq mois, car c'est certainement le 2015 qui se goûte le mieux actuellement : moins austère que le Silex noir et que le Vouvray, moins "monstrueux" que le Déronnières qui doit encore digérer sa richesse. Typiquement le genre de vin que j'adore :-)

La robe est jaune paille.

Le nez est expressif et gourmand, sur la poire confite, l'ananas et la frangipane. 

La bouche est tendue comme un arc, avec une acidité bien enrobée par une matière dense, mûre et fruitée, riche sans être grasse. L'équilibre est juste parfait (sans le côté ch... que peut avoir parfois la perfection, si ça peut vous rassurer).

La délicieuse finale associe une mâche crayeuse à la noble amertume du Chenin, entre écorce d'orange confite et pâte de coing. Il y a une tendreté évidente, mais le sucre reste discret, permettant de boire ce vin aussi bien à l'apéritif qu'au dessert, de l'apprécier sur un foie gras ou un tajine. Bref, le tendre idéal ;-)

À 13.95 €, cela me semble une très belle opportunité (sans parler que dans dix ans, il devrait atteindre une autre dimension).


lundi 17 octobre 2016

Le Petit Enclos blanc : l'affaire du moment ?


J'avais dégusté ce Petit Enclos blanc en avant-première à Vinisud : alliant rondeur et fraîcheur avec un grand naturel, il m'avait bien plu. Aussi dès qu'il a été dispo, nous en avons fait mettre de côté. Je l'ai récupéré il y a deux semaines à la propriété où j'ai pu le regoûter en compagnie de sa génitrice, Aurélie Balaran. Là encore, je l'ai vraiment apprécié.


C'est un assemblage peu courant entre deux cépages gaillacois, le Mauzac et l'Ondenc (50/50, pas de jaloux). Tout est fait en cuve, histoire de bien garder la typicité et le fruit. On peut se demander pourquoi personne ne l'avait pas été fait avant ...  car c'est une combinaison gagnante !

La robe est jaune pâle.

Le nez est appétissant, sur la pomme fraîche, le zeste de pomelo, avec une pointe de rose et de craie mouillée.

La bouche est ronde, friande, avec une chair pulpeuse, gourmande, rafraîchissante, d'un équilibre quasi parfait sans qu'il y ait besoin que l'acidité pointe son nez. Il y en a, certes, mais elle reste en arrière-plan. Idéal donc pour les gens qui craignent les vins acides/tranchant mais aussi les vins lourdauds comme on en trouve souvent en Rhône Sud. Et puis ce n'est pas que gourmand. C'est aussi gourmet, avec cette rose qui continue à faire très discrètement son effet.

La finale allie finement amertume et astringence. Juste une pincée de chaque pour ne pas conclure sur du pataud. C'est légèrement salivant, avec des saveurs fruitées et épicées, et une petite touche saline en finale. Bref, on se régale du début à la fin sans la moindre fausse note*.

La bonne nouvelle, c'est que ça ne coûte que 9 €. Non seulement c'est une belle affaire au vu du contenu, mais en plus le contenant – bouteille et étiquette – fait plutôt haut de gamme. Le genre de quille que l'on peut amener chez des amis sans avoir honte. 
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* Que l'on soit d'accord : ce vin n'a pas la complexité d'un Clos Saint-Urbain de Zind-Humbrecht ou même d'un Irouléguy blanc de Bordaxuria. Mais il est d'une gourmandise assez irrésistible et un modèle d'équilibre oenologique.


vendredi 14 octobre 2016

Poulsard en Chôné : irréelle légèreté


Nous n'avons pu avoir toutes les références souhaitées chez Pignier – encore un vigneron jurassien qui est dévalisé par les pros et les amateurs – mais tout n'est pas totalement perdu : nous avons reçu quelques cartons de Percenette 2014, de Trousseau 2015 ... et de Poulsard en Chôné. Pour celui-ci, c'était une première, mais sûrement pas une dernière, car c'est carrément Love at the first sight*. 

La robe des plus translucides, entre vermillon et rubis,  fait penser à pinot bourguignon.

Le nez est discret, laissant apparaître après aération des petits fruits rouges, une pointe d'orange sanguine et de poivre Voatsiperifery (poivre sauvage de Madagascar, mon préféré). 

La bouche est ample, aérienne, avec une matière soyeuse quasi impalpable, fruitée et fraîche qui vous envahit le palais. L'ensemble n'est pas d'une complexité folle – ça, on en reparle dans 10-15 ans – mais il dégage une pureté, une sincérité ... qui vous le rendent immédiatement attachant. 

Ce qui est encore plus appréciable, c'est que la finale ne rompt pas le charme : elle est certes un peu plus terrienne, avec une très fine mâche poudreuse, mais ses arômes friands de griotte épicée finiront par vaincre vos dernières résistances. Ça y est, vous êtes accro. 

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* Amour au premier regard. Coup de foudre, quoi




jeudi 13 octobre 2016

Eos, granit liquide


Comme cela se pratique dans le Sud-Ouest, plusieurs de nos vignerons du Roussillon distribuent leurs vins via une plateforme. Ce qui nous donne la possibilité de commander en même temps des vins de certains de leurs confrères. C'est ainsi que nous avons référencé pour l'instant deux cuvées du domaine Laguerre (le Ciste n'était pas disponible). Celui-ci ne nous pas attendu pour se forger une belle réputation. Ce qui est intéressant, c'est qu'il est établi sur des sols encore différents de Roc des Anges, Olivier Pithon et de Danjou-Bannessy. Nous sommes ici sur des coteaux granitiques pour les vignes les plus élevées, sur des arènes granitiques pour les plus basses (comme Modat, donc). 

Ici, nous sommes sur le "petit blanc" du domaine. Mais l'on sent déjà une exigence, voire une intransigeance. Rien de flatteur ou d'aromatique. Essentiellement du minéral et de la tension, sans chichi. 

La robe est jaune très pâle, brillante.

Le nez est fin et pénétrant, sur des notes de fruits blancs, de pierre à fusil et de plantes aromatiques (fenouil, sauge).

La bouche est ample, enveloppante, avec une matière aérienne, digeste, et une fraîcheur/tension bien présentes sans que la moindre acidité ne saille.

La finale évoquerait presque un chenin sur calcaire, avec ce mix amertume/astringence, si ce n'est que l'aromatique garrigue/pierre chaude vous emmène plus au sud. Le tout se prolonge sur des notes amères/salines peu banales qui donnent envie de l'essayer avec des plats utilisant l'olive verte... ou la sauge. 


mercredi 12 octobre 2016

Cahors Extra Libre : d'la bombe !


J'avoue que je l'attendais un peu au tournant, celui-là... L'année dernière, Extra-Libre m'avait épaté alors que ce n'était pas un millésime forcément facile. En 2015, il devait être logiquement un cran au-dessus. Après avoir goûté, j'aurais tendance à dire que oui ... mais bon : je me méfie des comparaisons à 11 mois de distance. J'invite ceux qui l'ont dégusté l'année dernière à se faire leur propre idée. De toute façon, il est certain qu'ils ne seront pas déçus. Et ceux qui ne l'ont pas goûté n'ont rien à regretter : ce 2015 est au moins aussi bon que son prédécesseur. Par contre, ne tardez pas trop: l'année dernière, cette cuvée avait été épuisée en un mois... 

Le robe est pourpre violacée intense, à peine translucide. 

Le nez intense allie grande maturité et fraîcheur, sur la liqueur de fruits noirs, la violette et le benjoin, avec une petite pointe poivrée/mentholée.

La bouche est ronde, ample, veloutée, avec une matière à la chair dense, méga-fruitée, au grain serré des plus tactiles, et surtout une grande sensation de fraîcheur (et d'équilibre, donc).

La finale a une mâche d'une gourmandise irrésistible, avec un fruit mûr explosif et toujours cette fraîcheur mentholée, et puis des épices en pagaille qui apportent de l'allonge. Vraiment d'la bombe, et je ne pense pas survendre la chose... 


mardi 11 octobre 2016

Vous reprendrez bien de l'Aligator ?


Les 2015 du Domaine des Rouges-Queues sont arrivés il y a quelques jours. Et parmi eux, habilement caché entre un carton de Maranges et quelques bouteilles de Santenay... un Aligator ! Rassurez-vous, il n'a mangé aucun membre du personnel de Vins étonnants. C'est juste la nouvelle cuvée d'Aligoté du domaine. Heureusement que c'est indiqué sur la bouteille, parce que franchement, en le dégustant à l'aveugle, on partirait sans trop hésiter sur un Chardonnay (rappelons qu'ils sont frères d'un point de vue génétique, rien de trop surprenant, donc).

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est des plus avenants, sur les fruits blancs bien mûrs, la noisette fraîche, avec une touche de fleur blanche et de beurre tout juste sorti de la baratte.

La bouche est ronde, fraîche, friande, avec l 'impression de croquer dans le raisin, et un naturel, une buvabilité à la limite du dangereux (peut-être pour ça, l'aligator ?...)

La finale est savoureuse, avec une fine mâche crayeuse et un retour gourmand sur les fruits blancs, puis quelques notes salines.

Un vin à faire déguster à ceux qui disent pis que pendre sur ce pôvre cépage...

lundi 10 octobre 2016

La tire : ça pousse !


C'est assez logique : le 27 octobre 2015, je vous ai parlé du premier millésime de la Tire. Quasiment un an plus tard, voici venir le 2015. Je viens de relire ce que j'avais écrit alors. Je pourrais faire quasiment un copier/coller, à quelques nuance près. Mais bon, comme il faudrait que je réfléchisse assez longuement aux adjectifs/verbes/substantifs que je conserve ou que je modifie, je préfère repartir de zéro, ce sera plus simple ;-)

Pour rappel, La Tire provient du secteur schisteux de Fitou, avec un assemblage de Carignan (60 %, en vendange entière) et de Syrah (40 %, égrappée). Les deux sont réunis en cuve pour la fermentation alcoolique. 

La robe est grenat très sombre aux reflets violacés.

Le nez est étonnamment aérien, sur le coulis de fruits noirs (mûre, cerise), les épices douces, avec une touche lactée/fermentaire lui donnant un côté "brut de cuve".

La bouche est énergique, avec une matière dense et juteuse bourrée de fruits et d'épices (cannelle, girofle) et une sensation de fraîcheur sans que l'acidité soit perceptible (la magie du schiste ?). Le toucher est plutôt velouté, avec des tannins bien mûrs qui demandent encore à se fondre un peu (mise récente).

La finale a une mâche affirmée sans que ce soit dérangeant (mais reconnaissons que ce n'est pas un "vin de fillette"), toujours sur ce fruit pétaradant et ces épices, se prolongeant sur des notes de poivre cubèbe. Cela aurait pu faire – ou fera –  un joli vin de BBQ. Mais pour l'hiver qui vient, mon p'tit doigt me dit qu'il accompagnera avec bonheur daubes, cassoulets et autres confits. 



vendredi 7 octobre 2016

Plongeon dans la Loire !


Lors de notre précédente séance, plusieurs participants avaient émis le souhait d'explorer cette belle région viticole qu'est la Loire. Comme je ne suis pas un garçon contrariant, j'ai farfouillé dans nos rayons pour leur présenter une palette assez représentative de cette belle région. Je ne suis pas remonté jusqu'à la source de la Loire – le Forez –  mais maintenant qu'on en parle, je me dis que ça pourrait bien être le thème de la prochaine soirée... 


Pour l'apéro – des rillettes de poisson – j'ai servi un Muscadet Clos des Briords 2015 du domaine de la Pépière. Comme il a été servi bien frais, c'est sa vivacité qui est mise en avant, et il n'en manque pas. Si vous le dégustez à 15 °C, vous aurez un vin très différent qui est décrit ICI, plus profond, plus ample et minéral. Et si vous attendez 10-15 ans, ce sera assurément une très belle bouteille (le plus dur étant de ne pas boire tout le stock avant...). À moins de 9 €, c'est une superbe affaire !


La dernière fois, nous avions beaucoup aimé le saumon préparé par le chef. Il revient sous une autre forme –  en tartare – avec du pamplemousse ... et du citron caviar (excellent idée !). L'objectif était d'accompagner deux vins issus du cépage Sauvignon. Les amateurs de buis et de pipi de chat n'auraient pas été à la fête. Le Sauvignon Vinifera 2015 de Marionnet avait un nez superbe, entre rose, mangue et agrume confit. Sa bouche précise alliait une matière bien mûre à une acidité fine et élancée. La finale, intense, était d'une gourmandise assez irrésistible. Un très joli vin ! Le Pouilly-Fumé 2013 signé Pierre-Olivier Bonhomme vient en fait de chez Alexandre Bain. Et cela se sent : la robe est d'un or prononcé. Le nez est marqué par la rose séchée, les épices et une fine pointe oxydative. La bouche est ample, riche, limite grasse, équilibrée par une bonne fraîcheur. La finale est dominée par les épices. Avec l'aération, les notes oxydatives ont tendance à prendre aromatiquement le dessus. Donc, pour profiter au mieux du vin, c'est tu ouvres, tu bois. Après, sur un plat plus adapté (volaille aux épices ? Ris de veau caramélisé ?) il fera certainement un excellent compagnon. Ceci dit, tous les convives l'ont beaucoup apprécié. 


Nous restons sur le thème du poisson avec un filet de bar au jus de pamplemousse réduit au sirop, julienne de légume et quinoa. Comme nous avions eu la dernière fois un Chenin de Touraine, j'ai amené cette fois-ci un Chenin d'Anjou : Effusion 2014 de Patrick Baudouin.  Le nez est assez subjuguant, conjuguant délicatesse et profondeur, sur des notes de pierre à feu (terroir en partie volcanique), d'ardoise chauffée au soleil (schistes carbonifères) mais aussi des notes plus typiques : poire mûre, citron confit, touche de coing. La bouche est à l'avenant : délicate et ciselée, mais l'on sent en arrière-plan une véritable énergie tellurique qui ne demande qu'à émerger. C'est déjà super bon aujourd'hui. Dans 10 ans, ça devrait être une bombe ! En face, un Cour-Cheverny François 1er  2010  du domaine des Huards, issu de très vieilles vignes de Romorantin – le cépage, pas la ville –  plantées en 1922 (soit 94 ans au compteur !). Michel Gendrier aime commercialiser ce vin lorsqu'il a 5 ans de bouteille, car il commence à partir sur des notes tertiaires. C'est vrai que le  nez ferait plutôt penser à joli Chardonnay d'une dizaine d'année (ils sont frères génétiquement). Mais la bouche est encore d'une jeunesse pétulante, avec une acidité expressive typique du millésime 2010. Elle a encore tendance à dominer le reste, même si on sent qu'il y a dans ce vin une sacrée belle matière. Mon expérience récente d'un magnifique 2002 de cette cuvée me laisse penser qu'à partir de 2020, ce 2010 devrait commencer à dévoiler tout son potentiel (et en 2025, ce devrait être encore mieux !).

Bon, il y avait tout de même des rouges, hein. Je les ai servis avec du Saint-Nectaire, l'un des fromages qui ne les massacre pas (à condition de ne pas manger en même temps la vinaigrette de la salade ...). Face à face, deux vins issu de Cabernet-Franc : à ma gauche, la Pépie 2015 du domaine de la Pépière. Comme je l'avais écrit ICI, ce vin est une bombe de fruit d'une rare gourmandise. Si le Cab'Franc de Loire était toujours aussi jouissif, il aurait beaucoup plus d'adeptes (tout ça pour 6.30 € !). À ma droite, un Chinon "Les folies du noyer vert" 2011 du domaine de l'R. Un nez qui paraît par contraste beaucoup plus austère, sur des notes de poivre de cassis et de ronce. La bouche a une matière nettement plus dense que le précédent, mais sans le moindre tannin qui dépasse, dans un style fruité/velouté. L'ensemble est tendu par une belle acidité, et la finale savoureuse ne montre aucune dureté. Ce vin peut donc se boire sans problème aujourd'hui – sur une côte de boeuf, par exemple – mais il commencera à gagner en complexité dans une bonne dizaine d'années. 

Pour le vin de dessert, il fallait surprendre. Aussi ai-je choisi un vin de 44 ans d'âge : un Coteaux de l'Aubance 1972 du domaine de Bablut. L'ouverture vers 15 h a été un peu délicate : le bouchon bien imbibé s'est cassé en plusieurs morceaux. Malgré tout, j'ai fini par tout retirer sans trop de débris. Je m'en suis versé un verre pour m'en remettre (mais n'en ai bu qu'une mini-gorgée). La robe fait très or en fusion, sans reflets ambrés/cuivrés. Donc a priori pas d'oxydation. Le nez évoque la mangue séchée, le coing confit, avec une pointe d'encaustique. La bouche est vive, fraîche, avec une acidité quasi tranchante. Celle-ci est enrobée par une matière dense et mûre, entre agrumes confits et miel de châtaignier. La fine est douce/amère, sans lourdeur, plutôt persistante.  Pour être honnête, je suis déçu en bien, comme disent nos amis suisses. Je ne l'attendais pas à un tel niveau. Le soir, il paraît un peu plus fatigué même s'il a de beaux restes. Il faut donc faire comme avec le Pouilly-Fumé évoqué plus haut : tu ouvres, tu bois

Le dessert, un cheese cake aux fruits exotiques, était un pur délice et s'accordait bien au vin (même si un vin plus jeune eût été plus pertinent). Il a conclu une soirée très sympa, pleine de découvertes pour beaucoup de convives. Nous nous retrouverons à Limoges le mois prochain. Et la semaine prochaine, il y a une soirée à Saint-Yrieix avec comme thème... le Languedoc !