vendredi 30 octobre 2015

Y a pas que Jean-Claude qui est Bourret...


...il y aussi le Terret ! Comme je l'avais expliqué en évoquant le millésime 2011, le Terret-Bourret était probablement le cépage blanc le plus planté dans le Languedoc au XVIII-XIXème siècle car il servait à produire des eaux de vie et des vermouths. Aujourd'hui, il ne s'en fait plus guère, et comme ce n'est pas un cépage aux arômes flatteurs comme peuvent l'être le Muscat ou le Sauvignon, il a été progressivement abandonné. 
On le trouve fréquemment dans des assemblages de blancs languedociens, car il en reste toujours ici et là quelques pieds qui n'ont pas été arrachés, mais il est rarissime en monocépage. Cette cuvée Emmenez-moi au bout du Terret mérite donc que l'on s'y intéresse si l'on est un tant soit peu curieux. Et si vous me lisez, c'est que vous l'êtes ;-)
La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est aérien et intense à la fois, sur des notes de beurre au citron, de caillou chaud, avec une touche lactique (yaourt/pâte en train de lever).

La bouche est ronde, fraîche, croquante, avec une sensation de grande digestibilité, pas sudiste pour un sou. En mangeant (du fromage  : Sainte-Maure et scarmoza fumée), le vin gagne en éclat, en expression, en chair, en fruit, tout en gardant sa fraîcheur, prenant des accents quasi-chablisiens. Et du coup, il est difficile de ne pas se resservir. Et de se resservir encore.

La finale a un côté très "minéral/salin" avec l'impression de lécher du sel gemme. Cette sensation saline perdure assez longuement. Il y a vraiment quelque chose d'unique dans ce vin, même s'il demande au dégustateur plus d'effort pour "aller le chercher". Quitte à aller au bout du Terret...


jeudi 29 octobre 2015

Poycelan : meilleur rapport qualité/prix de l'univers ?


En juillet 2014, j'avais qualifié le Poycelan 2013 de tuerie. Un an plus tard, j'ai dégusté le Poycelan 2014 au domaine alors qu'il était encore en cuve, et j'ai eu un vrai coup de coeur : l'un des plus beaux gamays jamais dégustés de ma vie. Peu de dire que j'avais hâte d'en recevoir à notre entrepôt pour vous le faire découvrir. Il est enfin arrivé en fin de semaine dernière. J'ai patienté jusqu'au mercredi pour en ouvrir une, ce qui montre une force de volonté digne d'un Jedi.
On sent qu'il est encore un peu "comprimé" et fermé après sa mise en bouteille. Vous avez donc intérêt à l'ouvrir 24 h à l'avance en en retirant un verre, ou en carafant le vin quelques heures.
Le robe est pourpre sombre, bien violacée, tout en restant translucide.
Le nez est réduit au départ, sans qu'il soit vraiment désagréable. En s'aérant, il gagne en expressivité sur les  fruits noirs sauvages bien mûrs (prunelle, sureau), la cerise noire, les épices et des notes ferreuses, légèrement fumées. Un  peu de rafle mûre, aussi.

La bouche est toute en rondeur, avec une matière charnue, pulpeuse, pleine de fruit, et une fraîcheur tonique renforcée par des notes végétales (menthol, ciste, poivre cubèbe).

La finale est très savoureuse, d'une grande intensité aromatique, avec une fine mâche renforcée par des notes salines et ferreuses (sanguines) et de nouveau mentholées/poivrées.
Ayant le sens du sacrifice, je l'ai regoûté ce matin à 8h20. Il est encore meilleur qu'hier soir. C'est vraiment une petite merveille. A 9 € la bouteille, ça doit être l'un des meilleurs rapports qualité/prix de tout l'univers.


mercredi 28 octobre 2015

Diana, princesse du Forez


La cuvée Diana existe depuis plusieurs années, mais nous ne l'avions jamais prise, de peur qu'elle ne cannibalise La vigne d'Aldebertus. Après l'avoir dégustée en juillet dernier au domaine, j'ai convaincu le chef de la référencer, car elle offre un profil différent de sa "consœur". Issue de raisins (Viognier) un peu moins mûrs, on est sur un registre un peu plus sobre, sans sucres résiduels

La robe est or clair, laissant échapper des larmes sur les parois du verre.

Le nez est expressif et intense sur l'abricot, la pêche rôtie, la fleur d'acacia et le bonbon à la bergamote.

La bouche est ronde, ample, avec une matière riche, légèrement onctueuse, contrebalancée par une fraîcheur pure et éclatante. Le vin réussit ainsi à être équilibré malgré son exubérance.

La finale fruitée se prolonge assez longuement sur des notes salines et finement amères. C'est vraiment très bien fait, et devrait séduire même les personnes qui n'aiment pas habituellement le Viognier, le trouvant too much, pour être poli ;-)

http://www.vins-etonnants.com/prets-a-boire-316/la-vigne-d-aldebertus-2014-5003.html



mardi 27 octobre 2015

La tire : du fruit, et encore du fruit !


La Tire est est-elle un clin d'oeil à la Rolls Royce de Madiran ?  Officiellement non. C'est un hommage à la deudeuche qui est née la même année que l'AOC Fitou dont provient cette cuvée (de Villeneuve-les-Corbières, plus précisément). 

C'est un assemblage de Carignan (60 %, en vendange entière) et de Syrah (40 %, égrappée). Les deux sont réunis en cuve pour la fermentation alcoolique. 

La robe est pourpre violacée sombre, à la limite de l'opacité.

Le nez est explosif, sur la crème de fruits noirs, les épices et une pointe végétale pour la fraîcheur (menthol/eucalyptus).

La bouche est total raccord, à savoir toute aussi explosive, avec un fruit intense, frais, vibrant, et une matière charnue, veloutée.

La finale est mâchue, légèrement accrocheuse, mais c'est tellement gourmand qu'on l'oublie totalement. Avec un plat un peu riche, les tannins seront gommés sans problème.
 
Cette nouvelle cuvée montre une nouvelle facette des talents de Jeff Carrel qui ne nous avait jamais fait un vin rouge aussi fruité et spontané (c'est souvent plus "travaillé"). Le prix ? 8,90 € à l'unité (mais moins cher en quantité plus importante - c'est l'une des innovations de notre nouveau site).


lundi 26 octobre 2015

L'italie, du nord au sud


Mercredi dernier, une nouvelle session du "Club Vins Etonnants" avait lieu à La Cadole à Limoges. Cette fois autour des vins italiens, avec un menu inspiré de la cuisine transalpine. La production de ce pays est si variée que ce n'était forcément pas exhaustif. L'idée était de faire découvrir d'autres cépages, d'autres saveurs. Je crois que nous avons été servis.


Nous n'avons pour l'instant pas de méthodes traditionnelles provenant d'Italie. Je me suis donc rabattu sur un Moscato d'Asti de Bera pour démarrer le repas. Je m'étais dit qu'avec le sel du jambon cru, le sucre du vin (150 g/l, tout de même) passerait pas trop mal. Et ce fut le cas, même si ce n'était pas parfait. L'acidité et le gaz carbonique apportaient une belle fraîcheur, le rendant digeste, et la bouche alerte pour passer aux vins suivants. 


Le vin suivant venait de Sicile : Rami 2012 de COS est un vin orange (les peaux des raisins ont macéré une dizaine de jours avec le moût en fermentation). Sa couleur est plus intense qu'un blanc classique (orange!) mais surtout il a une structure tannique inattendue, ainsi qu'une grande puissance aromatique (sur les fruits secs, l'écorce d'agrumes et les épices). Même si ce vin est l'un des vins oranges les plus civilisés que j'ai pu boire, il a décontenancé pas mal de convives. Le risotto, avec sa crème au parmesan, l'a rendu beaucoup plus aimable et surtout, lui a donné du sens : c'est un vin de gastronomie et non d'apéro !


Pour le plat suivant – un osso buco, forcément – j'avais servi deux "vins de femme" en parallèle : le Frappato 2012 d'Ariana Occhipinti (Sicile) et le Teroldego 2012 d'Elisabetta Foradori (Dolomites). Le premier est tout en finesse, rappelant un Bourgogne dans son équilibre et sa texture, si ce n'est que des arômes de garrigue laissent imaginer un tout autre environnement des vignes. Le second est beaucoup plus concentré, puissant, avec une aromatique de fruits noirs et d'épices plus classique. En dégustation seule, le premier remporte les suffrages grâce à son élégance (1-0). Par contre, la sauce tomate du plat renforce son acidité et le rend un peu moins aimable. Alors qu'au contraire, le second vin gagne en rondeur et en gourmandise (1-1). Egalité ? Pas sûr : le Frappato a plus touché les cœurs et les esprits, je pense. 


Le dernier vin rouge venait de Toscane, et faisait une sorte de synthèse des deux précédents : l'acidité et la fraîcheur du premier vin (et des arômes de garrigue), la densité du second. Ce Chianti 2007 a malgré tout divisé l'assemblée, car nettement plus typé, ne ressemblant pas du tout aux vins rouges français. Cela demande donc une habituation progressive ;-) Le chèvre aux herbes lui a bien convenu. 


Les muffins aux amandes et abricots secs accompagnaient le Vin Santo 2007 de Sorelle Palazzi. Ce "vin de paille" a fait pour le coup l'unanimité. Il faut dire qu'il est absolument irrésistible, et que le dessert le rendait encore meilleur ! Voici ce que j'écrivais à son sujet il y a peu : "la robe est entre le cuivre en fusion et le vermeil. Le nez est foisonnant sur l'abricot sec, la datte, le pralin et le toffee. La bouche est ample, riche, d'une grande onctuosité, envahissant le palais par strates soyeuses successives. L'ensemble est toutefois équilibré, plutôt frais, ne tombant jamais dans le too much. La finale est longue et intense, entre marmelade d'abricot, écorces d'oranges confites et épices de Noël."

Un joli bouquet final à cette soirée instructive, loin des sentiers battus...

jeudi 22 octobre 2015

Monfarina : la Savoie, bonne et abordable


Comme dans beaucoup de régions viticoles françaises, les (bons) vins de Savoie ont connu une inflation des prix ces dernières années. Quelque part, c'est une forme de reconnaissance de leur qualité. Mais malgré tout, il arrive trop trop souvent qu'il y ait une déconnexion entre le prix payé et ce que vous avez dans le verre.

Ce n'est pas le cas de ce Monfarina du domaine Giachino vendu à moins de 10 €. Même si le cépage est le même que celui des Apremont acides servis avec les fondues dans les stations de ski, on  a du mal à le reconnaître, car on a affaire à une matière bien mûre qui sait rester fraîche ... et digeste (10.75 % vol.). Il faut dire que la plupart du temps, ils sont vendangés à 9 ° potentiels, puis chaptalisés, comme cela se pratique aussi dans le Muscadet. Par ailleurs, ce vin est très peu sulfité (24 mg/l de SO² total) ce qui peut expliquer qu'un peu de gaz carbonique ait été laissé pour protéger le vin (il disparaît assez vite à l'aération).

La robe est jaune paille.

Le nez est expressif et ouvert, sur la pomme chaude, la mirabelle et les fleurs blanches (acacia).

La bouche est ronde, fraîche, pure et limpide comme un torrent alpin, avec en arrière-fond des notes pierreuses/salines... et une pointe citronnée (comme si l'on avait versé un peu de jus de citron dans le verre).

La finale finement astringente se poursuit sur ces notes minérales/citronnées. Ce n'est pas très long, mais on a la rare sensation que ce vin "dessoiffe" pour reprendre une pub de ma jeunesse. A boire avec modération, malgré tout ;-)

Ce Monfarina sera aussi à l'aise avec l'apéro qu'avec des huîtres, un poisson grillé ou un fromage de chèvre. Bref, multifonction, bon, bio, peu sulfité. What else ?


mercredi 21 octobre 2015

Pécharmant : rugbyman en tutu


J'avais déjà eu l'occasion de déguster le Pécharmant de Barouillet lors de salons. Il m'avait franchement convaincu. Mais depuis que nous l'avions référencé, je n'en avais pas ouvert une bouteille. Comme nous nous venons de recevoir une nouvelle palette du domaine, je me suis dit "allez, c'est le moment ou jamais d'en parler".
Même si pour une cohérence de gamme, ce vin affiche le nom de Barouillet, il est fait sur un autre domaine de la famille Alexis (4,5 ha) et vinifié dans un chai situé sur celui-ci, histoire de ne pas faire voyager les raisins sur les routes bergeracoises. Il sert un peu de laboratoire puisqu'il a été converti au bio en 2010, avec une utilisation minimale du cuivre et du soufre - grâce à l'utilisation de la phytothérapie.
Nous sommes sur un assemblage de Merlot (60 %) Cabernet Sauvignon (20 %) et Cabernet Franc (20 %). Ce n'est pas forcément le plus typique de l'appellation qui se distingue souvent par l'utilisation du Malbec qui se plait bien dans ce secteur.
La robe est pourpre sombre, légèrement violacée.

Le nez est à la fois bien mûr – fruits noirs confits, dont la mûre et la cerise – et vif/tonique  – grâce à une volatile "positive" (eh oui, ça arrive de temps en temps) – avec en plus du noyau évoquant le guignolet et des épices (fève tonka). Bref, un nez qui donne envie d'y tremper ses lèvres.

La bouche commence ronde et soyeuse, avec un fruit expressif et cette belle sensation de fraîcheur apportée par l'acidité volatile qui s'étire longuement jusqu'à la finale. En milieu de bouche, les tanins se font plus un peu plus présents, nous rappelant que c'est un vin du Sud-Ouest appelant le confit de canard,et non un vin "glouglou" pour apéro bobo.

La finale confirme le registre "vin d'hiver" avec une mâche affirmée, avec un retour sur les fruits et les épices.
On sent les limites du millésime 2013, pas facile dans la région, mais aussi le talent du vigneron/vinificateur d'avoir réussi aussi bien dans ce contexte. On imagine qu'en 2014 et 2015, le vin devrait être d'un autre niveau. En tout cas, pour 9,50 €, il n'y a vraiment rien à redire. Et l'étiquette est très jolie, en plus ;-)
J'ai entendu l'expression "rugbyman en tutu" dans la bouche de l'œnologue de Troplong-Mondot qui qualifiait ainsi les vins du domaine. Un mélange de puissance brute et de grande élégance. Là, c'est un peu pareil : l'étiquette et le nez de ce vin vous laisse imaginer un vin tout en finesse. Alors qu'ils s'avère au final plutôt viril. Comme quoi, le tutu ne fait pas le danseur ;-)




mardi 20 octobre 2015

Les petits dragons sont de retour !


Avis aux amateurs : nous avons pu avoir une soixantaine de bouteilles de Petits dragons. Vu que le 2013 était en rupture depuis six mois, nous pensions que nous avions reçu du 2014. Sur l'étiquette, aucune  mention des deux millésimes...  Mais lorsque l'on enlève la capsule... surprise : c'est du 2013 ! Donc, nous assistons  à un come-back du vin qui nous avait enchanté en janvier dernier.
 
La robe a une belle couleur dorée.

Le nez est fin, profond, sur le coing (le Chenin), l'ananas, la mangue (le Petit Manseng) et une pointe de beurré/fumé/grillé (l'élevage).

La bouche est ronde, ample, avec une acidité éclatante  qui tend et étire le vin. 

La finale tonique est dominée par l'amertume, sur des notes de bigarade et de quinquina et retour sur le fumé/grillé. Le sucre résiduel est quasi imperceptible (ah bon, il y en a ?).  A 9 € la bouteille, c'est une superbe affaire pour peu que l'on se fiche que c'est un "vin de France"...



lundi 19 octobre 2015

Serez-vous intrépide ?


Jeff Carrel est vraiment un gars incroyable. Au printemps dernier, il avait déjà réussi un coup incroyable avec Bistrologie : en l'espace de quelques mois, il a réussi à en faire un best-seller, autant en rouge qu'en blanc. Et il est fort à parier que le succès soit identique avec Vulcani, le vin des  intrépides. Parce que c'est original, gourmand et décalé.

Cette fois, il a osé assembler du Cabernet Franc et du Pinot noir. Mais ce n'est pas pour cela qu'il est écrit sur l'étiquette "Vins des intrépides". C'est un clin d'oeil à Vulcani, le vermouth des intrépides, que vend Jean Carmet dans le film "Comment réussir quand on est con et pleurnichard". Voilà ce qu'il en dit : " Présence mystérieuse, le volcan, jadis maléfique, a été domestiqué pour devenir l'ami de l'homme... Le bienfaiteur de l'organisme... En dehors de ses fabuleuses propriétés, telles que réchauffer en hiver, rafraîchir en été, stimuler les lymphatiques et calmer les névropathes, c'est une explosion d'art et de rêve que le Roi des Vermouths offre à la méditation des poètes ! Le Vulcani ne fait pas d'réclame... Pour tout achat d'une douzaine de bouteilles de... du précieux nectar, Vulcani vous offre non seulement la Pléiade des cendriers coulés dans la lave des Îles Éoliennes, mais encore... ça !... L'aristocratie de Westminster... La robustesse de Besançon... La finition suisse... Le chic parisien..."

Non, nous ne vous offrirons pas de cendrier ou d'horloge pour l'achat de 12 bouteilles ;-)

Par contre, contrairement au film, ce vin ne rend pas aveugle, et il y a une bonne chance que vous deveniez accro après l'avoir dégusté.

La robe est grenat sombre, translucide.

Le nez est fin, aérien, sur le cassis – autant le fruit bien mûr que la feuille froissée –   et la terre fraîchement retournée.

La bouche est ronde, souple, fruitée, avec une fraîcheur et une tension inhabituelles pour un vin du Languedoc. Cette dernière se poursuit sans relâche jusque dans la finale – légèrement – mâchue, très marquée par le cassis, mais aussi la menthe et le poivre ...de cassis !

24 heures plus tard, le vin a gagné en ampleur et en gourmandise, avec toujours ces arômes de cassis, mais en plus "solaire". C'est vraiment super sympa, ce Vulcani !


vendredi 16 octobre 2015

L'esprit de la terre : patience....

 
La plupart du temps, lorsque je conseille un vin, c'est pour une consommation immédiate, même s'il a le potentiel pour offrir du plaisir pour de longues années.  C'était le cas pour l'Esprit de la terre 2011 qui m'avait fasciné... il y a un peu plus d'un an. Le problème, c'est qu'en moins de douze mois, nous avons fait un saut de trois millésimes ! Nous sommes en effet aujourd'hui à l'Esprit de la terre 2014.
 
Même si sentir les parfums de ce vin est la plus belle chose qui me soit arrivée hier - un mélange envoûtant de fruits rouges confits, de résine et d'épices - j'ai été moins convaincu par la bouche, pas encore en place. L'attaque est belle et pure, mais ensuite, les tannins du bois se font encore sentir, demandant à se fondre. On sent néanmoins un très grand potentiel.
 
Il faut attendre au minimum six mois avant d'en ouvrir une bouteille, voire un an (ou deux, ou trois, même). Comme le producteur ne vend plus le vin lorsqu'il est à boire, c'est au client de le garder désormais chez lui, comme cela se fait avec les Bordeaux ou les Bourgognes. Nous pouvons le faire quelques temps pour vous, mais à un  moment, nous n'en aurons plus. Nous passerons au 2015 qui méritera d'être attendu, etc...
 
Bref, si vous voulez vous faire plaisir avec cette belle cuvée dans 3-4 ans, c'est maintenant qu'il faut l'acheter ;-)
 
PS : après  48 h d'ouverture, le vin a retrouvé une harmonie, avec des tannins parfaitement fondus.  Aucune trace d'oxydation, même si le nez n'est pas aussi beau qu'à l'ouverture. Si vous êtes pressé, un carafage de 6 heures devrait rendre ce vin plus abordable.


jeudi 15 octobre 2015

Toujours plus éclectique !


Eh oui, quinze jours après la dernière soirée à Saint-Yrieix, nous en faisions une nouvelle hier soir, aussi éclectique que les précédentes, avec deux buts très différents mais complémentaires : élargir toujours plus ses horizons gustatifs et ... passer le meilleur moment possible !



Nous avons démarré comme d'habitude avec un vin effervescent : Presqu'Ambulles, une "méthode ancestrale" signée Causse Marines à base du cépage Mauzac. Elle présente un faible taux d'alcool (9,5%) et une douceur discrète qui permet de la servir aussi bien à l'apéro - comme ici avec du jambon cru - qu'avec un dessert. Les bulles sont fines et rafraîchissante. Après, ce n'est pas d'une persistance phénoménale, mais ce n'est pas vraiment ce que l'on attend d'une bouteille de ce genre.


Nous avons poursuivi avec un de mes coups de coeur récents : le Nowat blanc de Dupéré-Barrera. Un Côtes de Provence issu du Rolle et de l'Ugni blanc dont la vinification et l'élevage se sont faits "à l'ancienne" sans utiliser à seul moment la fée électricité. Je l'ai servi relativement chaud (14°) afin de mettre en avant sa rondeur  et ses arômes. Il a beaucoup plu, d'autant que la terrine de Saint-Jacques et cabillaud le mettait encore plus en valeur.


Puis nous sommes passés à un vin rouge : le Marsannay Echezots 2013 de Ballorin, provenant de vignes travaillées au cheval et en biodynamie, avec des rendements faibles. Il est vinifié et élevé sans SO2, avec juste un léger sulfitage à la mise. Le vin n'a rien de "nature" : on a un fruit intense d'une grande pureté que les tanins soyeux n'entachent pas, avec une très belle maturité, assez rare dans le millésime. Ce vin a fait l'unanimité  des dégustateurs. C'est LE vin de la soirée. Le mariage avec le filet de veau et potimarron était juste impec.


Avec le fromage (de la tome de brebis servie avec une figue rôtie) j'ai osé l'exotisme : un Saint-Laurent de Meinklang. Un nez tellement expressif qu'il parait presque artificiel (mais pas dans un style putassier malgré tout), une bouche dense et veloutée, sans rien qui accroche, une belle fraîcheur, des fruits et des épices à revendre. Perso, j'adore, et je le verrais bien avec un pavé de biche et une sauce fruitée/cacaotée. Il a un peu plus partagé l'assistance, un peu désorientée par un vin qui ne ressemble à aucun vin français. Mais tout le monde a reconnu que c'était instructif de le déguster.


Nous avons conclu ces happy hours ... avec Happy Hours du Clos Uroulat (un jeu de mot des propriétaires qui s'appellent Hours). Un Jurançon doux 100 %  Petit Manseng dans une version moderne, avec du gaz carbonique laissé volontairement pour avoir un effet perlant en bouche. Cela renforce encore l'acidité naturelle du cépage et donne un sacré peps, et surtout équilibre totalement les sucres qui ne pèsent pas du tout en bouche. Voilà un liquoreux digeste qui se boit sans problème en fin de repas, ou même en début avec un foie gras.  Si l'accord ne se faisait pas vraiment avec la tarte au poires, le chef avait eu la bonne idée d'ajouter un coulis de mangue, créant un pont aromatique. Du coup, ça fonctionnait très bien !



mercredi 14 octobre 2015

Collioure, schiste topic


Le nouveau millésime (2012) du Collioure rouge de Pic Joan est arrivé il y a peu. Et j'étais intéressé de voir ce qu'il donnait par rapport au précédent qui nous avait beaucoup plu.

Pour rappel, nous sommes sur un assemblage 40 % Grenache noir, 40 % Carignan noir et 20 % Mourvèdre sur des sols de schistes surplombant la Méditerranée. Cette cuvée voir un peu le bois durant son élevage, mais il est à peine perceptible.

La robe est grenat sombre translucide, sans une trace de violacé.

Le nez est très fin, vaporeux, sur des notes de cerise mûre, de quetsche, de cacao et de fumé/grillé.

La bouche est ample et élancée, avec une tension enrobée par une matière dense et soyeuse, non dénuée de profondeur. Le fruit est "cuit" par le soleil, mais il est bien présent, tout comme la fraîcheur apportée par les embruns marins. 

La finale rappelle au dégustateur que ce  n'est pas un vin de fillette : elle est mâchue, goûtue, avec toujours ce fruit et ce fumé/grillé/salin,  proche de l'obsédant.

Ce vin devrait accompagner à merveille de l'agneau longuement confit ou une gardianne de taureau (reste à en trouver, du taureau...)




mardi 13 octobre 2015

Un dimanche en terroir boulardien

L'histoire démarre en août 2014 : Francis Boulard & Fille font appel à Fundovino pour financer un foudre de 25 hl destiné à la cuvée perpétuelle Petraea. Ce tout jeune domaine – créé en 2009 –  a déjà beaucoup investi ces dernières années. Sa banque ne veut pas prêter les 15.000 € nécessaires. Cet achat est alors le premier projet soutenu par ce site de "crowdfunding" spécialisé dans le vin. 


En contrepartie, les donateurs recevront une ou plusieurs bouteille(s) de champagne en fonction de la somme versée. Car la famille Boulard n'a pas d'argent... mais elle a du Champagne ;-) 

Cette campagne s'avère un succès : 103 % de la somme demandée ! Reste à la Tonnellerie Champenoise à fabriquer ce foudre.


Celui-ci est installé au domaine durant l'été 2015. Si les donateurs ont déjà reçu leur contrepartie, la famille Boulard décide d'en ajouter une imprévue : une journée en terroir boulardien, avec une balade guidée des plus coteaux de la Marne et de Saint-Thierry, un repas arrosé au(x) champagne(s) et une visite à la tonnellerie – située dans le même village que le vendangeoir des Boulard. 


Le rendez-vous est fixé le 4 octobre à 11h00 sur une place de Reims. Delphine et Francis nous y attendent ... et un autocar. Un grand, comme les affectionne Emmanuel Macron. Il faut dire que nous sommes plus de 40 personnes. Faut les caser ;-) Durant tout le voyage, Delphine nous expliquera la spécificités des différents crus locaux. Nous traverserons Hautvillers, Dizy, Damery, Cuchery, Gueux... 


Nous faisons un break du côté de Champillon pour admirer le paysage ... et boire une flûte de champagne : les Murgiers Extra-Brut


(non, ce n'est ni Francis, ni Delphine)

Je ne sais pas si c'est l'air pur, la bonne compagnie ou la jolie vue, mais il ne m'a jamais paru aussi bon !

Vue générale sur la joyeuse troupe


Là, c'est Delphine ! (on la voyait aussi sur la photo précédente, tenant une feuille)


Nous arrivons finalement au vendangeoir. Un joli buffet nous y attend, avec des plats très variés, dont pas mal autour des produits de la mer. Il y a également des huîtres (de Charente-Maritime). Là, c'est Jeanne, la femme de Francis qui remplit à merveille son rôle d'hôtesse.


Durant le repas, nous avons pu apprécier de nouveau les Murgiers Extra-Brut, puis le Blanc de Blancs Vieilles Vignes (très bien avec les poissons et les huîtres) et le Rachais 2009 (extra avec le Chaource !)


Les différents gâteaux étaient très bons aussi, mais pas de Champagne demi-sec chez Boulard pour les accompagner ;-)


Ah oui, tout de même : voici le fameux foudre qui nous a tous réunis !


On pourrait presque se demander si Francis n'a pas déclenché ce projet dans le seul but de réunir tous les clients qui lui sont chers en une seule journée. On le sentait vraiment heureux d'avoir tous ces passionnés autour de lui. 


Nous avons fini l'après-midi à la Tonnellerie de Champagne, à quelques minutes du vendangeoir. Jérôme, son créateur, nous a expliqué comment les bois était sélectionnés, débités, séchés... On comprend mieux pourquoi les barriques et les foudres sont si chers : il y a 80 % de perte sur une bille de bois. 

Démonstration de fendage


Puis du montage d'une barrique 


Après, il reste à la chauffer pour que le bois soit pliable et prenne la forme définitive, mais aussi pour lui apporter des arômes, différents selon la longueur et l'intensité de la chauffe.


On ne pouvait tout de même pas repartir le gosier sec. Allez hop, quelques bouteilles de Petraea XCVII-MMVII pour fêter avec les employés de la tonnellerie la naissance du foudre destiné à cette cuvée. Cela faisait plusieurs années que je ne l'avais pas bue. Elle a gagné encore en complexité et loin d'être en fin de course. 

Merci à la famille Boulard  pour cette chaleureuse et instructive journée !

lundi 12 octobre 2015

Burgenland blanc : ir-ré-sis-tible !


Ce Burgenland blanc est un assemblage qui peut paraître tout ce qu'il y a de de mystérieux pour un dégustateur français puis qu'il comprend du Welschriesling, du Grüner Veltliner et du Muscat. Bon, heureusement qu'il y a du Muscat pour avoir quelques repères. Il joue un rôle évident dans les notes florales de ce vin. Mais les autres l'empêchent de trop dominer, et c'est très bien ainsi. Cela évite de tomber dans le too much.

La robe est jaune pâle.

Le nez est très expressif, sur la poire confite, l'ananas, la rose, la fleur d'oranger, avec une touche de Malabar (le chewing gum, pas le poivre).

On pourrait partir sur un vin moelleux. Du tout : c'est rond, ample, frais ++, joyeux, fruité, avec un perlant qui vous titille agréablement la langue et une matière gourmande et digeste.

La finale allie douceur, acidité, astringence et amertume dans un parfait équilibre. Rien de trop, rien de moins. Ce n'est pas très long ni inoubliable, mais c'est un happy end. On retrouve tout ce qui a fait le charme du nez : les fruits, les fleurs, agrémentés d'une touche épicée.

À noter que cette cuvée ne fait que 10.5 % d'alcool, ce qui devient rarissime. Il vaut mieux la destiner à l'apéro (ou à un dessert genre tarte aux poires) car sa légère douceur finale ressort lorsqu'on mange un plat salé.