mercredi 15 juillet 2015

Visite à la cave Verdier-Logel


Par ce temps de canicule, le travail à la vigne s'effectue en début de matinée ou en fin d'après-midi. C'est pour cela que je ne suis attendu au domaine Verdier-Logel qu'à partir de 11h00.  Odile et Jacky sont bien là, mais c'est leur neveu, Maxime Gillier, qui est chargé de me faire visite les parcelles.



Nous sommes à Marcilly-le Chatel. Il y a donc forcément un château. Datant du XIIème siècle, il a été construit sur un pic volcanique.


Le massif du Forez est constitué de granit. En bas de pente, on le retrouve sous une forme sableuse : les arènes granitiques. Lors du Miocène, le massif a connu une phase volcanique : des failles sont apparues dans le bloc granitique, laissant échapper de la lave, et formant des collines et pics basaltiques. A leur tour, ils ont  produit des débris et sédiments qui ont recouvert en partie les arènes granitiques. L'altération du basalte produit de l'argile. Après une pluie, le sol devient difficile à travailler. Dès que ça ressuie, il se transforme en béton. Il faut donc trouver le juste moment pour intervenir. 


Le basalte est riche en fer et autres minéraux. On trouve aussi de l'olivine incrustée dans la roche (les petites taches vertes). C'est le premier élément à se dégrader, laissant place alors à des petits trous.

La parcelle de Poycelan a été plantée en  1995 à partir d'une sélection massale de vieilles vignes. Ce qui n'était pas si courant à cette époque. Dès le départ, elle a été taillée en cordon de Royat (ce qui limite les rendements, et donne des grappes plus petites et homogènes).

Alors que la parcelle de la Volcanique située juste en dessous a été rachetée plus récemment à un coopérateur. Il l'a plantée la même année, mais en utilisant des clones moins qualitatifs et la taille Guyot. Il y a beaucoup plus de maladies de bois (Esca, entre autres). Maxime a fait une formation à la taille Poussard pour limiter celles-ci, mais ce n'est pas toujours facile de repartir sur de bonnes bases.

Ces deux parcelles forment un tout de trois hectares, représentant à peu près la moitié de la surface totale du vignoble. Dans la mesure du possible,  ils essaient de faire correspondre une cuve à une parcelle, l'assemblage se faisant après la fermentation malolactique. Quand Poycelan ressort vraiment du lot, ils en font une cuvée à part (sinon, elle rentre dans Volcanique). Cela a été le cas en 2013 et en 2014. 


Une parcelle d'arène granitique accueille le Viognier et le Pinot gris (clin d'oeil aux origines alsaciennes de Jacky Logel). Les deux occupent la même surface. On les reconnaît facilement à leur feuillage, et à la forme des grappes.

 Viognier

Pinot gris

Ici pas besoin de laisser un rang sur deux enherbés, car un tracteur peut passer même un lendemain de pluie. Lorsque les vignes seront un  peu plus âgées et installées profondément dans le sol, on pourra envisager de laisser de l'herbe pour faire de la concurrence.



Nous somme sur la parcelle du Rézinet qui permet de produire la Cuvée des Gourmets. Elle est un peu plus argileuse que la précédente sans l'être autant que la première. Le laps de temps pour la travailler est donc un peu grand, mais il faut tout de même être vigilant.


La parcelle des vignes en lyre a été plantée à titre expérimental dans les années 1980, en collaboration avec le SICAREX (centre de recherche du Beaujolais). Comme il s'agissait de faire des comparatifs, les rangs "droits" alternent avec les rangs en lyre. Cette taille oblige a réduire le nombre de pieds par hectare (3000 au lieu de 4500), ce qui nécessite de faire un plus gros rendement par cep. Du coup, on tire plus sur chacun pour avoir un rendement équivalent. Par ailleurs, de par leur configuration, il est impossible de passer l'outil intercep (l'herbe est fauchée à la débroussailleuse). La concurrence est donc plus importante.


Les pieds ont tendance à s'épuiser et à produire des grappes de plus en plus petites. Les rendements baissent mais la qualité augmente, avec un rapport peau/jus plus important.  D'où l'idée d'en faire une cuvée à part, la première vinifiée par Maxime : Apprendre à lyres.  


Passons à la dégustation. Elle s'est faite en deux temps. Quelques blancs avant le repas. Les rouges quelques heures plus tard.

Pierrelune 2014 (Pinot gris): nez sur l'abricot avec une touche fumée. Bouche ronde, fraîche légèrement perlante. Finale nette, salivante.

Pinot gris en vendange tardive 2014 (toujours en fermentation...) :  nez discret, avec des notes fermentaires. Bouche plus intense,  plus tonique, déjà harmonieuse.  Les 75 g  de sucres résiduels sont à peine perceptibles en finale.


Cuvée des Gourmets 2014 : rond, souple, très gouleyant, relevé par des  notes épicées. On en boirait des seaux !

Volcanique 2014 : plus dense, veloutée, avec un fruit d'une rare intensité. Extra !

Poycelan 2014 : encore plus riche et concentré, tout en ne perdant pas en charme et en fruit. Un Gamay exceptionnel (disponible à la rentrée...)

Apprendre à lyres 2014 : par rapport au 2013 dont nous avions parlé ICI, il est plus fin et long, sans notes boisées apparentes, dans un registre totalement différent des autres cuvées, avec un côté plus bourguignon (toujours en cours d'élevage pour l'instant)



Et puis deux cuvées expérimentales à partir de cépages pas vraiment locaux. Les raisins ont été cueillis dans les deux cas à 8,5 ° et augmentés de 2° par chaptalisation (là aussi, dispo en septembre)

Malbec 2014 : nez  à fond sur la crème de cassis. Bouche ronde, fruitée, très gourmande, avec des tanins soyeux. Finale très fraîche, sans aucune dureté. Jacky m'en avait donné une bouteille pour que je la partage avec mes amis stéphanois. Ils ont tous beaucoup apprécié !

Syrah 2014 : nez sur la cerise noire et le poivre. Bouche plus tendue, avec une matière veloutée, friande. Finale bien épicée, tonique. Ca ne ressemble à aucune Syrah connue, et ce n'est pas pour me déplaire...



 Merci pour l'accueil vraiment top ! On reviendra ;-)



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