vendredi 30 mai 2014

Caminarèm... je t'aime !



Caminarèm, c'est d'abord un livre écrit à 4 mains en 1978 par Jean-Pierre Chabrol  et Claude Marti, racontant la lutte de deux hommes pour la défense de culture languedocienne. C'est devenu un vin, défendant avec autant d'ardeur le terroir et les variétés locales avec le même esprit égalitaire. L'assemblage donne autant de chance à chacun de s'exprimer, tous provenant du même plateau basaltique : 20% Cinsault, 20% Syrah, 20% Grenache, 20% Mourvèdre, 20% Carignan. Ils sont assemblés le plus tôt possible (dès les vendanges lorsque leur maturité est synchro) afin d'obtenir la meilleure symbiose. L'élevage se fait partiellement en fûts de 400 et 600 litres pour ne pas trop boiser le vin (et le reste en cuve).

La robe est grenat sombre, à la limite de opacité.

Le nez est superbe dès l'ouverture de la bouteille : cassis, cèdre, graphite, puis garrigue, pierre chaude, épices... À se noyer dedans...

La bouche est ample, veloutée, enrobante, classieuse, avec une p... de tension et de fraîcheur, et cette droiture très italienne aux accents résineux/balsamiques, se prolongeant sans à-coup dans une longue finale savoureuse, épicée, vous transportant au milieu des oliviers et des genévriers. Vindiou que c'est bon !...

Autant il peut arriver que  je boive des bouteilles qui me font penser : "eh ben dis donc, si tous les vins étaient comme ça, je changerais vite de passion", autant ce Caminarèm exprime et résume totalement ce que j'aime dans le vin, et pourquoi je me passionnerai pour celui-ci jusqu'à mon dernier souffle...


mercredi 28 mai 2014

Quand le chat n'est pas là, les souris picolent...



... du vin de chez Rietsch, évidemment ! Ce domaine nous avait déjà épatés avec leur vin "orange" issu du Klevener de Heiligenstein. Il récidive cette fois-ci avec du Pinot gris. Concrètement, les grappes subissent  une macération semi-carbonique de 10 jours comme cela se pratique en Beaujolais. Comme le jus travaille essentiellement à l'intérieur de la baie, il en prend les saveurs, un peu de couleur... mais pas les tannins. Le résultat final reste donc souple et accessible au commun des buveurs.

Cela n'en reste pas moins un Objet Vinique Difficilement Identifiable. A l'aveugle, il serait bien difficile de le situer. On pourrait même le prendre pour un vin de fruits, ou même une Kriek.

Déjà, la couleur rose flashy interpelle.

Quant au nez, c'est un inventaire à la Prévert : rhubarbe, groseille à maquereau, thé oolong, épices, bière fruitée...

En bouche, c'est ample et doux, confortable comme une doudoune, avec néanmoins une belle fraîcheur et un retour sur les agrumes, finement acidulé, rappelant les bonbecs de notre enfance. Bref, bien régressif.

La finale, elle,  évoque le Monaco de notre adolescence. Vous savez, ce mélange improbable de bière et de grenadine donnant l'illusion d'être (enfin !) un adulte. On retrouve ici ce mélange de fruit, d'amertume houblonnée et d'astringence, le sucre en moins. En finale persistent des arômes de bière et d'épices.

C'est donc à un voyage introspectif sur votre passé que ce vin vous invite.  Ce n'est pas tous les jours que cela arrive. Ne passez pas  à côté.


mardi 27 mai 2014

J'ai rêvé d'un autre monde... Cauberotte l'a fait !


Dans le sud du Lot-et-Garonne, à quelques kilomètres de Nerac en Albret, il y a un îlot de résistance à notre monde consumériste. On est loin de l'écolo-bobo qui va chercher sa baguette en 4X4 chez Poilâne. 


Ici, c'est du vécu de tous les jours, avec une exploitation maraîchère bio qui prépare des paniers de légumes hebdomadaires, un boulanger qui utilise des vieilles variété de blés cultivées sur place. Et puis il y a aussi Marie qui élève des chèvres afin de produire de délicieux fromages.  Et qui dit fromages, dit vins ...vivants !


C'est un peu là que nous arrivons dans cette histoire : Maxime, un des deux maraîchers et cheville ouvrière du mouvement, nous achète régulièrement du vin pour alimenter ses diverses  manifestations. Il nous a donc convié à une rencontre autour des vivants, à laquelle participent des vignerons amis.


Forcément, c'était tentant, d'autant que ça permettait de faire aussi le plein chez des producteurs locaux : Elian da Ros (dont je parlais hier) et Stéphanie Roussel (Lassolle).



Comme je vous l'ai dit, ici, c'est nature de chez nature. C'est donc toilettes sèches pour tous.


Et pas de vaisselle plastique jetable. Tu as sali une assiette ? Tu la laves.


Tu la rinces


Tu la fais sécher


Four maison


Salle vidéo dans une "yourte en dur"



C'est rigolo de faire des phrases avec les mots qui défilent. Genre "Julien Lepers, complètement bourré, gyrobroie un ornithorinque et vomit sur Demis Roussos"


The BAR


L'indispensable totem 


Anthony Tortul (la Sorga) et Simon Busser (l'Originel)



Le tout nouveau rosé de la Sorga 100 % Mourvèdre


Et non, il n'y a pas que le Brutal de Bouju qui existe. Comme 7 autres vignerons, Anthony fait aussi le sien (en fait, du Canoë Gaillac étiqueté autrement).


Benoït Kilian (batteur et revendeur de vins), Pierre Bauger et Mito Inoue, une viticultrice japonaise qui fait des vins absolument magnifiques, dont celui-ci : 



Dur de croire que c'est un Gamay d'Auvergne !



Encore un néo-vigneron :


Daniel Sage a démarré dans le métier il y a trois ans. Et fait preuve déjà d'un sacré talent de vinificateur. Son St-Joseph "nature" est d'une pureté incroyable, élégant et floral.


Et sa "bulle" mêlant cépages blancs et rouges a la minéralité et la tension d'un grand vin. A suivre...


Christophe et Hélène Comte, Anthony, Daniel et Mito

Christophe et Hélène Comte viennent aussi d'Ardèche et produisent une gamme variée de vins de cépages, également sans sulfites ajoutés. Tous les vins dégustés sont nets, purs et précis.


Le Grenache, frais et fruité, et le Pinot noir, élégant et soyeux.


Voici Ad Naturam, le dernier "bébé" de Stéphanie Roussel : un (presque) pur Abouriou, brut de cuve et libre de tout adjuvant. C'est épicé, relevé, même, avec une matière juteuse et gourmande. T'en boirais des litres. Ca tombe bien : il est dispo à la boutique !

Son Petit Lassolle 2010, composé des 7 cépages du domaine, élevé en barriques anciennes, est un concentré du savoir-faire de Stéphanie, à la fois mûr, frais et digeste. C'est déjà très bon. Ce le sera encore plus dans un an ou deux.


Une belle découverte que ce Poisson Rouge du Domaine d'O. Un 100 % Alicante vinifié comme un blanc (ça repose des blans vinifiés comme des rouges...) Et comme l'Alicante est un cépage teinturier, le vin est rouge tout en étant souple et frais comme un blanc. C'est super bon et gourmand. Il nous en faut...


Magali Tissot du Domaine du Pech, situé non loin d'ici. Son Jarnicoton se goûtait très bien.


Petite conférence sur les vins vivants :

Simon Busser, Pierre Bauger, Daniel Sage, Hélène Comte et Stéphanie Roussel


Pierre Bauger, un vrai esprit rebelle (dans le bon sens)

Le début d'après-midi était calme, mais là, il  y a du monde !...


Excellentes improvisations. oeno-ludiques de Sébastien Barrier. Ce type est vraiment un fou furieux qui pense et parle à une vitesse impressionnante, passant du coq à l'âne avec une dextérité incroyable, maniant aussi bien le fouet argentin que la guitare. Rarement vu un numéro pareil. C'était en plus très drôle, mais pas que. Même le Figaro adore, c'est dire...


Le spectacle s'est prolongé dans l'obscurité, avec un retour de la pluie. Etant l'un des rares possesseurs de parapluie, j'ai protégé Sébastien pendant les 20 dernières minutes de sa prestation (et j'ai tenu un ballon en baudruche qu'il a fait exploser avec son fouet...).


La soirée a continué dans la grange.avec un concert d'un quatuor britannique...


Non, c'est pas les Beatles (ils ne sont plus que deux), mais les Fallen idle (jeu de mot avec Fallen Idol -> idole déchue  / là, ça veut dire les oisifs (retraités) déchus)


Puis soirée danse avec un DJ presque aussi âgé que nos amis anglais.


C'est la FÊÊÊ - TTTEEEUH !!!

Enfin voilà, c'était une sacrée belle journée, avec des gens adorables, où tout le monde te tutoie et t'embrasse sans même te connaître. Forcément, si t'es là, c'est que tu n'es pas foncièrement mauvais. Et c'est vrai que que je n'ai vu que des sourires, de la complicité et une vision positive des choses. Clair qu'il ne doit pas y en avoir un seul qui ait voté Front National le lendemain...

Retrouvez Cauberotte ICI

lundi 26 mai 2014

Balade chez Elian Da Ros


Ça a commencé assez mal, la visite chez Elian Da Ros. Une trombe d'eau violente m'a accueilli, si bien qu'il était même impossible de sortir de la voiture sous peine d'être  totalement trempé en quelques secondes. Et puis, pouf...  quelques minutes plus tard, le ciel bleu est apparu... Tout comme Elian. La visite pouvait commencer. Il me propose que nous allions voir les vignes situées sur le coteau d'en face. 


Ca paraît loin, comme ça, mais en fait, nous y sommes en moins de 5 mn. Nous y retrouvons son équipe en train d'ébourgeonner. Un travail essentiel pour préparer la récolte de l'année, mais aussi la taille de l'année suivante.


Sur le haut de la colline, une parcelle de Syrah, un cépage autorisé en appellation Marmandais, qui se plaît sur ce sol argilo-graveleux.. Un peu plus bas, du Cabernet-Sauvignon et du Cabernet-Franc. Et tout en bas, sur les sols les plus argileux, du Merlot.



Forcément nous voyons le chai juste en face, lui aussi entouré de vignes (y compris sur l'autre versant de la colline).


C'est Elian qui l'a dessiné et conçu (avec les proportions liées au nombre d'Or), car si son père possédait une partie des vignes, il n'était que coopérateur. Il n'avait donc pas besoin de chai.


Le cuvier béton se veut avant tout pratique, avec des cuves de petit volume (35 à 60 hl) permettant de vinifier chaque parcelle séparément. L'inertie du matériau évite les variations de température trop brutales.


Les vinifications faites, tout descend par gravité dans le chai d'élevage, contenant des barriques, des foudres alsaciens (Elian a fait ses premières armes chez Zind-Humbrecht), et quelques oeufs en béton (destinés à une partie de Coucou blanc).


Nous dégustons évidemment les différents vins de la gamme.

Chante-Coucou rosé 2011 : un rosé riche, vineux, aux arômes finement beurrés. Loin du rosé de piscine...

Le vin est une fête 2012 :  souple, gourmand, frais, finement épicé, très gourmand. Porte bien son nom :-)

Abouriou 2012 : plus souple que dans des millésimes précédents, avec juste la rusticité nécessaire pour le rendre canaille, avec des épices à revendre. Un vrai vin du Sud-Ouest.


Le vignoble d'Elian 2011 : la fraîcheur des Cabernets, les épices de la Syrah, avec une matière dense et douce. C'est vraiment très bon.

Chante Coucou 2010 : plus de puissance et d'énergie, plus de profondeur aussi, avec le Malbec qui rentre en scène, s'ajoutant au cépages précédents.

Clos Baquey 2011 : provenant des sols les plus argilo-calcaires, il a une structure plus affirmée, des tannins plus denses, plus de fraîcheur aussi. Mais il présente toutefois une grande buvabilité, particularité de ce millésime 2011. C'est pour cela qu'Elian l'a commercialisé juste après le 2009, préférant mettre le 2010 en attente pour l'instant.


Coucou blanc : nous démarrons par le 2012, bientôt en bouteille, qui est ample, gourmand, avec une matière riche, charnue. Une tuerie. Le 2011, juste après, fait un peu austère. Mais dès qu'il se réchauffe un peu dans le verre, est tout de même sacrément impressionnant. L'un des plus beaux blancs du Sud-Ouest.

Sua Sponte 2011 :  des arômes de poire confite, une matière opulente soutenue par une grande fraîcheur, avec un p... d'équilibre. Les 100 g/l de sucres résiduels sont à peine perceptibles. Excellent !


Merci à Elian pour l'accueil !