vendredi 27 juin 2014

Pipeño : un Chili authentique et attachant


Enfin : après six mois d'attente, les vins de Louis-Antoine Luyt sont de retour. Pour rappel, ce jeune homme qui a appris le métier de vigneron chez Marcel Lapierre s'est lancé dans l'aventure viticole au Chili en 2006. Il a ses propres vignes mais travaille aussi avec des apports de petits vignerons locaux. L'idée est de proposer des vins à l'antithèse de ce que propose le Chili aujourd'hui : des vins surmûrs, boisés, très concentrés, limite sirupeux. 

Ici, on est plus dans l'esprit du maître spirituel de Louis-Antoine, avec des vins plutôt légers (12-12,5 ° d'alcool), fruités et digestes, à base de Païs, le cépage qu'implantèrent les Espagnols au XVIème siècle, mais aussi de Carignan et de Cinsault. 

En plus des vins que nous proposions déjà, il y a un p'tit nouveau : Pipeño Portezuelo.  Il est élaboré dans la forme la plus traditionnelle chilienne : la vendange est foulée puis égrappée à la main sur une zaranda (tamis de coligue), puis vinifiée dans un lagar (cuve ouverte). Le jus est ensuite gardé en pipas, d’où le nom Pipeño. Vous pouvoir ICI un film qui montre les vignes cent-cinquantenaires et les méthodes de vinification. C'est assez troublant, car on se croirait plongé dans les vendanges en France il y a un siècle.





Forcément, le vin qui en sort est assez différent de nos standards habituels, sans pour être autant déstabilisant (on n'est pas dans le bizarre façon vins géorgiens).

La filtration quasi-systématique ne nous a pas habitué à cette robe vermillon légèrement trouble.

Au départ, le nez est assez discret, puis s'en dégage des notes d'humus frais, de feuille de tabac et d'herbes aromatiques. La  fraise et la prune arrivent enfin, attirées par l'agitation.

La bouche est ronde, douce, légère, avec une matière d'abord soyeuse, puis gagnant progressivement en mâche. Bu à 16-17 °, elle présente beaucoup de fraîcheur et de peps (donc servir à 14-15 ° car en été, on prend rapidement deux degrés). 

La finale est jouissivement rustique, mêlant la terre, la garrigue (thym sauvage, origan), la cendre, avec une belle persistance. Pour être plus précis, je dirais même plutôt présence. En fait, tu as l'impression de t'être fait un nouvel ami, sincère et attachant, avec qui tu vas passer une chouette soirée (en tout honneur et avec modération, ça va de soi).

Comme Louis-Antoine pressentait que la soirée serait longue, il a prévu le coup en proposant Pepiño en bouteille d'un litre (13.90€, soit l'équivalent de 10.42 € la bouteille de 75 cl).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire