vendredi 29 novembre 2013

VDV#61 : il était une fois...



Il y a des thèmes des Vendredis du Vin que ne vous causent pas trop, mais lorsque David propose "Il était une fois..." je ne peux pas m'empêcher de participer à ma façon. À savoir, mettre les étiquettes des vins étonnants qui parlent aux enfants que nous sommes restés (si, si...)























jeudi 28 novembre 2013

Crémant de Limoux 2009 : y a bon !


Pour l'instant, nous n'avions sélectionné que les bulles "hors appellation" de Jean-Louis Denois. Nous venons d'ajouter à notre gamme le Crémant de Limoux 2009. Si la Blanquette de Limoux est l'ancêtre du Champagne – c'est en la découvrant sur place que Dom Pérignon a eu l'idée de faire des bulles avec les vins de sa Champagne chérie – le Crémant est un descendant du Champagne. La première est une méthode ancestrale (une seule fermentation) alors que le second est une méthode traditionnelle (deux fermentations). Ce crémant est assemblage de Chardonnay, Pinot Noir ... et Chenin ! A l'instar du Champagne, cette cuvée est restée sur lattes 18 mois avant d'être dégorgée et dosée faiblement (5 g/l = extra-Brut).


La robe est d'un joli doré, avec des bulles fines.

Le nez est  intense sur la pâte de coing, la pomme au four et  l'agrume confit.

La bouche est vive, presque tranchante, avec une bulle bien présente mais pas agressive, et une matière d'une rare densité sur un vin de cette gamme. Surtout, l'on sent une belle maturité, accompagnées de notes salines assez marquées.

Il y a une belle mâche en finale, soulignée par l'amertume très Chenin, sur l'écorce de pamplemousse, et une bonne persistance sur le coing.

Un Crémant d'un excellent rapport qualité/prix ( 10 €) !




mardi 26 novembre 2013

Cream PX / Gâteau au noix : l'accord parfait !


Dimanche dernier, j'ai préparé une recette pour faire le plus bel accord possible avec un "vin" espagnol : le Cream PX de Toro Albala. Il est lui même l'assemble de deux vins : un Oloroso (vin sec en élévage oxydatif sans voile) et un PX (vin issus de raisins passerillés muté à l'alcool car trop riche en sucres pour fermenter de lui-même). Il en résulte un vin plus doux que l'Oloroso mais beaucoup moins épais que le PX, mais avec les arômes combinés des deux : noix, café, figue, pralin...

L'acidité de ce Cream est vraiment remarquable, apportant une superbe tension, et atténuant remarquablement la perception des sucres et de l'alcool. On a donc un vin très digeste (alors que le PX, c'est lourd, tout de même...). Et bonne nouvelle, il ne  vaut que 14 € (les 50 cl) !

Pour la recette du gâteau, c'est ICI.




lundi 25 novembre 2013

L'Archaïque, le retour !...



Un peu à la manière d'un vieux grognard, je peux dire "eh oui, p'tit gars, j'ai acheté la première cuvée Archaïque, à l'époque où il y avait trente produits à Vins étonnants". C'était du 2001 à l'époque. Il en existe encore d'ailleurs un peu qui n'avait pas été embouteillé et a reposé dix ans de plus en barriques : c'est le bien nommé Patience et longueur de temps (oui, Xavier Lédogar devait aimer les récitations lors qu'il était enfant). Pour ceux qui ont raté le premier épisode, voici une séance de rattrapage avec l'Archaïque 2010. Comme le premier, c'est une vendange passerillée de Mourvèdre, avec plus de 20° potentiel, puisque la bête fait 16 ° d'alcool (qui ne se sentent pas du tout) + 80 g de sucres résiduels (qui ne se sentent pas non plus). 

La robe est atramentaire (on ne voit pas à travers).

Le nez puissant et frais, sur la prune confite, la baie de genièvre, l'olive noire, le ciste, le tabac...

La bouche est douce, intense, concentrée, fraîche, sans lourdeur ni sucrosité, avec de l'élan et une savrée sève.

La finale a une belle puissance tannique, mais sans dureté, sur des notes d'épices et de fruits secs (raisin de corinthe)

Un vin qu'on peut aussi bien imaginer sur du salé (magret de canard, pigeon, roquefort) que sur du sucré (moelleux au chocolat) tant son équilibre lui permet de s'accommoder des deux. À noter qu'il se conserve parfaitement des semaines entières (voire de mois)à température de la cave


vendredi 22 novembre 2013

Z'aimez pas le Bojonouvo ? Ca tombe bien !...


Est-ce le caractère atypique du millésime ? Ou le coup de patte du vigneron qui évolue ? En tout cas, la joyeuse équipe de P-U-R a réussi à produire cette année un Beaujolais nouveau qui s'écarte sérieusement du genre. Ca tombe plutôt bien : en général, les amateurs de vin n'en sont pas trop fans. Avec celui-ci, ils devraient pouvoir trouver leur bonheur !

La robe est pourpre sombre (mais tout de même translucide).

Le nez, pas putassier pour un sou, évoque le jus de cerise, le coulis de mûre, avec quelques notes d'épices. Pas de trace de banane, de bonbon anglais ou de fraise tagada...

La bouche est ronde, fine et fraîche, avec des tanins impalpables et un joli fruit

Il y a un peu de mâche en finale, mais il faut ça pour résister au gras de la cochonnaille ou du pot au feu que ce vin accompagnera à merveille.

Précisons que ce vin ne fait que 11.2° d'alcool et ne contient pas de sulfites (non détectés à l'analyse).


mercredi 20 novembre 2013

Ganevat blanc 2011 et Ganevat rouge 2012


Elles sont arrivées !

Les vins sont disponibles en ligne ICI

BAMA : initiales pour initiés


BAMA, c'est le doux et tonique acronyme de Bel Air Marquis d'Aligre, le seul  grand cru exceptionnel de Margaux. Cette mention qui n'a normalement plus court date du classement des Crus Bourgeois de 1932, mais par une sorte de dérogation dont Jean-Pierre Boyer a le secret, elle continue à être arborée sur chaque bouteille  (y en a bien qui marque encore Crus Classés en 1855, alors bon...).


Exceptionnel, il ne l'a pourtant jamais été autant qu'aujourd'hui, à une époque où beaucoup de Bordeaux se ressemblent, au point où il est quasiment impossible de distinguer un Médoc d'un Saint-Emilion. BAMA, lui, ne ressemble qu'à lui-même. Déjà, par un encépagement unique dans le Médoc : 30 % de Merlot, 30 % de Cabernet Sauvignon, 30 % de Cabernet Franc (rarissime !) et 10 % de Petit Verdot (peu courant). Et puis ensuite, par des vinifications et surtout des élevages très longs en cuves cimentées (3-4 ans). Oui, ce vin ne voit pas du tout le bois. Cela suffit pour faire perdre ses repères à un dégustateurs, habitués à ces saveurs grillées, toastées, vanillées ... indissociables des grands Bordeaux.


Ainsi, avons-nous pu déguster le 2012. Il était tellement froid que Jean-Pierre Boyer hésitait à me le servir. Mais je lui ai dit que je n'avais peur de rien. Malgré la basse température, il avait un fruit intense, et des tannins d'une grande finesse, sans aucune dureté. Pour le voir arriver dans nos rayons, il va falloir être patient. En 2020, peut-être ?



Jean-Pierre Boyer est fier de ses "murs" de bouteilles. Cela ne se fait presque plus dans les chais alentours où le "palox" est roi (plus facile à déplacer, à empiler). Tout comme il assume de faire des embouteillages avec une lenteur qui exaspérerait ses voisins (10 fois plus rapide pour certains). Pour lui, elle est bénéfique. Elle permet de laisser aux bouchons le temps de se remettre doucement de leur compression et d'obturer parfaitement la bouteille.


Même si le chai peut sembler "abandonné" aux yeux d'un visiteur habitué aux chais rutilants, il n'en est rien. Son propriétaire bichonne ses appareils avec un soin maniaque pour qu'ils puissent durent encore longtemps. Ainsi, tous les mécanismes de son pressoir sont parfaitement graissés pour qu'ils ne rouillent pas. Les plateaux sont positionnés aux tiers droit et gauche afin d'éviter toute déformation de l'appareil. 


On peut être déconcerté  à l'ouverture d'un BAMA. Son long élevage en cuve, suivi d'un encore plus long en bouteille, font que le vin est en forte réduction. Une très longue aération est donc nécessaire. Une journée entière en carafe ne lui fait pas peur.

dimanche 17 novembre 2013

Fou d'la folle !



Il faut croire que la Folle noire d'Ambat connaît un succès grandissant, puisque lorsque je suis arrivé il y a un an, nous vendions le 2010 (dont j'avais causé ICI). En avril, nous étions passés au 2011 : ce millésime était très différent, plus fin et beaucoup moins réduit à l'ouverture. J'avais donc fait aussi un billet pour le présenter (). Six mois plus tard, exit le 2011, bonjour le 2012 ! Étant donné le caractère changeant de la cuvée, il était de notre devoir le plus impérieux de la déguster afin de vous tenir informés (pfff, on est vraiment des travailleurs de force, ' pouvez pas imaginer...).

Le premier jour (mercredi midi), à l"ouverture, le vin présente une belle robe pourpre sombre, bien colorée, mais pas opaque. Le nez est alors un peu fouillis/brouillon où surnage le poivre et les fruits noirs. La bouche est dans l'esprit du 2011, plutôt fine, mais fait un peu brute de cuve. Il faut dire que l'embouteillage doit être assez récent. Comme on avait pas mal d'autres choses à goûter, on l'a mise de côté, et attendu que le temps fasse son œuvre.

Le lendemain (jeudi midi), nous nous en versons un verre : le nez n'est plus brouillon du tout. Il est devenu très pur, dominé par la violette, avec de fines touches poivrées. La bouche a gagné aussi en cohérence : fine, soyeuse, fruitée. Un régal ! Y a pas : 2012 est une réussite.

Le surlendemain (vendredi midi), on re-teste. Wouaoh ! Le nez est encore plus beau que la veille, plus complexe. Comme le fait remarquer Eric R, on partirait à l'aveugle en Côte Rôtie. LA bouche est toujours aussi fine, mais a gagné en tension en intensité. C'est diablement bon !

Le même soir, je l'ai ramenée à la maison pour la terminer. Non seulement il n'y a pas une trace d'oxydation, mais elle est au summum de sa forme. Le nez est charmeur, sur la violette, le zan, la mûre, avec en arrière-plan une ambiance "âtre de cheminée" comme on peut le sentir sur certains Graves/Pessac-Léognan. Et puis bien sûr ce poivre blanc fraîchement moulu.

L'attaque en bouche est tonique, fraîche, puis elle gagne en amplitude, avec un toucher de bouche tout en délicatesse, et un fruit, une fraîcheur... et toujours cette violette !... Un ensemble vraiment harmonieux qui résume tout ce que j'aime dans un vin. 

La finale est expressive, avec une fine mâche et des épices en pagaille. Et cette sensation de plénitude ... puis de tristesse lorsque j'en arrive à la dernière goutte. Peut-être la meilleure de toutes ?

Le plus dingue dans cette affaire, c'est que je parle d'un vin à 7.80 €. Quand je vois le nombre de vins que j'ai pu boire qui valaient beaucoup plus cher et m'ont apporté un plaisir nettement moindre, y a de quoi se poser des sacrées questions, tout de même... Définitivement, il n'y a aucun lien direct entre le prix payé et le plaisir obtenu. Et quelque part, je trouve ça diablement réjouissant !

Pour le service, un carafage de quelques heures, voire d'une journée, devrait permettre de l'avoir à point.





vendredi 15 novembre 2013

Entre chien et loup : enfin un Alsace sec et vif !


Il y a une trentaine d'années , il n'y avait peut-être pas les grands vignerons alsaciens que nous connaissons aujourd'hui, mais les Riesling et les Sylvaner étaient bien secs, et se mariaient parfaitement avec la choucroute et les fruits de mer (voire avec la choucroute de la mer...). Aujourd'hui, cela devient de plus en plus difficile de trouver un vin alsacien sec, tendu, citrique oserais-je dire. Et nous sommes condamnés à accompagner ces néo-Rieslings bien mûrs avec des recettes plus exotiques, abandonnant peu à peu notre patrimoine culinaire. 

Heureusement, un producteur a pensé à nous, pôvres consommateurs, et nous a concocté un vin répondant à notre attente. Étonnamment, il  n'est pas à base de Riesling ou de Sylvaner, mais d'Auxerrois, un cépage pas vraiment réputé pour sa vivacité. Qu'importe, on va pas faire la fine bouche. L'important, c'est de retrouver l'Alsace de nos vingt ans. Ach, choyeuse époque...

La robe est jaune plutôt pâle.

Le nez est dominé par un citron "crépitant",  puis avec l'aération arrivent le fruit de la passion, la mangue, lui donnant un air de Gros Manseng.

La bouche est tendue, vive, tonique, avec une matière ronde, fraîche, légère, très désaltérante, avec toujours ce citron qui vous crépite agréablement en bouche.

Cela se conclut sur une fine mâche délicieusement astringente, citronnée à souhait, avec un gros goût de revienzy... La vitesse à laquelle la bouteille descend est un signe qui ne trompe pas !...

Signalons que même si ça ne se ressent pas deu tout, nous avons affaire un vin nature (et bio). Aucun ajout de sulfites, même à la mise (SO2 total : 15 mg). Et il coûte moins de 10 €...




jeudi 14 novembre 2013

Encore une belle soirée de dégustation !


C'était la dégustation mensuelle avec la "bande de Saint-Yrieix la Perche", et ce fut encore une fois très sympa, avec des amateurs curieux et enthousiastes. Ce n'est donc que du bonheur pour leur présenter les vins, parler des cépages, etc... Et puis, il y a comme d'hab, la très bonne cuisine de Gilles Tigoulet qui s'adapte parfaitement aux vins.

L'idée du jour était de présenter des vins plutôt "bon marché", car le mois prochain, fêtes obligent, j'amènerai des vins plus onéreux. On verra que ça n'empêche pas de se régaler.


Avec un cake salé...

...Pépie Bulles, du domaine de la Pépière, composé majoritairement de Melon de Bourgogne et complété par du Chardonnay. Cela a été l'occasion de re-préciser la différence entre une méthode ancestrale (ou Pétillant Naturel) et une méthode traditionnelle. Ici, c'est de l'ancestrale. Il n'y a qu'une seule fermentation, et donc moins d'alcool (9 % pour celui-ci). Le vin est bien équilibré, avec une bulle fine, une acidité pas agressive, et l'on sent du raisin bien mûr. Rien à redire pour 8.95 € ...


Avec un saumon mariné aux herbes



... du Bourboulenc 2012 du domaine de Simonet. Très rarement présenté seul, le Bourboulenc est un des plus vieux cépage blanc du Languedoc et cépage phare du terroir de La Clape. Il a étéprobablement planté depuis l'époque gallo-romaine.  Cette cuvée provient d'un vigne située sur un ancien marais salant inondé pendant un peu plus d'un mois grâce à l'eau de l'étang de Fleury tout proche. Elle est franche de pied car reproduit selon la technique ancestrale du marcottage abandonnée depuis l'apparition du phylloxéra. 

Ce vin a été l'une des stars de la soirée : tout le monde a apprécié sa fraîcheur évidente, sa minéralité, son équilibre, son mariage idéal avec le saumon ... et puis son prix, limite indécent : 6.90 €


Avec une brochette d'agneau, polenta et courge...


... Vaison la Romaine 2011, signé Eric Texier, issu de vieilles vignes de Grenache noir en altitude. Un vin dont j'ai dit tout le bien dont je pensais dans cet article récent. Cette dégustation m'a montré que je ne m'étais pas planté à son sujet : il a été beaucoup apprécié ! Et là aussi, pas cher au vu de la qualité : 9.90 €


Sur le fromage (Saint-Nectaire) nous avons continué sur un Bordeaux mûr (tout en étant frais), pas du tout boisé ni copeauté, en conversion bio, et ... pas cher (6.00€). Résultat : dévalisé !

Lui aussi a fait l'objet d'un article (voir ICI).


Avec une tarte aux poires...


...Tchalande lot 11 de Mondon & Demeure. Une vendange tardive de Viognier issus de vignes plantées sur les coteaux pentus d'une abbaye romane à quelques kilomètres de Saint-Etienne. Un vin très fruité, riche sans être pesant, avec juste ce qu'il faut de sucre, parfait pour terminer un repas. J'avais également causé de ce vin ICI. Il était plus cher que les autres (15.50 €) mais il est beaucoup moins onéreux que les vendanges tardives que l'on peut trouver sur Condrieu  qui atteignent des prix stratosphériques.




mercredi 13 novembre 2013

Balade gustative aux Baléares


Nous persévérons dans l'exploration des mondes peu fréquentés, car cela nous semble indispensable pour tout amateur de vin d'élargir au maximum sa palette de sensations, d'odeurs, de textures. Nous sommes ici aux Baléares, au Sud-Est de Majorque où sévit majoritairement le  Callet, un cépage peu coloré. Il est complété par 20% de  Mantonegre et de Fogoneu,  et 15%  de Syrah (ah, ça fait plaisir de lire un cépage qu'on connaît !).

Anima Nigra est un projet créé en 1994 par trois passionnés (Francesc Grimalt, Miquel Angel Cerda et Pere Obrador) qui voulaient redonner les lettres de noblesse aux vins locaux, plus destinés aux touristes qu'autre chose. ÀN/2 est leur "second vin" dans la gamme (le 1er est 100 % Callet)/



La robe est grenat translucide, aux reflets pourpres

Le nez est fin et intense sur la cerise confite, les épices douces, le tabac hollandais, le pain grillé, avec une touche résineuse. On sent de l'élevage, mais du beau et noble.

La bouche est toute en longueur, fine et élancée. Elle trace droit son chemin,  avec des tannins soyeux, glissants, et une grande fraîcheur très italienne, avec des notes balsamiques intenses.

La finale est tonique et persistante, sur des notes épicées/toastées, et toujours ce côté balsamique/résineux.

S'il est encore un peu dominé par son élevage, ce vin offre un profil atypique et intéressant par rapport à ce que nous connaissons en France.



mardi 12 novembre 2013

Frères naturels




Normalement, Patrick Meyer produit un Riesling et un Sylvaner à partir de ses parcelles du Zellberg. Sauf qu'en 2012, les rendements se sont avérés faibles dans ce secteur. Il n'y avait pas de quoi remplir un foudre de Riesling et un autre de Sylvaner. Du coup, Patrick Meyer en a vinifié un seul avec ces deux cépages – une expérience déjà réalisée et concluante sur sa cuvée "Mer et Coquillages". Ainsi est donc née Zellberg - l'Hermitage 2012 S et R.



Sa robe est jaune paille.

Le nez est finement fumé, avec une touche légèrement oxydative. 

La bouche est d'une grande ampleur, avec cette douce rondeur déjà rencontrée sur les autres 2012 de Patrick Meyer (celui-ci, celui-ci, et encore celui-là), parfaitement équilibrée par une fraîcheur citronnée sous-jacente. La finale se conclut sur une finale mâchue et expressive, dominée par l'agrume et une touche de lard fumé. Un vin manifestement plus "nature" que les cuvées précédemment décrites, tout en restant "soft" dans le genre. Après l'avoir testé à plusieurs niveaux de températures, je trouve que c'est vers 17-18 °C qu'il est le plus intéressant. Il gagne en opulence, en richesse, tout en ne perdant jamais son équilibre. Une expérience passionnante !



Il me paraissait intéressant d'ouvrir en même temps Mer et Coquillages, vu que l'assemblage est identique (même si les proportions sont peut-être différentes). 

La robe est un peu plus jaune et intense que le premier vin, et mise en valeur par la  bouteille en  verre blanc.

Le nez, plus léger, évoque l'amande et la pomme séchée. 

La bouche joue plus le registre de la fraîcheur et de la buvabilité, avec un côté limpide, désaltérant (12 % d'alcool seulement). La finale est plus en légèreté (pas de mâche prononcée) tout en ayant un côté fumé plus marqué.

Comme deux frères, ces deux vins ont une parenté – un côté "nature" plus marqué que dans les autres cuvées – mais en même temps, ils ont chacun leur personnalité. Une matière plus dense et sensuelle pour le Zellberg, un approche plus désaltérante pour le Mer et Coquillages. Autant le premier pourra accompagner une viande blanche ou un poisson de rivière, autant le second sera plus à l'aise avec des tapas en apéro.

jeudi 7 novembre 2013

Madérisé... ce n'est pas un défaut !


Lorsque j'étais enfant, un adjectif revenait assez régulièrement pour définir un vin qui était passé de vie à trépas : "madérisé". Une fois qu'on avait dit ça, il n'y avait rien à rajouter. Zou, direct à l'évier ou dans le vinaigrier. A la même époque, Ginette Mathiot et Françoise Bernard régnaient dans les cuisines françaises, et le Madère était alors le compagnon indispensable des rognons et du jambon cuit. Vous savez, ce Madère que l'on achète en petite flasque pour trois francs six sous, et dont on sert deux fois par an pour un fond de sauce, parce que bu comme ça, bof...

Et puis un jour, on découvre le Madère, le VRAI. Et l'on se rend compte que ça ne ressemble pas plus à un vieux Bordeaux fatigué qu'à la petite flasque signée Cruz. Concevoir un bon Madère, c'est un vrai métier qui ne s'improvise pas. Déjà choisir le cépage qui corresponde au Madère que l'on souhaite obtenir. Pour un doux, le Malvasia (ou Malmsey) convient mieux, pour un sec, c'est plutôt le Sercial. Lors de la fermentation alcoolique, il faut choisir le meilleur moment pour l'arrêter net en mutant le moût à l'alcool. A une journée près, l'équilibre sera totalement différent. Et puis suit un long élevage. Cinq ans paraît le minimum pour avoir un Madère qui tienne la route. Durant les deux premières années, les barriques scellées vont être stockées dans des greniers où une chaleur intense règne la journée (alors que les nuits sont bien fraîches). Les années suivantes, elles seront stockées dans des pièces plus tempérées pour poursuivre leur vieillissement.



Autant dire que le résultat final ne s'apparente pas du tout à un vin trop vieux, et que le terme "madérisé" est tout ce qu'il y a d'impropre. La madérisation est un processus long et noble qui permet d'obtenir des petites merveilles en fin d'élevage.

Celui que je suis en train de boire, par exemple. C'est un Sercial 5 ans de la maison Blandy's.

La robe est entre le cuivre et le vermeil.

Le nez évoque le pralin, le toffee, le café, les épices de Noël.

Alors que l'on s'attend plutôt à boire un vin moelleux, on ne peut qu'être surpris  par l'attaque vive, limite tranchante, suivie d'une vague de "douceur sèche", avec toujours cette grande tension et un palais envahi de saveurs (amande grillée, safran, café).

On ne peut pas dire que ça se conclut en douceur. Vous avez plutôt l'impression de prendre une grosse claque. Mais le genre de claque pour laquelle vous tendez l'autre joue avec avidité. C'est mordant, intense, presque violent. Mais p... qu'est-ce que c'est bon ! Vous savez : cette sublime impression que le temps s'arrête et que le bonheur, c'est ici et maintenant. Il se prolonge sur des notes grillées/épicées/torréfiées... et même fumées, comme si vous veniez de fumer un cigare. Un vrai voyage sensoriel !


Ce vin n'est plus suivi pour le moment car nous lui avons préféré le Sercial 5 ans de Barbeito, d'une qualité équivalente mais à prix plus doux (moins de 20€ la bouteille de 75cl).