jeudi 31 octobre 2013

Riesling Muenchberg : un vin de ouf' !...


C'est un message enthousiaste sur mon forum de vin favori  qui m'a donné envie d'ouvrir cette bouteille de Muenchberg 2010. Comme son auteur le conseille, je l'ai ouverte, m'en suis servi un verre, puis ai patienté 24 heures avant de m'y attaquer sérieusement (rassurez-vous, j'avais d'autres bouteilles sous la main pour prendre mon mal en patience...).



La description est donc celle de J+1...

La robe intense est celle de l'or en fusion.

Le nez riche et fin à la fois évoque le miel, l'orange confite, le coing, la rose séchée... On ne sait pas trop ce que l'on est en train de respirer. Car cela m'évoquerait presque plus un Chenin (mais l'on sait que ces deux cépages sèment la confusion) ou pourquoi pas une Marestel ?

La bouche est toute aussi douce, caressante et aérienne que le superbe Gewurztraminer dégusté il y a quelques jours, avec néanmoins un supplément de tonicité et d'allonge. Afin d'apprécier cette belle texture, point trop frais tu le boiras (14-15°), car le froid le cassera.

La finale d'une rare intensité, entre sel et épices, vous met une grosse claque ! Pfffiooouuu, ça dépote grave !...  On a plus l'impression d'une finale de vin jaune du jura que d'un Alsace, tellement c'est épicé.  On imagine  d'ailleurs bien ce vin avec un "couscous de la mer", une lotte au curry, des langoustines "thaïes". Les alliances devrait être magnifiques !


mercredi 30 octobre 2013

Moulin à vent : juste parfait


François de Nicolaÿ du domaine Chandon de Briailles possède quelques parcelles sur l'appellation Moulin à Vent et les vinifie/élève avec le même savoir-faire et la même philosophie que ses vins de la Côte de Beaune. Ainsi, ce Moulin à Vent 2009 complète avec bonheur notre gamme de vins du Beaujolais. Si sa vision du vin est  plus classique que d'autres producteurs référencés à Vins Étonnants, il  n'utilise aussi que très peu de soufre (voire pas du tout dans un certain nombre de cuvées).

La robe pourpre sombre est brillante et intense.

Le nez est fin et profond, sur des notes fruits rouges confits, de terre fraîchement retournée, avec une jolie touche "ferreuse".

La bouche est ample, riche, soyeuse, dense sans être lourde,  avec une grande fraîcheur, et toujours ce côté ferreux, sanguin, (très halloween...). Il y a une sorte de perfection formelle assez impressionnante.

La finale est un poil plus ferme, sans que l'on puisse la qualifier de dure. En fait, elle permet simplement au vin de tenir avec élégance face au plat qui l'accompagnera (pigeon, pot au feu, boudin...). Nous recommandons chaudement ce vin qui présente un bon rapport qualité/prix (14.90 €). S'il offre déjà beaucoup de plaisir aujourd'hui, il devrait être simplement superbe dans une dizaine d'années.




mardi 29 octobre 2013

FMR : le jeu des 7 différences


A priori, ces deux bouteilles sont identiques. Et pourtant – nous allons le découvrir sous peu – beaucoup de choses les différencient. Comme quoi, il faut savoir aller au-delà des simples apparences, ne pas juste regarder les étiquettes (qui elles, sont identiques).

Allez, on leur fait faire une rotation de 180°, et vous allez pouvoir commencer à comprendre...


Sur les 40 mots imprimés sur ces "contre-étiquettes" (qui sont en fait  les véritables étiquettes car c'est sur celles-ci que figurent toutes les mentions légales), il n'y a qu'un seul mot qui les différencie : à gauche GAMAY,  à droite SYRAH.


En débouchant, on remarque une autre différence : le Gamay est obturé avec un bouchon "synthétique" alors que la Syrah l'est avec un bouchon en liège (peut-être pour limiter les phénomènes de réduction ?).


Visuellement, il y a très peu de différence. les deux robes sont pourpre sombre aux reflets violacés, avec une belle intensité (y a du vin, comme on dit...)

Par contre, au NEZ... rien à voir !...

Le Gamay a un nez pimpant, entre fruits noirs sauvages et fleur (violette), avec une touche de poivre et de bonbon anglais.

La Syrah a un nez plus viril, dominé par le  poivre, complété par la tapenade et le lard fumé



En BOUCHE, ça diverge carrément (et comme le disait feu Desprosges, "dix verges c'est beaucoup")

Le Gamay a une bouche ronde, veloutée, mûre, plutôt dense, avec un beau fruit et des tannins très doux.  Vraiment un joli toucher de bouche pour un "vin de peu. La finale est légèrement mâchue, entre poivre et notes végétales.

La Syrah a une bouche nettement plus vive, plus élancée, moins dense, avec des tannins fins, soyeux et une trame acide plus saillante (mais pas trop – juste ce qu'il faut). La finale se montre plus expressive, et  bien épicée (y a pas, c'est de la Syrah !).


Conclusion : à part l'étiquette commune de façade, nous avons affaire à des vins forts différénts. Le Gamay est dans l'esprit d'un Beaujolais ou d'un Côtes du Forez, rond, gourmand fruité. La Syrah est plus atypique : si l'on retrouve bien les caractéristiques du cépage, c'est rare de l'avoir avec cette fraîcheur et cette tension. Avec des salaisons bien assaisonnées, ça peut être super sympa.

Quant aux prix, ils sont tous deux : 5.80 € pour le Gamay, 6.10 € pour la Syrah. Faut pas se priver...

Au fait, pourquoi FMR ? Parce que ces cuvées ne devraient exister que le temps d'un millésime. En août 2012, les vignes des Verdier-Logel avaient été massacrées par la grêle (13 ha sur 16) et seule une cuvée a été produite avc les raisins du domaine : Rézinet. Ces deux cuvées FMR ont été vinifiées à partir de raisins fournis par les voisins afin  que le couple puisse avoir du vin à vendre. Contrairement aux autres vins du domaine, elles ne sont pas en bio. En tout cas, acheter ces cuvées est une continuation de ce bel acte de solidarité.





dimanche 27 octobre 2013

Allez hop, Champagne ... le retour !



Il y a un mois, je vous avais causé d'une nouvelle cuvée de Bourgeois-Diaz. J'avais alors écrit qu'il y avait DEUX nouveautés. 'N était la première. '3C est la seconde. Trois C, comme Trois Cépages : Pinot Meunier  (45 %), Chardonnay (30 %) et Pinot Noir (25 %). Ils forment ici un tout harmonieux au point qu'il est difficile de déterminer qui apporte quoi, et puis on s'en f... un peu, en fait. Tant que c'est bon, hein !

Comme la plupart des vins dont je parle ici, il a été ouvert à température d'entrepôt, à savoir 15 °. C'est un bon test pour voir s'il est équilibré. Je vous confirme qu'il l'est, avec un dosage qui ne se fait pas du tout remarquer.

La robe est or pâle, très légèrement rosée, avec de fines bulles éparses.

Le nez foisonnant évoque d'abord les fruits rouges (framboise, groseille), puis le coing et la pomme rôtie(s)au four, les fruits à coques, puis avec l'aération, le miel et  la noix.  Bref, une épicerie fine à lui tout seul.

La bouche montre tout l'intérêt de l'assemblage : elle réussit à être à la fois tonique et élancée, tout en possédant une matière charnue, vineuse, d'une grande intensité aromatique. Les bulles se font très discrètes, se contentant de vous caresser agréablement la glotte. L'ensemble est d'un bel équilibre.

La finale expressive est soutenue,  avec une belle mâche calcaire sur des notes puissantes de coing (ce que j'avais déjà remarqué sur la cuvée 'N). Effet terroir ?

En tout  cas, vous pour 25 € un Champagne avec une sacrée personnalité ! Il ira parfaitement avec du jambon ibérique, de l'anguille fumée, un poisson de rivière, une volaille truffée...




jeudi 24 octobre 2013

Envie urgente de Kabinett !...



Ils sont arrivés hier, et je n'ai pas pu me retenir. Ils ? Les Rieslings mosellans de Clemens Busch. Cela faisait plus de six mois que nous projetions de les référencer, mais il fallait pouvoir les financer ( car pour une première commande à l'étranger, vous pensez bien qu'il faut la payer avant même qu'elle parte du chai du producteur). Comme vous êtes de plus en plus nombreux à nous faire confiance (merciiiii !!!) nous avons donc pu enfin les faire venir. 


Sur les terrasses méga-pentues de Moselle, peu de producteurs jouent la carte de la biodynamie, car il est facile de comprendre qu'il est plus simple de désherber chimiquement qu'avec une binette. Clemens Busch a fait ce choix il y a près de vingt ans (sur 17 ha !) et il ne semble pas le regretter : il fait maintenant partie de l'élite des producteurs de la région.

Une grande partie de son domaine est située sur le Marienburg, avec une majeure partie vinifiée en sec (trocken), ce qui est une exception dans le secteur, et qui ont pour la plupart la mention Grosses Gewächs (Grand Cru). Mais pour démarrer la découverte du domaine, je me suis attaqué à une version du Riesling plus traditionnelle : le Kabinett (qui est la version la plus légère des Qualitätswein mit Prädikat). Alors que les Trocken font 13-14 °, celui-ci ne fait que 9° d'alcool.



La robe est or pâle, lumineuse.

Le nez bien mûr évoque la pêche au sirop, l'ananas, avec une touche de chèvrefeuille et de bergamote. 

La bouche est ample, douce, caressante, contrebalancée et surtout survitaminée par une acidité qui n'existe qu'en Moselle : tendue à souhait, vibrante, joyeuse... avec juste ce qu'il faut de gaz pour titiller les papilles.

La finale réussit à être douce et tonique à la fois, sur la pêche bien mûre et l'ananas, avec des notes d'agrume confit. C'est vraiment très gourmand, digeste, pas lourd pour un sou. À l'ouverture, nous l'avons dégusté à la température de l'entrepôt (15-16°) sans ressentir le moins du monde la trentaine de grammes de sucres résiduels. On peut envisager ce vin tout aussi bien à l'apéritif qu'au dessert, avec une tarte aux fruits, par exemple, ou des sorbets. Pour un peu moins de 15 €, c'est vraiment une très belle approche de l'esprit mosellan.

mercredi 23 octobre 2013

Cabardès ou le sens de l'équilibre


Cabardès est une appellation injustement méconnue, car elle propose des vins d'un équilibre superlatif, pour deux raisons différentes. D'une part, elle est très enfoncée dans les terres, puisqu'elle est établie sur les derniers contreforts de la Montagne noire. Elle subit donc autant les influences océaniques que méditerranéennes. D'autre part, les vignerons ont eu l'intelligence d'en tenir compte, en établissant un cahier des charges qui vous obligent à faire des assemblages avec pour moitié des cépages méditerranéens (Grenache, Syrah) et pour moitié des cépages bordelais/Sud-Ouest (Merlot, Cabernets, Malbec, Fer Servadou – pas plus de 20 % pour ces deux derniers). Pour être plus précis, on peut aller de 40/60 jusqu'à 60/40.  

Après, le vigneron est libre : il peut faire 50% Grenache 50% Merlot, mais je ne suis pas certain que ce soit la meilleure combinaison. Mais aussi 50% Syrah - 50% Cabernet Sauvignon (ça, c'est super bon. Voir ICI). Pour cette cuvée Les petites rangées, Clément Mengus a choisi d'assembler 50% de Syrah, 25% de Merlot et 25% de Cabernet Franc. Rien qu'à la lecture, vous pouvez imaginer ce que ça peut donner : les épices de la Syrah, la rondeur du Merlot, la fraîcheur du Cabernet Franc. Mmmmm !... Eh bien, vous avez raison... c'est extra  !

La robe est d'un pourpre vraiment sombre, et brillante.

Le nez est à lui seul une gourmandise, évoquant la crème de fruits noirs (mûre, myrtille, puis cassis à l'aération), avec une sensation de fraîcheur (menthol ?) et une foule d'épices (poivre, muscade, cannelle)

La bouche est ronde, veloutée, avec des tannins d'une grande douceur et une belle trame acidulée qui apporte du tonus, de l'allonge, mais aussi de la profondeur (merci le Cab'Franc !).

La finale est fraîche, tonique, savoureuse, avec une mâche super gourmande, sur des notes réglissées/épicées. Typiquement le vin que j'aime, à la fois frais et généreux, sans élevage envahissant. Que du bonheur ! D'autant que le prix (11.40 €) me paraît très raisonnable au regard du jus offert. 


Flower power !


S'il est le cépage le plus populaire d'Alsace car il en met plein la g..., je ne suis pas un grand fan du Gewurztraminer. Comme les puristes, ma préférence va au Riesling qui est avec le Chenin l'un des plus beaux cépages du monde (et sans trop prendre de risque, de l'univers). 

Et puis, il  y a des vins qui vous feraient presque changer d'avis. Le Gewurztraminer Les Pucelles de Patrick Meyer est de ceux-là, car il vous emmène à l'insu de votre plein gré dans une dimension insoupçonnée : vous ne buvez plus un simple verre de Gewurz. Mais vous rentrez en contact direct avec l'Esprit du Gewurz. Et ce, sans artifice. Pas besoin de Rizla+, de table tournante, de lumière stroboscopique... ou même de tire-bouchon, car la bouteille est obturée par un bouchon en verre.



La robe est d'un beau doré, avec des reflets légèrement rosés.

Lorsque vous approchez votre nez du verre, vous ne pouvez échapper à ce parfum diffus mais profond de rose ancienne, d'épices orientales et de caramel au beurre salé. Vous vous sentez transportés dans un jardin, en début d'été, chez votre grand-mère, peut-être ?

Lorsque vous portez le vin en bouche, vous n'avez pas du tout l'impression de boire quoi que ce soit. Vous avez juste l'impression qu'un voile de douceur envahit progressivement votre palais. Pour finir par vous immerger totalement dans une atmosphère où la rose est reine. Mais pas une reine puissante, dominatrice. Mais aimante, douce, réconfortante. À ce moment précis, vous ne pouvez qu'imaginer que le monde est Amour. Car le moindre geste de haine, de violence, parait tellement insensé, à l'opposé de ce que vous éprouvez ici et maintenant. 

Et puis cette douceur se fait liquide lorsqu'elle descend dans votre gorge. Il vous reste longtemps en bouche ce goût de pétale de rose, vous rappelant cet instant unique. Autant dire qu'il n'est pas question de vous faire un p'tit café, de boire un verre de schnaps ou de fumer une Gitane Maïs. Ce serait péché. Par contre, vous êtes libre d'embrasser toutes les personnes que vous croiserez afin de leur transmettre un peu de l'amour qui vous a envahi. C'est cela, la Flower power !


lundi 21 octobre 2013

Les becs fins : tout d'un grand... sauf le prix !


Tardieu-Laurent, ce fut longtemps le duo Michel Tardieu et Dominique Laurent qui proposaient une très large gamme, de la Bourgogne jusqu'au sud du Rhône. Leurs chemins se sont désormais séparés. Même si le navire n'a pas changé de nom, il n'a plus qu'un capitaine  : Michel Tardieu (qui continue à faire du consulting avec l'œnologue Philippe Cambie).

Cela fait quelques années que la cuvée les becs fins est proposée sur notre site. Je ne l'avais dégustée jusqu'à maintenant. J'avais tort. Car, pour paraphraser Marguerite Duras* "je m'ai bien régalé".

C'est un assemblage de vieilles vignes de Grenache (60 ans) et de vignes de Syrah (30 ans) plantées sur des galets roulés du Gard. C'est certainement ce qui apporte de la profondeur à ce "petit vin" qui a presque tout d'un grand, hormis le prix (9,20 €). L'autre bon point, c'est qu'il n'a vu que de la cuve. Du coup, on a que du fruit, certes bien épicé, et c'est fort agréable !

La robe est pourpre sombre, dense.

Dès l'ouverture de la bouteille, le nez est expressif,  fleurant bon la framboise écrasée, la fraise confite, la cerise noire,  le poivre, le benjoin (=  ce qui donne au Papier d'Arménie son parfum inimitable) avec une touche cacaotée.

La bouche est toute en rondeur, avec une matière dense, charnue, fruitée, avec des tannins veloutés et  une belle fraîcheur sous-jacente. L'ensemble est parfaitement équilibré et gourmand.

La finale est soutenue, épicée, avec juste ce qu'il faut d'amertume pour lui donner de la niaque.

Un vin idéal pour une épaule d'agneau confite ou une belle côte de bœuf avec un rapport qualité/prix vraiment topissime.

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* plus exactement, c'est ce qu'écrivait Pierre Desprosges dans les livres d'or des restaurants en signant Marguerite Duras.

dimanche 20 octobre 2013

Bojonouvo 2013 : J -31...

Cette année, le beaujolais nouveau sera mis en vente le jeudi 21 novembre. Il est loin d'être encore en bouteille, mais déjà l'équipe de P-U-R nous en dévoile les premiers secrets...

La parcelle : 


située à Montmerond, au dessus de Lantignié, entourée de forêt et préservée de tout voisinage

Le raisin :


du Gamay noir à jus blanc, of course


Le bac :


Il en aura fallu 3 pour obtenir les 50 hl de Beaujolais Village nouveau

Les mesures :



1086 de densité, soit autour de 11,4% d'alcool probable

La cuve : 



remplie a 75 % pour avoir une couche de gaz de fermentation ultra protectrice

Le gadget Mc Gyver:



une petite plaque transparente sur la cuve pour voir le travail des levures en direct

LE travailleur de force :


Florian effectue un dernier pigeage  avant le décuvage

Le  vin  :


une robe fine et claire pour un primeur sans aucun intrant

Une année superbe en terme de qualité car

 ->très tardive

-> faible degré

-> niveau aromatique très fin





jeudi 17 octobre 2013

Traminer 2011 vis Versus Traminer 2011 liège : le comparatif !



Nous vous avions proposé il y a peu un comparatif entre deux bouteilles identiques, si ce n'est le bouchage - liège ou capsule à vis  - et nous avions pu constater que les vins contenus avaient évolué très différemment. Nous quittons la région de Saint-Chinian pour rejoindre le Jura et vous proposer la même comparaison sur le Traminer 2011 de Tissot, maintenant disponible sur le site en version capsule à vis et bouchon liège.




Première différence : ça ne prend qu'une seconde et aucun ustensile pour la version "capsule". Pour la version "liège", il faut vingt secondes si vous avez le tire-bouchon sous la main, un quart d'heure si vous ne vous vous rappelez plus où vous avez rangé ce p... d'engin !...



Deuxième différence : la bouteille. La version "liège" a une bouteille jurassienne classique, alors que la "capsule" a une forme "bourguignonne". J'imagine que cela vient du fait qu'il n'y a pas eu encore de bouteille jurassienne conçue avec un pas de vis. Ça viendra ;-)

Dès que vous passez le nez sur les deux goulots, vous percevez une différence flagrante entre les deux flacons : le "capsule" dégage une odeur de réduit alors que le "liège" a une odeur fruitée sympathique.



En versant dans les verres, on peut constater une couleur dorée un peu plus intense sur le "liège" (c'est subtil), ce qui est plutôt logique, le vin évoluant un peu plus rapidement.

Jeudi 17 h 

Liège : nez intense, mûr, riche, sur pêche, fruits exotiques, bubble gum (malabar). Bouche ample, ronde, charnue, au fruité généreux (nectar de mangue). Finale avec de la niaque et une  belle persistance sur les fruits jaunes

Capsule : nez discret, réduit. Bouche plus tendue, moins ample, avec une acidité plus saillante. Matière pure et élégante, très douce. Par contre, l'aromatique est proche (mangue, pêche). Finale plus amère, mais un peu moins longue


Jeudi 19 h 

Liège : nez intense sur l'ananas rôti. Bouche ronde, mûre, avec une belle tension  et une mâche calcaire montant crescendo jusqu'à la finale.

Capsule : nez toujours discret, mais beaucoup moins réduit. Apparaissant l'agrume confit avec une touche beurre fondu (lemon curd, quoi). Bouche droite, limite sévère, citronnée, avec un côté lame d'acier impitoyable. Le citron domine en bouche. Finale austère, minérale, avec une belle mâche

Jeudi 22 h (y a pas d'heure pour les braves)

Liège : Nez sur les fruits jaunes bien mûrs, avec des notes rôties/grillées. Bouche gagnant en onctuosité, mais avec toujours beaucoup de fraîcheur. Transition vers la finale plus fondue, mais suivie de près par un retour puissant, énergique qui vous met une grosse baffe. Impressionnant !

Capsule : nez très fin, frais, avec des notes exotiques (fruit de la passion, mangue) et d'agrume (ferait penser un Sancerre 2008) et toujours une touche beurrée/lactée. Bouche toujours aussi traçante, mais enrobée par une matière douce, aérienne, irréelle. Finale sur l'écorce d'agrume,  tonique,  explosive. Un régal de fraîcheur !

Vendredi 12 h00

Liège : nez plus fin, sur des notes d'agrume et de grillé. En bouche, s'il y a toujours de la rondeur et de la richesse, l'agrume ressort plus (écorce de citron confit). Finale savoureuse, saline, avec une fine et belle amertume.


Capsule : nez plus intense tout en restant fin sur l'écorce d'orange confite, avec toujours une note beurrée. Bouche tendue, avec une matière plus dense que la veille, mais avec un très beau gras. Longue finale très persistante.

Vendredi 17 h00

Liège : nez fin, minéral, entre pierre mouillée, fumée et citron, avec tout de même en arrière-plan de l'abricot mûr (miel, dit Eric R). Bouche ronde, pure, ciselée, avec un côté caillouteux/citronné, et une très belle finale saline/calcaire. A l'aveugle, je partirais sur Chassagne, voire Chablis.

Capsule : nez plus neutre, dominé par le grillé. Bouche plus ample, plus riche, avec une sensation de densité impressionnante, avec toujours ce grillé qui fait penser à du boisé. Du coup, avec toujours ces arômes de citron confit/beurre/grillé, je crois que je partirais sur un très beau Pessac-Léognan blanc.
 

Conclusion : les deux vins sont très intéressants et montrent un visage totalement différent du même vin. L'un est plus rond et généreux, l'autre est plus tendu et incisif. Il sera intéressant de refaire le test dans un an pour voir comment ils ont évolué.







Le roi est mort... Vive le roi !


Saint-Louis VII n'est plus. Mais ce n'est pas Saint-Louis VIII qui lui succède comme cela se ferait dans toute bonne monarchie. Mais Saint-Louis XI. Certains commentateurs vous diront qu'il était temps : il avait perdu le charme de sa jeunesse. D'autres au contraire trouvait que l'âge lui avait donné du charme. Les goûts et les couleurs...

Si dans l'histoire de France Louis VII était vraiment Saint, Louis XI avait tout du bad guy, même si la réalité semblait plus complexe que ça (il a fait beaucoup pour le pays, paraît-il). Mais chez Jean-Louis Denois, les Louis sont des Saints à chaque millésime. Car la vigne de Syrah à l'origine de la cuvée provient du Col de Saint-Louis, à la limite entre Corbières et Roussillon.

Saint-Louis XI a donc une robe pourpre sombre, limite opaque.

Il fleure bon les fruits noirs bien mûrs, l'encens, avec une touche d'olive noire et de fumée. Deux jours plus tard, des notes florales (violette) pointaient leur nez.

La bouche est ronde, veloutée, alliant densité et fraîcheur, avec un fruit très expressif. Energique, même. Pour résumer, un rugbyman avec une  veste en cashmere (car c'est puissant, mais rien ne dépasse).

Cela se conclut sur une belle finale sans dureté aucune, sur les fruits et les épices. Une véritable gourmandise. Signalons que le vin ne faiblira pas du tout dans les jours suivant l'ouverture. La dernière gorgée était même la meilleur. Ainsi, même s'il est bon dès l'ouverture, il sera encore meilleur si vous lui accordez une bonne aération.

Signalons un très bon rapport qualité/prix. Pour 10.90 €, y a du vin !


mardi 15 octobre 2013

Réchappée de l'enfer !...


Faut que je vous raconte. Mercredi dernier, j'animais donc un repas à Saint-Yrieix. J'avais prévu normalement de servir Montis Regalis. Par réflexe professionnel, j'ouvre les bouteilles au dépôt une heure avant de partir : lorsque je vois les bouchons DIAM'S, je me dis que je ne devrais pas avoir de souci... sauf que lorsque je mets le nez au-dessus de bouteille ... ça pue du goulot ! Je m'en verse un verre. Le problème est confirmé : ça schlingue. Entre l'oeuf et le chou pourris. J'ouvre la seconde bouteille : itou. Décision est prise immédiatement de retirer le vin de la vente, en attendant d'y voir plus clair. Et je remplace ce vin avec le Coteaux d'Aix blanc du Mas de Gourgonnier.

Vendredi, nous regoûtons, l'odeur s'est atténué, même si ce n'est pas encore top. Wait and see.

Mardi, Eric R ose s'en reverser un verre. Et là, miracle : nous retrouvons ce qui nous avait tant plus dans ce vin, avec peut-être encore plus de complexité : du fruit jaune bien mûr, et un côté confiserie qui rappelle l'enfance (bergamotte de Nancy), une bouche ronde et douce, avec un très bel équilibre évitant toute lourdeur (alors qu'on sent que c'est riche). Vraiment très bon ! Ce "miracle" a eu lieu sur les deux bouteilles.

Le vin était simplement dans une phase sévère de réduction qui s'est résolue avec une bonne aération (qui aurait pu être plus rapide en carafant). Ben oui, nous vendons des vins vivants. Cela peut parfois poser des problèmes, voire des réclamations de la clientèle. Mais nous l'assumons et préférons cela plutôt que de vendre des vins "morts-nés" souvent très ennuyeux. 

Il y a bien sûr un enseignement à en tirer : ne jamais juger un vin à l'ouverture et ne pas le jeter direct à l'évier.  Laissez-le s'aérer tranquillement : il y a une forte chance qui s'améliore (idem pour les vins qui "gazouille" : c'est la plupart du temps du gaz carbonique issu de la fermentation et volontairement laissé par le producteur pour protéger la cuvée. Un bon carafage – et éventuellement secouage – et il disparaît).

lundi 14 octobre 2013

Un chenin vers le paradis ?


Au XIXème siècle, le Chenin était l'un des trois cépages blancs les plus plantés dans le Lot sous le nom de Rouxalin.  Au début des années 90 ont démarré des expérimentations pour relancer la production de vins blancs de qualité : des producteur ont accepté de participer en plantant du Viognier, du  Mauzac, du Chardonnay, de la Muscadelle, du Sauvignon et du Sémillon. Trois cépages ont été préférés : Sauvignon, Chardonnay et Viognier. C'est en 2000 que le Chenin est testé à son tour. Il s'avère très convaincant. On le retrouve aujourd'hui sur de nombreuses propriétés : Clos Triguedina, Floressas, Mercues, le Cèdre... où il est en général commercialisé sous l'appellation Vin de pays du comté tolosan.

Avec ces pièces longuesFabien Jouves s'est prêté aussi à l'exercice, et ma foi, pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Le raisin a été vendangé tardivement, ce qui explique que le bébé pèse 15,5 % d'alcool  (et quelques grammes de sucres résiduels totalement imperceptibles). La magie du Chenin opérant, l'équilibre est là, et il est impossible d'imaginer une telle richesse.

La robe est d'un or vraiment intense.

Le nez est très expressif, sur la pâte de coing, la pomme rôtie au beurre (la "tarte au pommes à la cannelle" pour Eric R), le miel...

La bouche est de grande ampleur, riche et dense, et en même temps très fraîche, sans être jamais dominé par l'acidité (totalement intégrée). Un léger perlant apporte du peps qui booste l'ensemble. On retrouve aussi une mâche calcaire, avec cette impression de "bouffer de la craie".

Finale de belle intensité sur le coing et la marmelade d'orange, avec cette amertume typique du cépage, très écorce d'agrume. 

Un vin qui mériterait d'être placé en pirate dans une dégustation de grands blancs de Loire. Il pourrait faire sensation !


vendredi 11 octobre 2013

C'est la saison des Sepp !


C'est bien connu : lorsque l'automne pointe son nez et que le temps alterne chaleur et humidité, les Sepp poussent un peu partout, de l'Autriche jusqu'à la France. Nous en avons jusque dans notre entrepôt à l'hygrométrie particulièrement étudiée. Plus précisément deux variétés : le Sepp blanc et le Sepp rouge.



La robe du Sepp blanc (100 % Grüner Veltliner) est jaune pâle. Le nez donne l'impression d'avoir froissé sous les doigts des  feuilles de menthe poivrée et de sauge alors que vous vous trouviez dans un champ de citronniers en fleurs (enfin, en gros, quoi).

La bouche est fraîche, vivifiante, et en même temps très ample, aérienne, avec toujours cette aromatique végétale/poivrée.

La finale de belle intensité persiste bien sûr sur les mêmes notes.

Avec des huîtres ou un poisson grillé, ou encore mieux, des rables de lapin à la sauge, ça doit être tip-top ! Mais pourquoi pas zossi un carpaccio de cèpes crus ?


La robe du Sepp rouge (100 % Zweigelt) est pourpre sombre, mais translucide.

Le nez est assez discret, sur les fruits rouges/noirs (cerise, sureau) et une touche mentholée/épicée.

La bouche est ronde, fruitée, juteuse, aux tannins fins, veloutés. Le tout est très bien équilbré, finement poivré.

La finale est mentholée et épicée, avec un côté rafraîchissant.

Un vin "passe partout" qui pourra accompagner aussi bien une pizza qu'une viande grillée, une tome de brebis... et pourquoi pas une poêlée de cèpes ?




jeudi 10 octobre 2013

Encore une belle soirée étonnante, avec de beaux accords mets & vins


Hier soir, j'ai retrouvé la joyeuse équipe de Saint-Yrieix la Perche pour une soirée toujours aussi étonnante. On pourrait croire qu'ils commencent à s'y habituer, mais j'ai ce qu'il faut dans ma besace pour toujours les surprendre ;-)


Par exemple, servi avec des gougères à peine sorties du four,  Bulles de Syrah, une méthode traditionnelle en blanc de noirs 100 % Syrah. Un vin à la robe "or rose", au nez épicé et fruité, à la bouche dense et vineuse et à la bulle subtile, se concluant sur une finale épicée, limite poivrée, rappelant le cépage dont il est issu.


Avec une salade périgourdine, un vin ... provençal !

En effet, nous avons bu un coteaux d'Aix en Provence produit sur l'appellation Baux de Provence (mais qui ne peut en avoir l'appellation). Ce Mas de Gourgonnier  est composé de Sauvignon, de Grenache blanc et de Rolle (=Vermentino). Un vin à la fois rond et frais, très gourmand, sans aucun signe distinctif du Sauvignon (il faut savoir qu'il en contient). Il se mariait très bien avec les gésiers et le foie gras, apportant un côté rafraîchissant sans paraître jamais acide.


Dans les secondes qui ont suivi ma découverte de Chat fou, je m'étais dit : "celui-là, il faudra que je l'emmène à Saint-Yrieix !" Je me doutais en effet qu'il plairait à ses Gentils Membres. Ça n'a pas raté : plébiscite général pour ce vin très fin, aux tannins invisibles, avec ce qu'il faut de fleurs et d'épices. Il s'est bien marié avec une blanquette de volaille et son riz aux oignons caramélisés (et légumes croquants !).


Et voici le moment que je craignais le plus, car on était un peu plus borderline. J'ai osé leur servir le fameux Vouvray les Morandières 2004. Un vin déroutant, demi-sec, dominé par le coing confit et une touche d'encaustique, avec une acidité typique du Chenin. Je voulais le faire servir avec du parmesan et de la pâte de coing. La pâte de coing était bien là, mais ce fut de la vieille mimolette finement coupée, et ma foi, l'accord se faisait très bien. D'une façon générale, les convives ont apprécié, même si on les sentait un peu déroutés (mais c'est très bien : ils s'habituent les papilles à des choses de plus en plus "étonnantes").

Pour un superbe accord, je vous conseille cette recette de lapin au coing.


Allez pour les "achever", un accord d'anthologie, et surtout la découverte du fameux Don PX 1985. Un vin qui marque dans la vie d'un amateur, car il ne ressemble à nul autre : ce vin, issu de raisin blanc, est marron très sombre, ressemblant plus à du brou de noix qu'à du vin. Et il sent dans le désordre le caramel brun, la datte, la figue, le café, le pralin, etc. J'avais donné quelques indications au chef, et il nous fait un super dessert (avec figue, café, chocolat, noix) qui se mariait génialement avec. Un grand moment ! 

Voici deux recettes que j'ai faites dans le passé qui se mariait superbement avec ce vin :