vendredi 28 juin 2013

Pinot noir Denois : tu ouvres, tu bois !


Vous ne pourrez pas dire que nous ne sommes pas à votre écoute. Il y a quelques mois, nous avions eu un échange avec un client à propos du Pinot noir 2011 de Jean-Louis Denois. Habitué à cette cuvée dans les millésimes précédents, il ne s'y retrouvait pas vraiment, la jugeant trop boisé. Nous avions contacté le producteur qui nous avait répondu qu'il avait effectivement élevé ce vin en barriques, mais en faisant bien attention à ne pas trop marquer le vin en utilisant très majoritairement des barriques ayant déjà servi.

Nous nous étions alors dit qu'il fallait quelques mois pour que le boisé se digère, et l'avions indiqué sur le site.

Et puis, la semaine dernière, le client m'envoie un mail pour me demander si j'avais goûté ce fameux Pinot noir 2011. Non, toujours pas, lui ai-je alors répondu. Mais je vais le faire rapidement, promis. Le soir même, j'ouvrais une bouteille et lui envoyais un compte-rendu. C'est pas du service, ça ?

Bon, lorsque tu verses dans le verre, la couleur rubis/grenadine peut surprendre lorsque tu es habitué aux vins du Languedoc bien colorés. C'est du Pinot noir, quoi !

Le nez est d'un rare raffinement pour un vin de ce prix (8.40 €) : fleurs (pivoine, violette),  fruits frais, noyau, épices douces. Il me rappelle Viola odorata ou Orchis Mascula de Claire Naudin, si ce n'est que ces vins coûtent tout de même trois fois plus cher.

La bouche est toute aussi séduisante avec sa rondeur fruitée, ses tanins soyeux, quasi impalpables, et en même temps une belle allonge, tonique, fraîche. Le Pinot noir comme on l'aime !

La finale se conclut en finesse avec une légère mâche sur les fruits et les épices. C'est très bon, digeste, proche de la perfection formelle, avec un boisé parfaitement intégré.

Bon, ça, c'est le premier verre dans les dix premières minutes.

Vingt minutes plus tard, le boisé commence à faire son retour, d'abord au nez, puis en bouche. Pas violemment, mais on aurait tant aimé conserver le vin découvert dans les premières minutes. Deux heures plus tard, le boisé se fait encore plus prégnant, le plaisir diminuant d'autant. Le charme a totalement disparu.

Moralité : ce vin fait partie des vins "modernes" qui doivent être bus dès l'ouverture. C'est ni un mal, ni un bien : il faut juste le savoir. Il est donc plutôt à réserver aux repas de groupe, où chacun n'aura qu'un verre à boire. Il sera alors parfait et présentera un rapport qualité/prix assez génial. Mais il est à éviter s'il doit être votre vin de la semaine. Nous en avons d'autres en boutique qui feront mieux l'affaire (comme la Folle noire d'Ambat, par exemple, d'une résistance à l'air incroyable).


jeudi 27 juin 2013

Petite révolution à gauche...


Non, il n'y a pas eu de révolution dans l'échiquier politique français. On peut le regretter, ou non, mais le "grand soir" n'est pas pour demain... Notre révolution est beaucoup plus prosaïque mais pas moins essentielle : elle s'est déroulée en silence, sans faire couler la moindre goutte de sang, dans la colonne de GAUCHE de notre site.

Auparavant, il n'était pas possible d'avoir sur la même page l'ensemble des vins rouges, des vins blancs secs ou des effervescents, mais juste l'une des sous-catégories (vif et fruité, riche et structuré, etc.). Ces dernières ont été néanmoins conservées, car elles sont parfois bien utiles.

Quitte à tout bouleverser, nous avons subdivisé les rosés et les vins doux pour plus de lisibilité. Comme ça, d'un seul regard, vous pouvez avoir tous les rosés secs, tous les rosés moelleux, ou tous les rosés effervescents,  et ça évite bien des clics inutiles.

Itou pour les vins doux : auparavant, qu'ils contiennent 10 g de sucres résiduels ou 300 g, ils étaient tous sous la même bannière. Maintenant, vous avez des catégories demi-sec, moelleux, liquoreux et vins mutés. Cela devrait vous permettre de vous y retrouver plus facilement. 

Ne nous remerciez pas : ça nous fait plaisir :-)

mercredi 26 juin 2013

Le Jambon blanc, c'est excellent !


Cela fait déjà quelques années que Jeff Carrel exporte son savoir-faire en dehors du Languedoc-Roussillon. Si vous avez lu notre dernière newsletter, vous savez qu'il sévit aussi du côté de Chianti. Mais cela fait aussi quelques années qu'il travaille avec la famille Jambon en terre beaujolaise.

Je connaissais les différentes cuvées de rouge du domaine, mais pas le Beaujolais Blanc. Il faut dire qu'elle est relativement confidentielle puisqu'ils n'ont que 0.8 ha de vignes de Chardonnay. 90 % est vinifié et élevé en cuve, 10 % en barrique neuve. Ce qui permet d'apporter un boisé léger sans avoir recours aux copeaux !... La malo n'est pas faite pour garder de la fraîcheur.

La robe est jaune pâle

Le nez fin, m'évoque le bouton d'or de mon enfance (buttercup en anglais), et donc le beurre, l'amande fraîche, les fruits blancs juste mûrs (pomme, poire).

La bouche est  ronde, douce, fine, aérienne, avec une acidité imperceptible mais efficiente. Un très bel équilibre.

Finale dotée d'une très fine mâche, avec des arômes de  petit beurre (de mon enfance, toujours...)

Un très chouette vin à prix tout doux (8.00 €) qui sera parfait à l'apéro ou sur des Saint-Jacques juste poêlées.


mardi 25 juin 2013

Mon(t) Caume, c'est Dupéré Barrera


Ce vin aurait pu avoir l'appellation Bandol, puisque les raisins proviennent essentiellement de jeunes vignes de Mourvèdre de cette appellation, et sont vinifiés sur place. L'assemblage comprend aussi des vieilles vignes de Carignan, et un peu de Merlot. Tout est vinifié et élevé en cuve, afin d'avoir le maximum de fruit. On peut dire que c'est réussi. 

La robe translucide est entre le pourpre sombre et le violacé.

Le nez est bien mûr, sur la prune, la cerise noire, les épices (muscade, poivre) et une touche de cuir.

La bouche est ronde, charnue, aux tanins fins et  veloutés, avec des accents terriens. L'ensemble est harmonieux, équilibrée.

La finale est savoureuse, sans aucune dureté.

Un vin très agréable, idéal pour des grillades ou des salades d'été. Il ne gagne pas être aéré longuement ni à être servi trop chaud. Bon rapport qualité/prix (8.40 €)



vendredi 21 juin 2013

Morandes : retour à la "normale"


Sur le millésime 2010, les raisins des Morandes avaient été ramassés bien mûr, à un tel point que les levures furent incapables de transformer totalement les sucres contenus dans le moût. Il en résultait un vin demi-sec qui pouvait faire un peu penser au Morillon de Carrel.

Sur le millésime 2011, le climat s'est avéré assez différent. Du coup, le profil redevient plus classique. Les Morandes 2011 nous emmène même plus au nord que le Mâconnais : on penserait plus à un blanc de la Côte de Beaune. 

La robe est jaune pâle (alors qu'elle était dorée sur le 2010)

Le nez est sur les fruits blancs (pomme, poire), avec une touche d'agrume et de notes minérales (coquille d'huître, craie)

La bouche est droite, tendue, enrobée par une matière ronde et fraîche, formant un ensemble harmonieux et digeste.

La finale est nette, avec ce qu'il faut de salivant pour donner envie d'y retremper ses lèvres.

Un vin déjà très agréable aujourd'hui, et qui ne devrait que se complexifier dans les cinq ans qui viennent.

Pour l'instant, nous avons encore quelques bouteilles de 2010. Comme le profil est totalement différent, nous avons créé une nouvelle fiche produit pour le 2011 qui vient d'arriver. Vous pouvez donc acheter du 2010 et du 2011 pour pouvoir faire  vous-même la comparaison.

jeudi 20 juin 2013

Merci Monsieur Gaudry !

De temps en temps, je consulte Google Analytics pour voir la fréquentation du site, mais aussi d'où viennent les visiteurs. Et depuis quelques temps, certains venaient d'un blog de l'Express. J'ai pu finir par cibler plus précisément la date et le lieu et je suis arrivé ICI




Il a bon goût, ce François-Régis :-) J'avais beaucoup aimé aussi cette cuvée toute en finesse, au nez très bourguignon, d'une buvabilité assez incroyable. J'en parle ICI et il est vente

mercredi 19 juin 2013

Champ d'Orphée : profondément exaltant !


Cela faisait un certain temps que je voulais goûter le vin de Stéphane Lucas. Précisément depuis qu'il avait écrit un très beau texte sur sa démarche sur le forum la Passion du vin (à lire absolument ICI). Avec cette belle vision du vin, on espère alors que le vin sera à la hauteur, ce qui n'est hélas pas toujours le cas (parfois, il y a des beaux discours, et puis pfffff...). En l'occurrence, ce Champ d'Orphée 2011 a dépassé toutes les espérances que je pouvais avoir sur ce vin. J'ai rarement ressenti un tel sentiment de jubilation depuis longtemps. Non qu'il soit d'une complexité folle ou qu'il ait une texture de rêve. Mais comment dire... Ce vin, c'est comme un joli rayon de soleil après des jours de pluie !

Ce miracle est d'autant plus grand à mes yeux que ce vin est un 100 % Braucol (ou Fer Servadou) qui n'est pas un cépage à la réputation très sexy : il donne plutôt des vins rustiques, fort en gueule, qu'il est préférable d'assembler à d'autres cépages pour tempérer un peu.
La robe est d'un pourpre intense et opaque (impressionnant !)

Le nez est tentateur, gourmand, sur la crème de fruits noir, légèrement lacté. Avec l'agitation, la prunelle apparaît, et le cacao, le poivre, la cerise noire...

La bouche est ample et douce, d'un velours profond, tendue par une superbe acidité parfaitement intégrée. avec un fruit d'une rare intensité. Vous avez l'impression d'être "contaminé" et de devenir le fruit vous-même.  ;-)

La finale est puissante, impétueuse – mais pas du tout agressive – avec toujours une fraîcheur hénaurme sur les fruits noirs épicés et des notes ferreuses /salines (minéral, quoi). Ce que c'est booonnn !!!!!!!!!!


Un chef d'œuvre d'équilibre, profondément jouissif, exaltant. J'adore !

Après une demi-journée d'ouverture dans une bouteille à moitié vide, c'est encore meilleur : plus riche, plus intense, plus complexe. Carafage conseillé donc.

Au bout de 24h, encore plus fondu, soyeux, tout en gardant cette niaque incroyable.




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dimanche 16 juin 2013

Absents pour la bonne cause

Nous sortons deux jours de nos entrepôts pour picoler nous imprégner des dernières tendances viniques dans les différents Off's de Vinexpo. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a l'embarras du choix.







Et puis aussi :

Renaissance des appellation,
 l'Union des Gens de Métier
Expression bio,
  Anonymousses...

Bref, le calvaire. Un bien dur métier que le nôtre...

vendredi 14 juin 2013

Anjou blanc Petit Princé 2010



Nous vous en parlions dans la Newsletter de mai :  nous avons fait rentrer le "petit frère" de l'excellent Ordovicien. Comme lui, c'est un Anjou blanc sec (donc issu de Chenin), mais il provient d'un terroir différent. Ici, pas de schiste noir qui apporte puissance, structure et notes fumées, mais des schistes roses et ocres qui donnent de la finesse et de l'élégance. Un autre monde

Le Petit Princé 2010 se prêtera a des mets à la chair plus délicate : langoustine, carpaccio de veau, cabillaud...

La robe est or pâle.

Le nez est sur la poire au sirop, l'ananas, avec une un touche de pâte d'amande et de fleur d'acacia.

La bouche est sphérique, pure, ciselée, avec une matière douce et aérienne, vous caressant le palais.

La finale se fait plus terrienne sur une amertume typique du cépage, prégnante, apportant de la niaque et de la persistance, sur des notes de cire d'abeille et d'écorce d'agrume.

Un très beau vin de gastronomie pour un prix raisonnable (11 €).


jeudi 13 juin 2013

Romorantin de Courtois : suprématie du cépage ou du vigneron ?


Le vigneron est-il au service des cépages ou les cépages sont-ils au service du vigneron ? C'est un peu comme l'histoire de l'oeuf et la poule... Toujours que l'on peut se poser la question en dégustant les vins blanc d'Etienne Courtois. Lorsque j'ai dégusté Or'Norm et Plume d'ange, j'ai bien eu du mal à reconnaître le Sauvignon. Si je les avais dégusté à l'aveugle, je serais probablement parti sur du Chenin. Si j'en reparle aujourd'hui, c'est que je me dis la même chose  sur son Romorantin  : on dirait du Chenin ! Or, ces trois cépages ne se ressemblent pas vraiment, et ne sont pas liés génétiquement (le Romorantin est apparenté au Chardonnay). 

Du coup, on a tendance à se dire que la patte du vigneron a plus d'influence que celle des cépages. Les trois vins cités sont avant tout des Vins de Courtois, le cépage étant finalement au service de l'expression du maître des lieux. Ce n'est ni bien, ni mal. Je pense d'ailleurs que la plupart des fans de Courtois aiment simplement ses vins, pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils expriment, en ne pensant que très vaguement aux cépages utilisés. 

Venons-en tout de même au sujet du jour : le Romorantin 2010 Lot 10 d'Étienne Courtois

La robe est d'une couleur dorée intense, lumineuse.

Le nez dévoile des notes de gelée de coing, de pomme séchée, d'encaustique... (rappelant les Vouvray de Lemaire-Fournier)

La bouche est tendue, acérée, mais bien enrobée par une matière douce et confortable, créant un contraste assez saisissant. 

Ce "confort" n'est que de courte durée : la finale est fougueuse, débridée, avec une astringence et une amertume (très Chenin) qui  confinent à la violence, mais une violence totalement consentie : celle qui vous fait du bien, vous libère en vous sortant de vos gonds, en disant m... au convenu, au viniquement correct. Paradoxe d'un vin signé Courtois ;-)



lundi 10 juin 2013

Pressoir romain blanc : juste LA classe...


Comme la cuvée Marie évoquée hier, j'avais bu il y a quelques années cette Cuvée du Pressoir romain, et je l'avais trouvée pour le moins déconcertante, pour rester poli. C'était pas vraiment "Love at first sight"...Vu cette première expérience pas vraiment concluante, je me demandais où je mettais les pieds en ouvrant cette bouteille du millésime 2011.

Rappelons que c'est un assemblage assez atypique de Rolle (=Vermentino), Ugni Blanc (= Trebbiano) et de Chardonnay, vinifié et élévé 8 mois en barrique. Même si le domaine n'est pas du genre à demander la moindre certification, il travaille en "bio" depuis toujours, n'utilisant que du soufre et de la bouillie bordelaise (et pas de désherbants).

La robe affiche une couleur dorée, rappelant le soleil provençal (dixit Eric R, dit "le boss". Eh oui, comme Bruce S.)

Suit un nez de ouf  : muscat confit, orangette, ananas, vanille, épices, une touche de résine (vin grec en moins hard) avec une belle fraîcheur végétale, entre menthol et eucalyptus.

La bouche est ample, douce, presque suave, avec une acidité fine, racée,  et un très léger gaz apporte juste ce qu'il faut de peps. L'équilibre entre richesse et fraîcheur est vraiment parfait (pas acide, pas lourd).

La finale se conclut sur une belle amertume expressive et gourmande, sur des notes d'agrumes et de fruits exotiques. Un régal !

Un vin vraiment classieux mais pas hautain, qui plaira à tous les publics et réconciliera certains avec les blancs du Sud-Est, au rapport qualité/prix souvent désastreux. Là, pour 13.60 €, il y a du vin !

Elle est bonne, la Marie !...



Voici ce que j'ai envie de crier en découvrant le la Cuvée Marie 2011 du Clos Uroulat. Il y a quelques années, j'avais eu l'occasion de déguster des millésimes plus anciens ; je trouvais le boisé un peu trop soutenu. Il fallait au minimum 5 ans pour digérer l'élevage. Apparemment, il y a eu une remise en cause à  ce sujet, car la barrique se sent à peine sur ce vin.

La robe est d'un beau doré, avec des larmes coulant sur la paroi du verre

Le nez est fin, sans exubérance, sur le zeste d'agrume (pomelo), le fruits de la passion, le beurre frais, avec une touche d'ananas et de vanille. On ne partirait pas forcément en Jurançon, souvent plus exotique ou truffé.

La bouche est de belle ampleur, alliant rondeur et fraîcheur tonique, avec une acidité fine et traçante. Une subtile astringence titille les papilles, renforçant l'appétence de ce vin.

Belle finale persistante sur une noble amertume évoquant l'écorce de pomelos rose, arômes inclus, à laquelle s'ajoutent quelques discrètes notes d'élevage (beurre vanillé).

Nous sommes plus face à un coureur de fond qu'à un sprinter. S'il est déjà plaisant aujourd'hui, il devrait être superbe dans 4-5 ans. 

Chénas les Carrières


Nous étions à la recherche de nouveaux crus de Beaujolais à des prix corrects, et si possible en bio. C'est l'un de nos vignerons qui nous a guidé vers Paul-Henri Thillardon. Nous lui avons fait confiance et acheté pour l'instant deux de ses références, histoire de voir si nous aimons ... et si vous voulez nous en acheter ;-)

Nous nous sommes lancés vendredi midi sur sa cuvée la plus légère, les Carrières, issue de vignes sur sables et alluvions.

La robe est pourpre sombre, aux reflets violacés.

Le nez est super gourmand, sur la cerise, la mûre, la prune, le noyau, les épices...

La bouche est  ronde, pulpeuse, veloutée, avec une fine acidité légèrement saillante qui tend et étire le vin, et lui apporte de la fraîcheur.

La finale est savoureuse, tonique, avec une fine mâche, sur des notes de cerise/noyau/épices

À noter que le lendemain,  l'acidité s'est totalement fondue dans l'ensemble. L'ensemble gagne en fruit, en gourmandise et en densité tout en ne perdant pas la fraîcheur (carafage recommandé si vous voulez le boire le jour-même).

Le sur-lendemain, il était encore meilleur :-)

Un vin intéressant, donc, qui nous semble une bonne introduction à un cru peu connu : Chénas.


vendredi 7 juin 2013

Initiation aux rosés


Mercredi soir, je faisais mon animation mensuelle (voir ICI l'épisode précédent) à Saint-Yrieix autour des vins rosés, histoire d'achever le cycle des couleurs (blanc-rouge-rosé). L'idée était de présenter cinq rosés très différents les uns des autres, tout en expliquant les process de vinification.

Mon support de cours était ni plus ni moins celui que je vous avais exposé en septembre dernier (séance de rattrapage ICI). Je lui avais juste rajouté les fiches techniques des différents vins.

Nous avons attaqué à l'apéro avec Ribambulles, une méthode ancestrale élaborée dans le Forez à partir du cépage Gamay. L'occasion d'expliquer la différence entre une méthode ancestrale et une méthode traditionnelle. La première donne un vin plus léger et plus doux, ce qui lui permet d'être bu aussi bien à l'apéro qu'avec un dessert aux fruits (où elle est beaucoup plus à l'aise qu'un champagne) ou à 4 heures au bord de la piscine. Ribambulles a une jolie couleur "pétale de rose" qui a plus beaucoup aux dames. 

Le vin a été servi avec du melon présenté en petites brochette. L'accord était sympa, la mise en bouche et le vin se bagarrant pour savoir lequel était le plus rafraîchissant. 'videmment, c'est comme à l'école des Fans, tout le monde est gagnant, y compris le portefeuille, puisque la bouteille se négocie à moins de 10 € (enfin, façon de parler. Il n'y a même pas besoin de négocier pour l'acheter à 9.60 €. Par contre, si vous voulez l'acheter moins cher, il faudra effectivement négocier...)



Nous sommes ensuite passés à un prototype de rosé de pressée : le Côtes de Provence "En Caractère" des Dupéré-Barrera. J'ai expliqué que ce rosé était produit comme un vin blanc si ce n'est qu'il est issu de raisins noirs comme le Mourvèdre ou la Syrah. Le résultat est qu'il peut avoir les épices d'un vin rouge sans en avoir les tannins, ce qui est bien pratique pour l'accorder avec certains plats à base de tomate, d'ail, de poivrons, d'oeufs, de poisson, de safran...

Avec le plat préparé par le chef, l'accord était assez incroyable : le vin était sympa et rafraîchissant avant d'en prendre un première bouchée. Dès que vous commenciez à manger, le Côtes de Provence gagnait en présence d'une façon assez incroyable : de la droiture, de la puissance, des épices... Il devenait un vin de gastronomie à part entière, alors qu'un rouge aurait sacrément souffert, et que beaucoup de blanc aurait déclaré forfait. Pour beaucoup (dont moi), ce fut LE vin de la soirée, avec là aussi, un prix très raisonnable au vu de la qualité : 9.90 €.


Le vin précédent se serait bien plus avec ce "poulet à la provençale", mais il fallait passer au suivant. Nous changions totalement de registre avec le Chante-Coucou rosé d'Elian da Ros 2010. La couleur passe au rouge grenadine mâtiné de fuschia. La couleur est celle d'un rosé de saignée (en fait 20 % de saignée - Cabernet et Merlot -  et 80 % de saignée : Malbec, Abouriou et Syrah). Et en bouche, cela ne ressemble plus du tout à un vin blanc : c'est beaucoup plus aromatique (fruits rouges) et épicé, avec un côté très vineux. Ce vin a beaucoup plus divisé l'assemblée. Il faut dire que contrairement au vin précédent, il n'a pas été sublimé par le plat, un peu trop neutre pour lui. Il aurait gagné à faire face à des travers de porcs laqués et bien épicés : c'eût été alors un  combat de titans auquel j'aurais bien assisté.Bref, vous l'aurez compris : ce vin mériterait une seconde chance, car il a vraiment un joli potentiel et l'acheteur en a pour son argent (8 €).


Le vin suivant était super casse-g... car j'ai osé présenter un Cabernet d'Anjou 1979 du Domaine de Bablut. Je m'étais dit que ce serait sûrement la première fois de leur existence qu'ils boiraient un rosé de 34 ans !!! Je ne m'étais pas trompé. Après, il fallait tout de même que ça leur plaise... La couleur était séduisante sur un côté vieil or rose/vermeil. Par contre, le nez entre encaustique, vieille chartreuse et épices pouvait décontenancer. Idem pour la bouche, moelleuse sans être sucrailleuse, étirée par l'acidité toujours vaillante du Cab'Franc. Mais j'avais mon arme secrète : la vieille mimolette ! Certains convives qui n'avaient pas accroché avec le vin seul l'ont adopté définitivement avec le fromage. Comme quoi, un bon accord change tout. Ceci dit, je mentirais si je disais qu'il a plu à tout le monde. Beaucoup ont été déroutés, un peu comme beaucoup de novices face à leur premier vin jaune (moi le premier : je me rappelle avoir ramené mon premier Château Chalon à mon caviste en lui disant que ce vin avait un problème... LOL)


J'avais demandé au chef  qu'il me prépare un dessert aux fruits rouges pour le vin suivant, le Pink Fluid 2012 de la Grange aux belles. Comme tout chef qui se respecte, il est un peu têtu, et a servi ... une glace au café ! Autant dire que l'accord était ... bizarre, on va dire. Bu avant le dessert, le vin paraissait un peu maigre après l'accord précédent. Et avec, c'était carrément pas ça. Bref, LE bide de la soirée. Ce qui n'a pas empêché qu'un convive m'en achète 6 bouteilles. Ca m'a mis du baume au coeur, j'vous jure :-)


La soirée à bien plus à tout le monde. C'est le principal !


mercredi 5 juin 2013

On en fait de belles choses avec les Moyens du bord !



Marc Houtin et Julien Bresteau ont crée en 2008 Les Moyens du Bord, le petit frère de Fragile. Sont concernées les premières grappes de Chenin vendangées. 2008 ayant été un millésime compliqué, ils ont fait "avec les moyens du bord" ... 2012 n'a pas été une année simple non plus, mais ils s'en sortis haut la main, avec une vendange bien mûre qui a su garder son acidité. Après la fermentation (sans levures exogènes), le vin est élevé six mois en barriques usagées.

La robe est d'un joli doré.

Le nez ferait penser à un vin doux avec ses parfums de frangipane, de miel et de poire confite.

La bouche a une attache nette, tendue, mais les angles s'arrondissent vite avec une matière ample, généreuse,   limite moelleuse (tout en n'étant pas du tout sucrée).

La finale se conclut sur une belle amertume typique du Chenin, sur des saveurs exotiques (ananas).

Un vin au superbe rapport qualité/prix (8.00 €) qui conviendra aussi bien à l'apéro qu'avec des crevettes ou un poulet thaï, un chèvre affiné ou une tarte aux fruits.


Quand la vieille mule se parfume à la cerise noire et au cacao


Voici la version rouge de la vieille mule, 100 % Grenache noir, avec comme la version blanche, le gaz résultant de la fermentation, ce qui donne un léger perlant. On peut trouver ça sympa ... ou non. S'il vous dérange, il suffit d'agiter la bouteille (en la bouchant avec le pouce et en libérant le gaz régulièrement) ou de la carafer quelques heures. Après avoir testé la version avec ou sans gaz, je préfère nettement sans. Enfin, "c'est vous qui voyez", aurait dit le grand poète Régis Laspalès.

La robe est rouge sombre aux reflets violacés.

Le nez est pimpant, sur la crème de mûre, la tarte aux cerises noires, avec une touche de cacao et de cannelle.

La bouche est toute en rondeur, avec un fruit intense (cerise noire, toujours), avec une matière juteuse et  veloutée (enfin celle-ci est surtout perceptible sans le gaz).

La finale est mâchue, gourmande, avec une sensation de cacao en poudre

Ira aussi bien en apéro avec ses p'tites bulles qu'au dessert au chocolat sans.



mardi 4 juin 2013

Une vieille mule...très tonique !


Il faut le dire : on est ici en décalage total entre le nom/look du produit et ce qu'il contient. Car à la dégustation de cet assemblage macabeu/grenache/muscat, on pense plus à un poulain fougueux qu'à une vieille mule. Mais Poulain, c'était déjà pris par un fabricant de chocolat. Va pour vieille mule ;-)

La robe est jaune pâle, brillante.

Le nez est finement aromatique, avec des notes muscatées, d'herbe fraîchement coupée et de yaourt à la pêche. 

La bouche est ronde, fraîche, tonique, avec une belle tension amenée par le gaz carbonique volontairement laissé, et une petite touche de verdeur bienvenue. Le fait qu'il n'y ait que 20 % de muscat évite le côté vite obsédant de ce cépage.

La finale est dynamique, très aromatique, sans la moindre sucrosité, avec une bonne persistance

Un joli vin d'apéro qui devrait plaire autant aux messieurs qu'aux dames, mais qui ira aussi très bien sur des  plats exotiques (ou desserts à la pêche ou l'abricot).

lundi 3 juin 2013

Rézinet : résistant dans l'âme



Issu de la seule parcelle de vieilles vignes qui a résisté à la grêle d'août 2012, Rézinet  est plus puissant et concentré que l'habituelle Volcanique (qui ne sera pas produite cette année). En terme de puissance et de structure on doit s'approcher des Beaujolais les plus structurés, style Moulin à Vent, et il est fort à parier que ce vin à la matière pour une longue garde. Mais cela ne l'empêche pas d'apporter du plaisir dès maintenant.

La robe est d'un pourpre profond, intense.

Le nez est expressif et affriolant sur la gelée de fruits noirs, avec une touche de prunelle et de poivre

La bouche est  ronde, charnue, avec une légère accroche due à sa grande jeunesse, et un fruit très intense, gourmand et frais.

La finale est marquée par les fruits noirs et les épices, avec une belle mâche vigoureuse. Y a du vin !

Laissé à l'abandon durant 5 jours, il s'avère encore meilleur au bout de ce laps de temps : le nez devient très floral (pivoine, tubéreuse) et la bouche gagne en douceur et en profondeur. Il ne présente aucun signe d'oxydation. Résistant, on vous dit ;-)