mardi 30 avril 2013

Chant de la Tour : classe !



Ce n'est pas très courant, mais l'on peut trouver du Pinot Noir dans le Mâconnais. Céline et Laurent Tripoz  ont planté cette parcelle en 2001 alors qu'ils avaient démarré leur conversion en bio. Elle n'a donc jamais vu l'un des ces z'orribles pesticides. 

De même, cette cuvée Chant de la Tour 2011 n'a vu que très peu de soufre, puisqu'elle n'en contient que 20 mg/l (en total) +10 mg/ rajoutés à la mis en bouteille. Elle n'en reste pas moins d'une grande pureté : aucune déviation à l'horizon...

La robe est d'un joli rouge rubis translucide

Le nez est tout en finesse, sur la griotte, la framboise, la rose et une pointe d'épices.

La bouche est sphérique, au fruit éclatant, avec une matière délicate, soyeuse, étirée par une acidité fine et tonique.

La finale est finement mâchue, sur des notes de cerise aux épices, ramenant une note un peu terrienne. Très revigorant !

Un joli Bourgogne qui n'a rien à envier à ses cousins de la Côte d'Or !


dimanche 28 avril 2013

Vouvray la Coudraie 2004 : très beau !


J'avais fait un accord d'anthologie avec le Vouvray les Morandières 2004 du défunt domaine Lemaire-Fournier. Je me demandais ce que pouvait donner l'autre cuvée du domaine, la Coudraie. Eric R. m'avait dit qu'elle était oxydative. Je m'attendais donc à un truc un peu bizarre (mais j'ai l'habitude, hein).

Allez, j'ouvre, on verra bien...

Déjà la robe est superbe : de l'or en fusion aux reflets cuivrés.

Le nez n'est pas si zarbi que que ça : il sent intensément la pomme tapée, le baerewecke et la gelée de coing, et puis un peu la fleur tilleul qui sèche au soleil (souvenir de vacances chez ma mémé de Bagnères de Bigorre). Un nez de chenin bien mûr et évolué. Mais pas oxydatif, à mon sens.

La bouche est d'une belle ampleur, tapissant le palais d'une matière douce (dans le sens pas agressif, car il n'y a pas de sucre) fine et généreuse, avec ces arômes de coing à la limite de l'obsédant. Et une superbe amertume qui monte crescendo jusqu'à la finale , puissante, expressive,  très persistante sur des notes de coing,  de pomme séchée et d'épices.

Un très beau vin à partager plutôt avec des amateurs de vins typés car il est vraiment hors norme, mais franchement épatant... pour un prix encore plus épatant : 8.10 € (ridicule, hein ?)


Lorsqu'on a un vin de ce niveau, c'est dommage de se l'écluser juste avec des P'tits Tucs. C'est bon, mais il mérite mieux. C'est plus trop la saison des coings, mais on trouve encore des bonne pommes sur le marché de mon village. 

J'ai en fait un "curriz". J'ai d'abord fait revenir des blancs de poireau (j'avais plus d'oignon) dans une poêle avec un de beurre, et je les ai laissés fondre doucement à couvert. Puis je les ai déglacés avec du Rivesaltes ambré jusqu'à les caraméliser. J'ai ajouté quelques pommes en quartier, une belle giclée de Rivesaltes et du curry, un peu de bouillon de volaille, et j'ai laissé mijoter tout doucement. 

Parallèlement, j'ai fait cuire du riz avec mon four vapeur (1ère fois que je tentais : extra), et je l'ai rajouté à mon premier mélange, et j'ai remis à feu très doux trois minutes, le temps que tout s'intègre bien.

Le mariage avec le vin était vraiment extra. On avait l'impression qu'ils étaient potes depuis toujours ;-)

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vendredi 26 avril 2013

Enfin une bonne raison de regarder la télé !

Pas souvent que je recopie un communiqué de presse, mais là, ça me paraissait intéressant :


"On entend beaucoup parler de vin bio ou de biodynamie. Avec un sens très positif ou très négatif selon qui en parle. Au-delà des querelles partisanes, au-delà également des effets de mode, nous avons cherché à comprendre ce qu’il y avait derrière ces notions. Qu’apportent réellement ces pratiques apportent au vin ? Pour commencer, Vincent Masson, de Biodynamie services à Château en Saône-et-Loire, définit les différences entre la viticulture biologique et la biodynamie. Puis ce formateur nous détaille les principes de la biodynamie et sa pratique concrète. 

Pour compléter son propos, Céline et Laurent Tripoz, vignerons en biodynamie depuis une dixaine d’années à Loché près de Mâcon, nous apportent leur témoignage. Ils nous expliquent notamment pourquoi ils ont abandonné la viticulture conventionnelle, comment cela s’est passé et ce que ça leur a apporté, à eux et à leur vin.

Un reportage nous amène chez un vigneron qui veut aller jusqu’au bout d’une démarche vers plus de naturel. Vigneron en biodynamie depuis quelques années, Dominique Derain fait des vins «nature» ou naturels. Il nous montre ce que c’est, comment il fait ces vins, pourquoi et pour quelle qualité. 

Dans sa chronique, Lilian Melet nous explique pourquoi certains rejettent systématiquement les vins bio ou nature et nous dit s’ils ont tort ou raison. Il s’interroge également sur un éventuel phénomène de mode du «retour à la terre» ou «retour à la nature» en viticulture. 

Notre voyage à travers les métiers de la vigne et du vin nous amène dans l’imprimerie Combier-Koenig à la Chapelle-de-Guinchay en Saône-et-Loire. Après avoir découvert comment on crée une étiquette de vin, nous voyons comment on l’imprime. Quelles sont les techniques et les matériaux utilisés ? Et combien ce métier exige de savoir-faire, de patience et de doigté. 

Ce numéro nous fait également rencontrer 2 personnalités attachantes et incontournables du monde viticole bourguignon : François Desperrier et Aurélien Ibanez. En 2010, ils créent Bourgogne live, un blog sur le vin qui est aujourd’hui une référence en la matière. Le succès est tel qu’ils ont créé récemment leur société de production et viennent de réaliser le tout nouveau film du château du Clos de Vougeot. Ils reviennent sur leur parcours, leur motivation et comment, ne connaissant quasiment rien du vin il y a quelques mois, ils en sont aujourd’hui des acteurs majeurs. 

Enfin, Nicolas Tacquard, sommelier, nous dévoile tous les secrets du carafage et du décantage. Opérations un peu mythiques du service du vin, souvent utilisées à tort et à travers."

La video est visible en "replay" ICI

jeudi 25 avril 2013

L'Empreinte du maître



J'étais vraiment curieux de goûter cette nouvelle "petite cuvée" de Chardonnay de Stéphane Tissot, dénommée Empreinte (qui remplace la cuvée "Chardonnay" qui existait avant). Je m'attendais à un vin charmeur, gourmand, d'accès plus facile que la Mailloche ou Graviers, qui demandent souvent quelques années pour se révéler. Un peu dans l'esprit de son Chardonnay qu'il a vinifié et élevé pour les Caves de la reine Jeanne.

Alors, qu'est-ce que ça donne ?

La robe est d'un jaune intense, brillant.

Le nez est à la fois sauvage et civilisé au fil de l'agitation du verre : tourbe fumée, pomme rôtie au beurre noisette, croûte de comté, épices...

La bouche est ample, soulignée et tendue par une acidité fine et tranchante comme un rasoir à l'ancienne, avec une matière plutôt dense,  marquée par les notes tourbées /fumées, mais aussi de fruits blancs (pomme/poire).

La finale est affirmée et solide, intense en saveurs. On a presque l'impression d'avoir mangé un morceau de vieux comté de 36 mois (souvenirs émus...)

Bref, pas un p'tit Chardo à boire distraitement à l'apéro. C'est du sérieux où l'on sent l'empreinte sans concession du maître Tissot. Il l'a ainsi décidé : même le petit sera grand !

À réserver pour un homard grillé, un risotto aux fruits de mers, une viande blanche aux morilles ... et un vieux comté !

Ce vin ne devrait que s'améliorer et se complexifier dans les 5 ans qui viennent

mercredi 24 avril 2013

En caractère blanc 2010



Le beau temps revient doucement, accompagné d'une envie de vins de soleil, qui vous amènent comme un avant-goût de vacances au bord de la mer, l'odeur d'huile solaire en moins. 

En voici un qui vous évoque toute la Provence, au prix de vacances en camping à Bercq sur mer. Ne nous remerciez pas : on est là pour ça ;-)

Cet "en Caractère" est composé de 90 % de Rolle (Vermentino) et de 10 % d'Ugni Blanc (Trebbiano)

Il a une jolie robe jaune très pâle, à la provençale.

Le nez gourmand évoque la pâte d'amande, l'anis, avec une petite touche de beurre vanillé

La bouche est ample, presque grasse, avec une fraîcheur bien présente tout en restant discrète. Vraiment un bel équilibre !

La finale est très savoureuse, avec un retour "grave" de l'amande et de l'anis. Les papilles en sont toutes remuées....

À ce niveau-là, on s'attend à une addition sévère. Eh bien non : 8.80 € la bouteille. Vraiment un superbe rapport qualité/prix !



mardi 23 avril 2013

Un verre de sang pour se rafraîchir ?


…de Sang clair, bien sûr ! Ceux qui se demandent pourquoi un producteur a pu avoir cette drôle d'idée, allez lire ce que nous avions écrit sur sa cuvée Sang froid  ;-)

La spécificité de ce rosé, c'est qu'il est issu à 100 % de Tannat, ce qui n'est pas très courant. Le Tannat, c'est LE cépage de Madiran, qui donne des vins plutôt virils, parfaits pour accompagner la cuisine généreuse du Sud-Ouest. 

Dans la version rosée cela donne un vin avec beaucoup de fraîcheur, sans fruit exubérant, ni bonbon anglais.

La robe est couleur grenadine (ou sang clair ?)

Le nez évoque aussi la grenadine, avec une touche d'orange sanguine (ah ben oui, c'est sanglant aujourd'hui. Mais le titre avertissait les âmes sensibles...)

La bouche est ronde, fruitée, fraîche, avec un très léger perlant qui titille la langue et une fine amertume (orange amère)  qui se prolonge en finale pour se marier avec une (positive) astringence. Un peu l'impression de boire un Schweppes, avec ce mélange d'agrume et de quinquina, le sucre en moins. Cela donne un vin vraiment désaltérant et tonic.

Je l'imagine bien avec des tapas (tomates confites, des piquillos, anchois...)








lundi 22 avril 2013

Vain de rû 2102 : y a bon !



Je poursuis l'exploration de la gamme de Dominique Andiran avec son "petit vin", le Vain de Rû. Nous n'avons pas le droit de le préciser sur le site, mais c'est un 100 % Colombard, cépage utilisé pour l'Armagnac produit localement, et popularisé par Tariquet.

La robe est d'un joli jaune, assez intense.

Le nez évoque le citron mûr, un peu beurré / lacté (le lemon curd, quoi) et les fruits blancs (pomme, poire)

La bouche a un beau volume, toute en rondeur, avec une fraîcheur désaltérante et une accroche délicieusement rustique.

La finale a une mâche plus imposante que Montis Regalis , mais cela lui apporte plus de gourmandise encore, et plus ce fameux Revienzy. 

À 6.70 €, ce vin est une belle affaire !


vendredi 19 avril 2013

Montis Regalis = montagne de régal ?



Comment ça, elle est pas bonne ma traduction ? C'est pourtant ce que j'ai ressenti en buvant ce vin généreux, autant en parfums qu'en matière. Bon d'accord, j'admets : cela veut du Mont du Roi. Ou Mont Royal. Un clin d'oeil à Montréal, l'un des "plus beaux villages de France" où habite le producteur, Dominique Andiran (dans le Gers, à deux pas du géant Tariquet)


Nous l'avions découvert aux Vins de mes amis à Montpellier, et nous avions vraiment passé un bon moment à son stand, avec des vins qui réussissent à être très originaux, sans jamais atteindre la bizarreté ou le déviant.

Ainsi donc, ce Montis Regalis 2011 (pardon 1102 !) qui est composé à 50 % de Chardonnay et 50 % d'Ugni blanc. Je ne connais pas trop les spécificités du second cépage, mais je n'aurais jamais parié un kopeck sur la présence du Chardonnay. Difficile de dire d'ailleurs ce que j'aurais deviné à l'aveugle, tant ce vin ne ressemble à nul autre.

Il a une belle robe jaune intense (mes photos ne lui rendent pas hommage)

Son nez est très expressif tout étant très aérien,  sur la pêche de vigne, la fleur d'acacia, et l'impression d'être dans une boutique de bonbons ! On a envie de plonger dans le verre.

La bouche est d'une grande ampleur, douce, caressante, avec une matière bien mûre, charnue (cette chair de pêche, si particulière) et équilibrée. Mais c'est surtout la jovialité et la générosité de ce vin qui sont appréciable. La bonne température doit tourner aux alentours de 12-13 °. Plus chaud, l'alcool va se ressentir un peu trop. Plus froid, le vin va paraître plus étriqué et perdre de sa gourmandise.

La finale évoque la pêche et l'abricot, avec une fine et délicieuse astringence qui vous donne envie d'en boire une autre gorgée, puis encore une autre... 

Sa personnalité joyeuse et fruitée en font plus un vin d'apéritif que de gastronomie. Il peut être tenté en dessert, avec un dessert aux fruits jaunes.

Le rapport qualité/prix est vraiment top (9.40 €)



jeudi 18 avril 2013

C'est écrit dessus, comme le Port Salut


Je suis allé le WE dernier au Champ des Treilles, mais nous y avons bu des vins du Champ des Soeurs. Petite séance de rattrapage, donc, pour vérifier la qualité du dernier opus de Corinne Comme : le Grand vin 2011


Ce vin est un assemblage de Merlot (60 %), Cabernet Franc (30 %), Petit Verdot et Cabernet Sauvignon (10%). Il est élevé dans des barriques d'occasion venant de Pontet-Canet (j'ai cru comprendre que son époux y travaillait...)

La robe est pourpre sombre, mais pas opaque.

Le nez évoque la mûre, le sureau, les épices, souligné par un très léger toasté.

La bouche est d'une bonne ampleur, fraîche, avec des tannins mûrs bien enrobés. L'ensemble est déjà harmonieux et digeste, et se boit très facilement. A l'instar de Pontet-Canet, on voit que les extractions sont de plus en plus douces, car il fallait auparavant plusieurs années de garde pour apprécier le Grand  Vin (voir la verticale que j'avais faite ICI).

Finale sur une mâche calcaire savoureuse, bien mûre, d'une belle persistance (fruits noirs et notes salines).

Un beau  Bordeaux classique, sans fard ni exubérance déplacée, qui peut être apprécié dès aujourd'hui sur une belle pièce de boeuf, mais devrait se complexifier avec les années.


Allez, une photo-bonus :


Corinne nourrissant les abeilles au miel

mardi 16 avril 2013

La folle est de retour !



Comme le dit Eric R., nos vins n'ont pas la régularité de Malesan ou du Baron de Lestac. L'effet millésime joue beaucoup. Nous avons dégusté hier le 2011 de la Folle noire d'Ambat : il s'avère très différent du 2010. 

Déjà la robe est moins sombre et moins violacée, même si elle ne ressemble à un Chambolle, hein !

Bonne nouvelle pour les gens pressés : le vin n'est pas du tout réduit. Il n'y a donc pas besoin de le carafer comme c'était nécessaire pour le 2010.

Le nez est très floral, sur la violette, relevé par quelques fruits noirs, le poivre et des notes ferreuses (la parcelle d'Ambat est très riche en oxydes de fer).

La bouche est ronde, avenante, avec des tannins civilisés, évoquant plus un Saint-Chinian sur schistes (Rimbert, Navarre) qu'un vin charpenté du Sud-Ouest. À souligner qu'elle a un profil plus tendu, avec une grosse fraîcheur, signature du millésime et du sol argileux. 

La finale a une mâche poivrée/épicée/fumée/florale du plus bel effet, qui devrait s'accommoder des grillades de l'été et de la tome de brebis.

A 7.50 €, cette folle s'avère toujours un très bon rapport qualité/prix.


Bourboulenc 2012 : la mer à boire !...


Je connaissais les Terres salées depuis 8 ans, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de goûter le "petit blanc" de la propriété, également à base de Bourboulenc franc de pied reproduit par marcottage. En effet, cet ancien marais salant est innondé par les eaux de l'étang de Fleury un mois par an, ce qui ôté toute velléité au phylloxera. 

L'avantage de cette cuvée par rapport à Terres salées est qu'elle ne voit que la cuve. Elle peut donc se boire de suite, alors qu'il faut attendre quelques années pour apprécier l'autre vin, le temps que le boisé se digère. Il  a par contre moins de puissance, car ce sont les vignes les plus jeunes qui sont utilisées ici.

La robe est jaune pâle, aux reflets verdoyants.

Le nez évoque le citron confit au sel, les embruns, la roche mouillée.

La bouche est éclatante, cristalline, avec un très léger gaz qui vous titille la langue, et une fraîcheur désaltérante bienfaisante avec ce premier soleil printanier.Cela se boit comme du petit lait.

La finale est "minérale" comme on dit, entre sel et cailloux, et toujours cette fraîcheur revigorante. La bouteille ne tient pas au-delà de l'apéro.

Ce vin doit être fabuleux avec les huîtres !!!

Un vrai Muscadet du Sud, avec une acidité moins agressive que son cousin du Nord.



lundi 15 avril 2013

La veille de la Saint-Jules... on va à Saint-Julien !


Il y a deux mois, Eric R. était passé dans le Bordelais et en avait profité pour acheter le 2009 du Domaine du Jaugaret. Celui-ci ayant du succès, nous n'en avions presque plus. Comme je devais me rendre à Pauillac pour une sympathique dégustation, j'ai fait un détour de 400 mètres pour me rendre dans un petit coin caché de Beychevelle. Heureusement que le chef m'avait donné les bonnes indications, car c'est introuvable (aucun panneau, flèche, etc...)


Pendant que Monsieur Fillastre encapsule les bouteilles et cloue la caisse, j'ai droit à mon verre de 2009. C'est rond, velouté, d'une belle densité, avec un bon goût de fruit mûr, sans aucune sensation de boisé. Un p'tit goût d'autrefois...


Je visite ensuite le chai. Vous avez ici l'ensemble des cuves ! Certains millésimes, comme 2012, il n'y en a qu'une qui sert. Le domaine de Jaugaret ne fait qu'un hectare et demi. Il comme il  fait du du 30-40 hl par hectare, faites le calcul...


Ici, trois millésimes reposent : le 2010 qui va être embouteillé sous peu, le 2011 et le 2012. Je déguste le 2010 en cours d'assemblage. Il est plus puissant et concentré que le 2009, avec une belle fraîcheur. C'est vraiment très bon !


Je déguste ensuite le 2012 sur fût. On est dans un registre plus léger, avec une grande fraîcheur. C'est assez typique du millésime, et devrait évoluer avec élégance. Il devrait plaire aux amateurs de Bourgogne et à ceux qui n'aiment d'ordinaire pas le Bordeaux ;-)


Pas de petit tour dans les vignes : le temps ne s'y prêtait pas...

Merci à M. Fillastre pour le sympathique accueil !


jeudi 11 avril 2013

Connaissez-vous le Zweigelt ?



Source : © AWMB / Oberleitner

Ce cépage autrichien est né en 1922 du croisement des deux autres grands cépages autrichiens : le Blaufränkisch et le Saint-Laurent. Il porte immodestement le nom de son créateur, le Doktor Fritz Zweigelt. L'idée était de trouver un cépage qui donne de la couleur aux vins autrichiens sans faire appel aux vins italiens. Ca a plutôt bien marché. Le Zweigelt s'est particulièrement développé ces vingt dernières années (+ 50 %) pour répondre à la demande de plus en plus grande de vins rouges.



Il a besoin de terres riches et profondes pour se développer. Ça tombe plutôt bien : cela correspond aux sols proches du lac Neusiedl que l'on appelle Tchernoziom (ça veut simplement dire "terre noire" en russe"). C'est là-bas que le domaine Sepp Moser a une "annexe" pour y produire ses vins rouges (ses blancs sont produits 50 km plus à l'ouest dans le Kremstal).


Cette bouteille de  Zweigelt Hedwighof 2011 est obturée d'une capsule métallique. Pas de quoi s'effrayer comme je l'explique ICI. Le producteur a juste 10 ans d'avance sur la France ;-)

Par contre, le vin étant embouteillé depuis peu, il a besoin d'une bonne aération. Un carafage de 2-3 heures lui sera profitable (même si au nez il n'est pas réduit).

La robe est pourpre sombre, imperscrutable comme disaient nos anciens.

Le nez est  intense, sur des notes de cerise noire, de mûre, relevé par quelques épices
(on a l'impression d'avoir le nez au-dessus de la marmite de confiture)

La bouche est pure, fraîche, avec une matière charnue, veloutée, "pétante de fruit". C'est gourmand en diable, sans avoir l'impression de commettre un péché. Alors que... 

La finale est friande, finement mâchue, sur les fruits noirs et le cacao. Top slurp, comme aurait dit l'Estèbe  (il nous manque, pour tout dire).



mercredi 10 avril 2013

Merci, Marc et Julien !


Lorsque vous avez des vignes de Sauvignon en Anjou, royaume du Chenin, qu'est-ce vous pouvez en faire ? Soit un blanc honnête vendu en VDP du Jardin de France. Ou une vendanges tardives vin moelleux en Vin de France. Marc Houtin et Julien Bresteau ont choisi depuis longtemps la deuxième solution, pour le bonheur de leurs clients.

Pour le nôtre aussi, car il n'existe que très peu de Sauvignon sous cette forme douce (il est souvent assemblé avec d'autres cépages, comme le Sémillon).

Pourquoi Merci ? Ce vin avait été fait la première fois pour remercier les personnes qui avait soutenu le projet Grange aux belles dans ses débuts. Finalement, ce vin est devenu un classique du domaine.

La robe est d'un or intense.

Le nez est fin et concentré : raisin confit, miel, cire, très léger toasté?

La bouche est fraîche et sphérique,  avec une matière bien mûre, finement grasse, parfaitement équilibrée par l'acidité

La finale est légèrement douce, mais sans impression de sucrosité. Elle réussit même l'exploit d'être désaltérante, donnant envie de servir un second verre.

Ca tombe bien, car il est possible de faire tout un repas avec ce vin : apéro, foie gras, volaille rôtie aux pommes fruits, fromage à pâte dure, dessert aux fruits...

Merci pour tout !


mardi 9 avril 2013

Oh Yeah : le monstre gentil



Encore un vin dont j'hésitais à parler à cause de cette foutue sincérité (c'est horrible d'être honnête). À l'ouverture, je trouvais ce oh yeah ! vraiment too much, sur des notes très mûres, lactées, grillées... Et puis une bouche dans le même esprit, très riche, opulente. Un peu trop, à mon goût.

Je le laisse donc durant deux jours sans y toucher, me régalant d'une Soif de loup, par exemple (là, on est  jamais dans le too much). Et puis je finis par y revenir, par curiosité. Et j'ai une bonne surprise. 

Le nez évoque la confiture de fruits noirs, le cacao, le menthol et les épices. 

La bouche ample, riche, dense, voluptueuse, avec des tannins mûrs et fondus, avec en arrière-plan ce "trait vert", signature du Cabernet-Franc, seul cépage qui compose cette cuvée.

La finale envoie bien, sans dureté, car la matière est bien mûre. C'est sûr qu'il ne faut pas servir ce vin à 20° en plein été.

Ce n'est pas un immense coup de foudre, mais il faut reconnaître que c'est sacrément bien foutu, que la résistance à l'air est impressionnante pour un vins sans sulfites (oui, il est à moins de 10 mg/l) et BIO de surcroît. Tout ça pour 6 €. On est dans l'imbattable.

Ce vin accompagnera parfaitement une côte de boeuf sur le barbecue – le beau temps va bien finir par arriver – ou un confit de canard l'hiver prochain. Un carafage est vivement conseillé, ainsi qu'un service à 16°.

PS : je l'ai encore regoûté deux jours plus tard : il tient encore sacrément la route, dévoilant d'autres facettes



lundi 8 avril 2013

Soif du loup : réveillez la bête qui est en vous !



La mode des vins ultra-concentrés a fait son temps. Celui-ci en est l'antithèse absolue et le prototype du vin de soif (de loup). On s'en doute déjà en le versant dans le verre. Sa robe légère et translucide pourra même déconcerter les consommateurs habitués aux vins noirs et opaques. 

Le nez est fin et frais, sur des notes de framboise, de violette, de zan, avec une touche sanguine (ça, c'est la ruse du producteur pour rendre les loups accro...)

La bouche est ronde, très aérienne, d'une finesse et d'une digestibilité rare. On a rarement autant ce sentiment de justesse, d'évidence, où tout est en place, équilibré, sans rien de trop.

La finale sans dureté, sur des notes sanguines, ferreuses, mais aussi framboisées, n'est pas d'une grande longueur, mais c'est ce qui incite à se replonger de suite dans le verre... Le loup est un grand charmeur qui s'ignore.


vendredi 5 avril 2013

la Folie : un vin de ouf' !!!



C'est un vin dont j'ai failli ne pas parler. À l'ouverture, je n'ai vraiment pas accroché. J'avais la sensation que le Petit Manseng qui compose cette Folie était totalement dominé par l'élevage : tabac blond, fumée, grillé... qui ne sont pas vraiment les arômes typiques de ce cépage.  En bouche, c'était riche, mais équilibré, mais pas d'une grande expressivité.

Bref, je ne me suis pas vraiment jeté sur ce flacon que je ne comprenais pas. J'en rebuvais un p'tit verre un soir sur trois pour voir ce qu'il devenait, espérant qu'un jour la chenille grise devienne papillon...

La métamorphose eut lieu au bout de deux semaines.

Le nez n'avait pas profondément changé : toujours ces arômes de tabac blond et de fumée, mais il y avait en plus de l'orange confite et de l'abricot sec.

La bouche était ample, riche, avec un beau gras, mais surtout une hénaurme fraîcheur vivifiante  conjuguée à une encore plus grande amertume, mais une amertume profondément jouissive : du concentré de jus de pomelo (oui, pomelo. Le pamplemousse, c'est immangeable). Jamais ressenti un truc pareil (en fait, si, en cuisinant : en faisant réduire "au sirop" du jus de pomelo rose. Quasiment copie conforme)

La finale est raccord : puissante, d'une intensité aromatique hors norme, et toujours ce couple acidité / amertume évoquant l'huile essentielle de pomelo. Géant !

Bon, ce n'est pas un vin de fillette que je conseillerais à tous. Faut aimer les sensations fortes, et pouvoir être dérangé sur ses certitudes sur ce que doit être un vin, car là, on est dans une quatrième dimension. Celle de la folie ?


jeudi 4 avril 2013

Faut-il avoir peur de la capsule ? Mais non...


Ceux qui achèteront des bouteilles de notre nouvelle gamme de vins autrichiens découvriront avec surprise qu'elles sont obturées par des capsules à vis et non par des bouchons classiques. Dans l'esprit de beaucoup de Français, cela fait un peu bas-de-gamme, alors que ce n'est pas le cas à l'étranger où l'on prend plus à coeur les problèmes liés aux bouchons.

Je dis bien les problèmes, car il n'y a pas que les TCA (TriChloroAnisoles) qui donnent le fameux "goût de bouchon". Il existe aussi les TeCA (TetraChloroAnisoles) et les TBA (TriBromoAnisoles) qui apportent des goûts de moisi ou de carton mouillé. À cela s'ajoute des défauts moins odorants, mais perceptibles en bouche : des vins sont déstructurés, avec beaucoup de dureté en finale, alors qu'ils ne l'étaient pas avant la mise (Didier Michaud de Planquette avait eu ce problème avec un lot de bouchons sur son millésime 2004). Le pire, dans ce cas-là, c'est que l'on ne soupçonne pas que le problème puisse venir du bouchon, car ça ne sent pas le "bouchon".

Et puis, le bouchon en liège est d'une certaine constance dans l'irrégularité. Si vous prenez deux bouteilles issues de la même caisse (conservées au même endroit) au bout de 5 ans, et que vous les ouvrez en même temps, il est très peu probable que les vins contenus aient évolué de la même façon. Car chaque bouchon  est légèrement différent d'un autre, avec une perméabilité plus ou moins importante. Certainement minime, mais au bout de plusieurs années, cela devient perceptible.

Ces différences sont certainement plus flagrantes dans les vins blancs, car un très léger défaut du bouchon fait de suite perdre la netteté, la pureté originelle que recherche le producteur. Cela explique certainement pourquoi ce sont les Alsaciens ou les Chablisiens qui se sont orientés en premier vers la capsule. Jacky Barthelmé du domaine Albert Mann explique parfaitement ICI pourquoi il a fait le choix de la capsule à partir de 2004.  Vous pouvez lire aussi cet article du magazine VITI de mars 2013.



Ce que beaucoup objectent à la capsule, c'est sa non-perméabilité à l'air. En fait, il y a moyen de la calibrer exactement à l'aide du joint. C'est le vigneron qui décide de son taux de perméabilité (alors qu'avec un bouchon en liège, c'est pour l'instant très aléatoire).



Le Château Margaux fait des essais en la matière depuis 2003. Une partie de son second vin, Pavillon rouge, est déjà bouché avec des capsules (ceux qui partent par ex. vers l'Australie ou la Nouvelle-Zélande). Et il fait aussi des essais sur son premier vin. L'année dernière, Paul Pontallier avait organisé une dégustation comparative à l'aveugle à Londres avec les différents système de bouchage. La capsule avait été préférée au bouchon sur le Margaux 2003 (par contre, la version "liège" du Pavillon blanc avait eu la majorité des suffages).

Bon, dieu merci, la plupart des vins bouchés au liège sont irréprochables. Certains vignerons ont même fait le choix du bouchon Diam qui garantit l'absence de TCA/TBA. C'est le cas de Laherte ou de Jean-Louis Denois.


Mais voilà, je tenais à vous dire dans ce petit article que la capsule, ce n'était pas le diable. Au contraire, elle témoigne de la volonté du producteur de garantir à ses clients une qualité constante. Je signale d'ailleurs que nous achetons, dès que cela est possible, la version "capsulée" de la cuvée Traminer de Stéphane Tissot.