dimanche 17 février 2013

Ah, Ramon', yé vois double !!!...


Cela faisait un bout de temps que je voulais faire un comparatif entre les deux "100% Aramon" que nous proposons sur le site. L'Aramon, c'est quoi donc ? C'est un cépage d'origine espagnol – importé par le marquis d'Aramon – qui a connu un siècle de gloire dans le Languedoc. Il devient populaire au moment de la crise de l'oïdium (1852-1855) car il s'avère plus résistant que les autres cépages (les mêmes raisons ont popularisé le Sémillon et le Merlot dans le Bordelais). Il présente aussi l'avantage d'être très productif à une époque où il n'y a jamais assez de vin à vendre. Les temps changent. Dans les années 50-60, il est de plus en plus délaissé au profit de cépages dits "améliorateurs", comme la Syrah et le Mourvèdre.

Mais contrairement au Carignan, il ne connaît pas de retour en grâce. Seuls quelques irréductibles persistent à entretenir ces vieilles vignes, souvent en faisant de très faibles rendements pour obtenir un vin de qualité. 

Sur votre gauche, donc, l'Aramon 2011 d'Emile et Rose, issu d'une vigne que Marcel Gisclard a achetée par erreur : il pensait que c'était du Cinsault ! Il l'a finalement adopté, ce bon vieux Aramon, et ma foi, non, il ne regrette rien. 

Sur votre droite, l'Art Amont 2009 du domaine Fons Sanatis, ou Senescal. Benoît Braujou fut probablement le premier à mettre en avant ce cépage. C'est d'ailleurs grâce à lui (et à un certain Eric R.) que je l'ai découvert il y a quelques années...

Bon allez, j'enlève les capsules, car l'idée, tout de même, c'est de les boire ;-)


Première surprise sur la bouteille d'Art Amon :
C'est de la mise artisanale faite à la boucheuse manuelle


Cela explique (peut-être?) les remontées que l'on a sur les bords du bouchon, sans étampage du domaine. Nous verrons que cela ne nuit en rien à la qualité du vin.

Les robes

À gauche Art Amon, à droite Aramon

-> les robes sont quasi identiques

Les nez

À gauche Art Amon, à droite Aramon


Art Amon : nez assez puissant, sur des notes fumées, goudronnées. Ca ne sent pas vraiment la réduction, mais je subodore qu'il y en a une. Elle sera d'ailleurs plus perceptible 30 mn plus tard (paradoxal, mais plus rien ne m'étonne).

Aramon : nez plus fin, mais beaucoup plus ouvert, sur des notes de fruits mûrs (framboise, myrtille), de fleurs et d'épices. Et puis tout de même une p'tite touche fumée.

Les bouches


À l'ouverture : bouche ample, avec une matière dense et charnue, aux tannins veloutés et une bonne fraîcheur. On peut lui reprocher un registre aromatique un peu austère, mais là encore, je subodore que Môssieur a besoin d'aération (c'est que conseille d'ailleurs Eric sur la "fiche" du vin) pour bien s'exprimer. La finale se conclut sur une jolie finale, sans dureté sur des notes de zeste d'agrume (amertume) et d'épices.

6 heures plus tard : le nez est presque plus réduit qu'à l'ouverture. Bouche identique.

24 heures plus tard : le nez est sur un cassis frais d'une grande pureté. La bouche est à l'unisson : un vrai "jus de fruit". La fraîcheur est plus éclatante, le velouté superbe. Un très beau vin que l'on imagine parfaitement avec une belle côte de boeuf.

31 heures plus tard : on est passé sur la crème de cassis. Le vin est peut-être plus charmeur, tout en ayant une sorte de droiture médocaine. On se régale jusqu'à la dernière goutte !



À l'ouverture : bouche plus ample, mais surtout plus fine et élancée que le précédent. La matière est moins dense, mais élégante et soyeuse, dominée par les notes fruitées. La finale se conclut sur une mâche savoureuse qui le rend encore plus irrésistible. Si je n'avais pas été conscient de l'importance de ma mission, je me serais fait la bouteille ;-)

6 heures plus tard : le nez est plus framboisé qu'à l'ouverture, avec toujours des épices. La bouche est aussi gourmande que le midi. Non... pas tout boire... grrrr....

24 heures plus tard : le nez est un peu éteint, comme s'il avait tout donné la veille. Par contre, la bouche est toujours aussi belle, peut-être un peu plus cristalline (non, pas aqueuse).

31 heures plus tard : le nez est désespérément silencieux et commence à contaminer la bouche. Si j'avais su, j'aurais tout bu hier, na !

Bon, vous l'aurez compris : ce vin, vous l'ouvrez, vous l'aérez un peu, et vous buvez TOUT. Il ne devrait pas y avoir trop besoin de se forcer. Avec celui-ci, j'imagine plus un poulet rôti ou un filet mignon en basse temp'.


Conclusion

L'on voit qu'avec le même cépage, des vignerons aux approches différentes obtiennent des vins tout  aussi différents. Alors que l'Aramon est un vin sur la finesse et la tension, l'Art Amon joue sur un registre plus terrien, avec une matière plus dense. J'avoue ne pas avoir de préférence pour l'un ou l'autre, alors comme Jacques Martin, je donne un 10 aux deux ;-)

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